Articles avec le tag ‘relations politico-mafieuses’

La bourgeoisie mafieuse a pris le pouvoir

Au mois de mars dernier, les agents de la Garde des finances ont arrêté Giuseppe Liga accusé d’association mafieuse et d’extortion ainsi que deux de ses complices qui géraient des sociétés pour son compte (des prêtes-noms). Giuseppe Liga serait le chef de la « borgata » (quartier) Tommaso Natale de Palerme et serait aussi le « capo-madamento » ; c’est-à-dire le chef de la circonscription mafieuse qui réunit au moins 3 familles mafieuses de San Lorenzo (cf. Un nouveau collaborateur de justice pour l’Etat italie)

Ce chef mafieux de 59 ans est architecte de profession, n’avait pas de casier judiciaire et était aussi secrétaire régional du Mouvement Chrétien des Travailleurs (organisation de solidarité fondée en 1972 et comptant 300.000 membres). Aprés de nombreuses filatures et écoutes, les  militaires de la Garde des finances  rapportent que le 2 juin 2009, lors de la campagne pour les élections européennes, le secrétariat du président de la région Sicile (Raffaele Lombardo lui aussi accusé d’association mafieuse) a téléphoné à Giuseppe Liga à 11h25. L’après-midi, les mêmes  filatures révèlent que le « boss » s’est rendu à la présidence du conseil régional entre 14h50 et 15h25 (voir les images dans la vidéo ci-dessous)

Cette arrestation confirme que la bourgeoisie mafieuse (cf. Droite Champagne, bourgeoisie mafieuse et banqueroute à Catane) a pris le pouvoir ; voir aussi

Pourquoi Renato Schifani est-il président du Sénat?

Procès en vue pour un membre de la bourgeoisie mafieuse?

Le livre pour les étudiants

Claude Ducouloux-Favard, avec « La mafia italienne (Des vergers d’agrumes aux marchés globalisés) », offre une publication intéressante. Ce livre, écrit à partir de sources italiennes et très explicatif, évite les lieux communs. Il est en outre idéal pour les lycéens (nombreux à me contacter) et qui font un TPE sur la mafia.

Pour en savoir plus : La mafia Italienne

PS : page 42,  Lucky Luciano est condamné pour proxénétisme est non pour fraude fiscale (confusion possible avec Al Capone.)

Prix de thèse

Le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), après réunion de son jury,

Gérald Arboit, Docteur en Histoire, directeur de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R),
Michel Bergès, professeur de Science politique à l’Université Montesquieu – Bordeaux IV, directeur du Centre d’Analyse Politique Comparée, de Géostratégie et de Relations Internationales (CAPCGRI),
Claude Delesse, Professeure d’Intelligence économique à Bordeaux Ecole de Management,
Eric Denécé, Directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), professeur-associé à l’Université Montesquieu – Bordeaux IV,
Claude Revel, ancienne élève de l’ENA, Professeure associée au CERAM  Paris, directrice de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R),

a décerné les prix suivants au titre de l’année 2009 :

Prix des thèses :
Fabrice Rizzoli, « Les mafias italiennes et la fin du monde bipolaire. Relations politico-mafieuses et activités criminelles à l’épreuve des relations internationales » (Cf; résumé et soutenance : Mafias italiennes et relations internationales)

Thèse de doctorat de science politique soutenue sous la direction du professeur Jacques Soppelsa, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, janvier 2009.

Pour en savoir plus :

12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993

Les services de renseignement italien et les mafias

12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993

La presse française s’enflamme (cf. Richard Heuze, le Figaro du 19/10/2009 : « Quand la mafia tentait de négocier avec Andreotti« ). Elle découvre que la mafia sicilienne a posé des bombes en 1992-1993 (cf. Bon anniversaire Giovanni) et dialoguer avec des politiciens pour obtenir leur faveur…. (cf. Leçon de communication mafieuse par Toto Riina). Ensuite, l’article ne dit pas que la Cour de cassation, dans sa décision du 15 octobre 2004 a condamné Giulio Andreotti pour le délit d’association mafieuse mais les faits (antérieurs à 1980) sont prescrits.

Le 12 janvier 2002, déjà, au cours  d’un colloque organisé au Sénat par l’association Démocraties, un « jeune » doctorant expliquait que la première République italienne mourante subissait des attaques mafieuses afin de faire pression sur l’Etat et sa nouvelle classe politique (cf. La Sicilienne rebelle).

Procès en vue pour un membre de la bourgeoisie mafieuse?

Les magistrats de la direction des enquêtes antimafias de Naples ont adressé une demande officielle à la Chambre des députés pour obtenir la levée de l’immunité de Nicola Cosentino, sous-secrétaire à l’économie dans le gouvernement Berlusconi depuis mai 2008 (Gomorra au gouvernement?). L’homme politique en question est le coordinateur du PDL (Parti du Peuple des Libertés, une coalition de divers partis de droite) pour la région Campanie. Pressenti pour être candidat au poste de président de la Région, Cosentino est accusé de complicité d’association mafieuse. Originaire de Casal di Principe (province de Caserta), Nicola Cosentino serait le référent politique du cartel des Casalesi (cf. Une victoire de l’Etat contre les Casalesi ). En tant qu’entrepreneur, Cosentino s’était longtemps vu refusé le « certificat antimafia », un document administratif qui  donne le droit de participer à des appels d’offre pour marchés publics. Le prêfet Elena Stasi lui a accordé avant de devenir députée du PDL avec le soutien de Cosentino.

Les mafieux, les entrepreneurs, les hommes politiques complices forment une « bourgeoisie mafieuse » : « Le système relationnel mafieux est composé de rapports de parenté, d’amitié, d’intérêt, de contiguïté et de complicité. Ce réseau s’affirme dans des conditions de développement comme de sous-développement économique. Ces relations composent un corps social hiérarchiquement organisé. Les catégories sociales les plus pauvres représentent le bassin de recrutement de la main-d’œuvre pour les mafias. Les sommets de l’organisation mafieuse sont capables de sceller un pacte scélérat avec les plus hautes sphères du pouvoir politique et économique, la haute société ». Le tout forme un corps social, un club privé, que le sociologue Umberto Santino qualifie de « bourgeoisie mafieuse » [Santino (Umberto), L’alleanza e il compromesso (mafia e politica dai tempi di Lima e d’Andreotti ai nostri giorni), éditions Rubbettino, Soveria Manelli, 324 pages, 1997, pp. 5-9.].

Les députés vont-ils voter pour la levée de l’immunité de leur collègue?


Leçon de communication mafieuse par Toto Riina

Au mois de juillet dernier, l’ancien chef de la mafia sicilienne, Salvatore Riina arrêté en 1993 et purgeant plusieurs peines  de prison à vie, sortait de son silence. Jamais « repenti », Toto Riina (en photo) a l’habitude de distiller de très courtes déclarations à l’intention de plusieurs déstinataires. Au mois de juillet, en pleine polémique provoquée par des nouvelles révélations concernant l’assassinat du juge Paolo Borsellino en 1993 (cf. l’agenda rouge de Vito Vespucci sur Italopolis), le plus meurtrier des mafieux déclarait : »Ce sont eux qui l’ont tué [le juge Borsellino], je suis fatigué de servir de bouc émissaire« .

1. Une phrase adressée à la population :

Elle veut dire assez explicitement « la mafia n’a pas tué le juge, nous sommes des hommes d’honneur persécutés par l’Etat italien »

2. Une phrase adressée aux complices de la mafia :

Le chef de la mafia sicilienne explique aux hommes d’affaire et aux politiciens qu’il peut à tout moment faire des révélations fracassantes contre ceux qui négociaient avec lui l’arrêt des attentats 1992-1993 contre des faveurs (cf. Bon anniversaire Giovanni). En effet, en 1992 et 1993 Cosa nostra sicilienne a posé des bombes  en Sicile, à Florence, à Milan et à Rome pour obtenir de la nouvelle classe politique l’arrêt de la lutte antimafia.

3. Une phrase en direction des affiliés de l’organisation mafieuse :

Quelque jours après cette déclaration, les magistrats, espèrant que Toto Riina pouvait aider la justice, se sont rendus en prison pour l’entendre. A la demande des magistrats de « parler », Riina leur a jeté un regard noir comme il en a le secret. En déclarant à la presse que le chef de la mafia n’avait jamais eu l’intention de collaborer, les magistrats, à leur dépens, ont relayé le message envers le « peuple » de Cosa nostra : « toute collaboration avec l’Etat italien demeure prohibé par la mafia» dixit Salvatore Riina qui signe là un coup de génie en matière de communication.

Toto Riina a toujours été un très grand communicant. Parfois, il faisait tuer ses ennemis en fin de matinée ou en fin de soirée pour que le meurtre soit repris en boucle par les journaux télévisés (cf. Violence programmée à Scilla en Calabre).

Une troisième amnistie fiscalo-mafieuse

Sur le site Italopolis (l’Italie à Paris ), retrouvez mon article évoquant le troisième « bouclier fiscal » adopté par le gouvernement italien.
Cliquez sur le lien suivant : Une troisième amnistie fiscalo-mafieuse

Bonne lecture

La Sicilienne rebelle

Voir "cinéma" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafiaCe samedi 12 septembre, l’association Anteprima (cliquez) nous conviait à une avant première, celle de « La sicilienne » de Marco Amenta, au Cinéma du Panthéon, 13 rue Victor Cousin 75005 Paris ainsi qu’à un débat riche de spécialistes (Fabrice Rizzoli et Claude Ducouloux-Favard).

Voir "femme et mafia" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia

Rita

Il s’agit d’un film sur Rita Atria, jeune sicilienne de Partanna (Province de Trapani) qui grandit dans une famille mafieuse. Son père et son frère, tous deux mafieux du clan Accardo, sont tour à tour assassinés en 1985. En 1991, Rita (en photo) décide de collaborer avec le magistrat Paolo Borsellino, en poste à Marsala. Au début, la jeune Rita témoigne pour se venger des assassins de son père et de son frère. On suit alors l’évolution psychique de cette femme qui veut d’abord se venger comme on le fait dans la mafia pour ensuite demander justice (et non plus faire « vendetta ») comme on le fait dans une société démocratique. On comprend la solitude que traverse les collaborateurs de justice qui vivent sous une autre identité coupés de leur racine mais sous protection de policiers dévoués (dont le plus proche d’elle sera assassiné). Au mois de juillet 1992, lorsque le juge Paolo Borsellino est à son tour assassiné, Rita perd sa dernière raison de vivre. Elle se suicide en se jettant de son appartement à Rome.

Voir "femme et mafia" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafiaLe film est aussi un film sur les femmes dans la mafia, ses femmes qui subissent ou participent à la mafia (cf. De la mafia calabraise, de la mémoire et des femmes et Pas de femme, pas de mafia (en photo la couverture du livre de Liliana Madeo « donne di mafia »). Le personnage de la mère qui transmet les codes culturels mafieux (loi du silence…) et qui dénigre sa fille parce qu’elle décide de passer du côté de l’Etat de droit. Un film sur la mafia à étudier en classe comme la bande dessinée Brancaccio (cf. Une BD pour comprendre le phénomène mafieux).

Voir "négociation" et "terrorisme" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia

Via d'Amelio

Une critique de vérité historico-mafieuse s’impose cependant. Le film laisse à penser que le juge Paolo Borsellino a été assassiné par le clan de Partanna contre lequel Rita témoigne. En réalité, des soldats aux ordres des Corléonnais (Toto Riina, Bernardo Provenzano et Leoluca Bagarella qui avait déjà éliminé le juge Falcone, cf. Bon anniversaire Giovanni) ont placé la bombe (en photo l’attentat). Il semble que les Corléonais qui commandait la mafia sicilienne ont agi avec l’assentiment de certains milieux politico-financiers qui voulaient changer de régime après l’effondrement de la Démocratie chrétienne. En 1993, la mafia sicilienne et ses complices poseront d’autres bombes à Florence, à Rome et à Milan.

Et, en 1994, un nouveau régime verra effectivement le jour…

Des machines à sous à la bourgeoisie mafieuse

Le 5 septembre 2009, les magistrats de la direction des enquêtes antimafias ont émis un nouveau mandat d’arrêt à l’encontre de Gioacchino Campolo, 70 ans, déjà emprisonné. Surnommé le « roi des machines à sous », il est accusé d’extorsion aggravée selon la méthode mafieuse. En compagnie d’un entrepeneur et d’un membre du clan Zindato-Libri de Reggio Calabre, il aurait imposé, par le biais de la menace, ses machines à sous à un commerçant de Reggio (vidéo de l’arrestation).

Gioacchino Campolo avait été arrêté en janvier dernier pour avoir transférer illégalement des valeurs. Le limiers de la garde des finances (en photos) le soupçonnent de blanchir l’argent sale des familles mafieuses calabraises. Le policiers avaient aussi arrêté l’épouse et le fils de cet « entrepreneur » confirmant que l’organisation mafieuse n’est rien sans son réseau de complicités, le tout formant une « bourgeoisie mafieuse » (cf. Arrestation au sein de la bourgeoisie mafieuse).

En janvier dernier, la police avait saisi provisoirement des biens dont la valeur est estimée à 35 millions d’euros de biens ; une quarantaine d’appartements, des terrains et deux maisons dont une à Rome et l’autre à Paris (cf Arrestation de mafieux en France, rien de plus…).
L’enquête avait aussi démontré des liens entre le « roi des machines à sous » et le monde de la politique. En juin, la magistrature avait déjà fait saisir d’autres biens (25 millions d’euros). Un des ses immeubles a servi de local de campagne pendant les dernières élections du maire de Reggio. Un des autres immeubles habrite le siège du tribunal d’application de peines de Reggio…

Au conseil municipal : « tous mafieux »

Au mois de mai 2009 le ministère de l’Intérieur italien a dissous le conseil municipal de Taurianova, une petite ville de la province de Reggio en Calabre. (le long de la mer thyrénienne dans l’arrière-pays de Gioia Tauro sur la carte) Le conseil municipal de Taurianova avait déjà été dissous en 1991, l’année de la mise en place de ce dispositif législatif qui permet de lutter contre les relations politico-mafeuses (les complictés entre élus et mafieux). En 2008 une commune proche de Taurianova a connu le même sort ( Le port-conteneur de la ‘Ndrangheta )

Lorsqu’un conseil est dissous, les citoyens ne retournent pas aux urnes immédiatement. En l’occurence, la commune est placée sous la responsalbilité de commissaires d’état venus de Rome pour les 18 mois à venir. Le ministre de l’Intérieur justifie cette décision : « le danger que les clans de la mafia calabraise conditionnement de la libre expression du vote est trop grand« . En effet, un rapport d’un commissaire enquêteur est sans appel :  » au sein de conseil municipal : tous ou presque sont mafieux!« . Au cours des élections municipales de 2007, le maire adjoint promettait des faveurs au chef mafieux de la zone, avantages qui ont tous été accordés depuis. En échange, le mafieux a activement participé à la campagne électorale. Il faut dire que le maire de la ville est le même que celui qui était en poste quand le conseil municipal fut dissous une première fois…

La commune aurait été très peu regardante en matière de constructions abusives de la part de citoyens ayant des liens de parenté avec la mafia. Par ailleurs, une des employés de la mairie a falisifé les rapports afin de montrer que des travaux publics étaient conformes à des appels d’offres publics alors qu’en réalité, ils ont tous été attribué à des sociétés dont les propiétaires sont proche du clan.

Régidé à partir des informations de Monica Centofante de http://www.antimafiaduemila.it/


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