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Italie : démission du président du Conseil
Publié pour la première fois au mois d’avril 2009
Le 1er avril 2011, l’Italie s’est réveillée dans l’effroi. Les journaux relataient que le président du Conseil s’était livré au parquet national antimafia. Au cours d’une déposition qui a duré huit heures, le président du Conseil italien a raconté que petit déjà, il tirait la manche de son papa dans une banque de Milan qui blanchissait l’argent des familles mafieuses (cf. Jeunesse et hérédité de Silvio Berlusconi).
Le président du Conseil a expliqué aux magistrats comment il a évité le service militaire, ce qui était encore inconnu à ce jour. Le président du Conseil regrette qu’en sortant de la fac de droit (où il rencontra Marcello Dell’Utri (cf. Vittorio Magano « le héros »…) et alors qu’il voulait être chanteur, des inconnus lui ont prêté des fonds pour construire un parc immobilier. C’est un fiasco et il est contraint d’accepter un nouvelle proposition, « de celle qu’on ne peut refuser » (le Parrain I) . « On » lui prête à nouveau beaucoup argent d’origine inconnue.
Connaissant cette fois la réussite, il a alors une idée de génie : mettre une antenne sur le toit d’un immeuble et créer la première télévision privée en Europe. Le président du Conseil a répété qu’il ne savait pas d’où venaient les capitaux colossaux qui ont été versés dans sa société de publicité. Il a cependant reconnu que cela constituait un délit, comme son appartenance à une loge clandestine et subversive.
Le président du Conseil a évoqué son parcours au sein du parti socialiste ainsi que de multiples affaires de corruption. Il a expliqué aux magistrats que des personnes qui lui sont proches avaient, à son insu, négocié avec la mafia sicilienne le fait de poser de bombes dans tout le pays en 1992 et 1993 afin de créer un climat propice à l’arrivée d’une nouvelle classe dirigeante au pouvoir (cf. 12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993 et bibliographie). Puis, il a justifié les décisions favorisant la mafia prises au cours de ses trois présidences : loi favorisant le blanchiment, attaque systématique de la magistrature, décrédibilisation des collaborateur de justice (appelé à tort des »repentis »), remise en cause de la loi sur les biens confisqués aux mafias ou des projets économiques douteux (cf. Berlusconi veut le vote des Siciliens…)
Le 1er avril 2011, Silvio Berlusconi a donné sa démission mais n’a pas présenté ses excuses au peuple italien estimant qu’il n’était que le précurseur d’un monde nouveau (cf. Le président du Conseil mitraille une journaliste)
Itv Planète investigation
Chaque semaine, Samira Ibrahim met le cap hors des frontières de l’Hexagone. «Planète investigation» aborde un thème de manière approfondie, avec un documentaire de 52 minutes suivi d’un grand reportage de 26 minutes. L’occasion de décrypter sous tous les angles, de l’intérieur puis avec du recul, des sujets passionnants. «Planète investigation» met le cap sur la Sicile avec la diffusion des documentaires «Cosa Nostra, autopsie d’une mafia» et «Buenaventura, l’escale interdite».
Le documentaire en question sur Cosa nostra sicilienne est réalisé par Agnès Gattegno, produit par : TAC PRESS en 2007. Retrouvez l’Itv de Fabrice Rizzoli qui se mélange un peu le pincaux avec les chiffres de collaborateur de justice.
En réalité, les collaborateurs de justice (« repentis ») était 791 en 2007. Voici, l’ultime source officielle à ce sujet (cliquez), ce qui fait un total de 3 000 personnes à protéger. I est vrai que le nombre de collaborateur de justice était plus important dans les années 90 soir plus de 1 000 par an. Le chiffre que je n’arrive pas obtenir est le nombre total de repentis que l’état italien a protégé depuis 1991. A la louche, je dirai 3 000 (en comptant les décés, les rechutes environ 5%, et les sorties du programme du à l’arrêt de menace). L’état aurait peut être protégé en tout 6 000 personnes (en tout cas pas 6 000 mafieux comme je le déclare dans le reportage) enjoy 🙂
Pays de merde?
«Tra qualche mese me ne vado, vado via da questo paese di merda… di cui… sono nauseato… punto e basta»
Par ces quelques mots, le président du Conseil qui possède un lien organique avec les organisations mafieuses par l’intermédiaire de son bras droit condamné en appel annonce un départ imminent et pense que l’Italie est un « pays de merde ».
Il n’en est pas à son premier dérapage (cf.Le président du Conseil mitraille une journaliste) ou : lapsus « j’ai payé des magistrats.
Pour ce qui est du qualificatif de l’Italie, si tant est qu’on puisse résumer ce magnifique pays par cette grossièreté, peut-être a t-il une part de responsabilité comme en témoigne sa Biographie.
Metromafia
A la fin du mois de juin, la magistrature antimafia a annoncé enquêter les conditions d’attribution des appels d’offre pour la construction du métro à Palerme, un marché qui représente 623 millions d’euros (cf. Piratage d’appels d’offre). Comme souvent, il s’agit pour les entreprises de la mafia de s’imposer dans les marchés de la sous-traitance (terrassement…) et de fourniture de matériaux (béton…) cf.Un chantier de travaux publics saisi en Calabre. Au cœur du dispositif se trouveraient un entrepreneur de Cinisi, des d’élus locaux et des fonctionnaires dont le président de régionSicile et des conseillers régionaux (cf.Bourgeoisie politico-mafieuse) confirmant le rôle centrale de la politique dans la pérennité du phénomène mafieux (cf. Article mafia et politique). Validant une fois de plus que la « Bourgeoise mafieuse » est le concept qui permet de comprendre le phénomène mafieux dans sa complexité.
Enfin, l’entrepreneur de Cinisi se nomme Andrea Impastato (cf. Coupe du monde : mafia 1 – Etat italien 0)…. un nom symbole de mafia à Cinisi mais surtout d’antimafia (cf. Sicile 5 : contre la mafia le Centre Impastato), preuve que mafia et antimafia ne cessent de se refléter en miroir sur une terre aux contradictions exacerbées.
« La plage » : un film de Guillaume Origoni avec Antonino Agostino…
… Emanuele Piazza, Giovanni Falcone, Toto Riina… ect
Le 5 août 1989, la mafia assassinait le policier Antonino Agostino mais ce crime est toujours frappé du sceau de l’impunité. La famille demande justice et nous lui dédions ce billet. En effet, la maison d’édition mafias.fr remet le couvert avec un article de Guillaume Orgoni qui traite de l’attentat manqué , en 1989, contre le juge Giovanni Falcone et donc de l’assassinat de ce policier et de son collègue.
- Guillaume Origoni, d’origine italienne (nul n’est parfait 🙂 ) et diplômé de sciences politiques, a travaillé en Sicile et en Calabre. Il s’interesse à la stratégie de la tension et aux années de plombs et, dans le cadre de ses recherches, il lui arrive donc de rencontrer un autre sujet : la mafia.
En ce 11 juin 1989 sur une « plage » de Palerme, Giovanni Falcone en discussion avec des magistrats suisses fait l’objet d’un attentat à la dynamite qui n’explose pas. S’agit-t-il d’un avertissment ou d’un « raté ». Les magistrats suisses sont-ils visés? En effet, dans les banques hélvétiques il n’y a pas que l’argent des mafieux… D’aprés l’auteur, les services de renseignement italien ne sont pas loins de la scène ; ce qui aliment une thèse, celle d’un rapport entre Mafias italiennes et relations internationales, et du rôle du terrorisme mafieux dans la crise du système politique italie (cf.12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993).
Bonne lecture 🙂
Direct 8 : la cavale de Provenzano
Septembre 1963. Une fusillade éclate dans le mythique village de Corleone, en Sicile. Bernardo Provenzano, tue sauvagement trois hommes. Au cours de la sanglante fusillade, il est lui-même blessé à la tête. Avec un incroyable culot, il se rend à l’hôpital en se faisant passer pour une victime dune balle perdue. Et tout le monde le croit.. Il est alors relâché et disparaît dans la nature. Bernardo Provenzano est arrêté 42 ans aprés (cf.une victoire à point nommé) par les Catturandi (cf. Cf. état de droit contre impunité).
Mafias.fr avait anticipé ce fait historique (cf.Cosa nostra s’engage-t-elle, à nouveau, sur la voie du terrorisme ? )
Direct 8 dans son émission « Les plus grandes cavales » revient sur La cavale la plus longue :
Sicile 4 : bon anniversaire Paolo
L’homme qui tua Paolo Borsellino
de Lirio Abbate in L’espresso, 14.07.2011, traduction et notes: Olivier Manchion, aglioecipolla.com
« L’homme qui tua Paolo Borsellino est Giuseppe Graviano, boss de Cosa nostra. Le mobile du crime? le magistrat en savait trop sur les discussions en cours entre la mafia et l’État. 19 ans après le massacre de via d’Amelio, les enquêtes menées par la Dia (Direzione Investigativa Antimafia, qui dépend du ministère de l’interieur, ndr) de Caltanissetta sont arrivées à un tournant, décisif.
Le bourreau de Paolo Borsellino et son escorte s’appelle Giuseppe Graviano. C’est un boss du Brancaccio (quartier palermitain, Une BD pour comprendre le phénomène mafieux.). Et selon le collaborateur de justice Gaspare Spatuzza, il aurait négocié directement avec Silvio Berlusconi et Marcello Dell’Utri, après l’attentat de via d’Amelio… » la Suite
Je pense sincèrement qu’on s’approche de la vérité quand à l’assassinat de Paolo Borsellino (après celle de Falcone cf. Bon anniversaire Giovanni). Cette vérité judiciaire devrait aider à faire triompher celle des attentats de 1993 commis sur le continent. En attendant la vérité judiciaire impliquant des commanditaires externes à la mafia (Dell’Utri and co?) sur les bombes de Florence, Milan et Rome, un travail universitaire en langue française existe depuis 2002 : (cf. colloque sur les attentats de 1992-1993) et depuis 2009 (cf. Le terrorisme mafieux dans la crise du système politique italien) : le fruit des analyses, entre autres, des commissions parlementaires antimafias de 1992 à 1996.
Sicile 3 : le ministre Romano risque le procès pour complicité mafieuse
Le ministre de l’agriculture risque de subir un procès pour concours externe en association mafieuse (complice mais pas membre de l’organisation cf. Un sénateur condamné par une justice italienne sophistiquée). Grâce à une organisation judiciaire indépendante (tout le contraire de la France), on risque d’apprendre bien des turpitudes de ce ministre. En effet, en Italie, les procureurs sont indépendants car ils sont nommé en Conseil supérieur magistrature (en Conseil des ministre en France… bonjour la séparation des pouvoirs). Du fait du principe de l’obligation de l’action pénale (contrairement au principe d’opportunité des poursuites en vigueur en France), le ministère public sont tenus d’enquêter et ne peuvent classer sans suite rapidement comme en France. Surtout, ce classement fait l’objet d’un contrôle de la part d’un autre juge dans le plus grand respect d’un principe de collégialité et de contradictoire.
Dans le cas qui nous intéresse, le procureur Nino Di Matteo, bien que considérant qu’il avait trouvé « un cadre inquiétant de contiguïté avec les familles mafieuses » cit., il a proposé de classer la procédure et de ne pas tenir un procès. Sauf que le juge des enquêtes préliminaires (GIP), chargé du contrôle de la décision, en a décidé autrement.
Il ne s’agit pas ici de remettre ne cause la probité du procureur Di Matteo, excellent juge antimafia, que les mafieux veulent assassiner (écoutes judiciaires). Ce dernier a dû faire un arbitrage et penser qu’il y avait certes matière à procès mais que le risque de relaxe était grand comme dans le cas Andreotti (cf. Le divin Giulio Andreotti)
C’est vrai qu’il y a matière car M. Romano fait partie de la bande à Cuffaro and co (cf. Vasa Vasa en prison). Dans une thèse de science politique (cf. Mafias italiennes et relations internationales), on peut lire :
Salvatore Cuffaro est né en 1958 à Raffaldi dans la province d’Agrigente. Il milite au sein de la Jeunesse de la Démocratie chrétienne sous la protection de l’ancien ministre Calogero Mannino, condamné pour association mafieuse1. Salvatore Cuffaro est élu conseiller municipal de Raffaldi puis de Palerme. En 1991, Angelo Siino2, l’un des plus importants collaborateurs de justice, affirme que Salvatore Cuffaro est proche de la mafia. Les premières déclarations devant les magistrats impliquent également Saverio Romano, l’autre homme fort de l’Udc en Sicile. En 1991, à la veille des élections régionales, Cuffaro et Romano ont demandé explicitement de l’aide aux mafieux afin qu’ils soient élus à l’assemblée régionale. Le mafieux Angelo Siino organisa un dîner dans la maison de la famille mafieuse Teresi de Villagrazia. Les mafieux Santino Pullarà3, Santino Di Matteo4 et Nino Gioè5 étaient présents à ce repas électoral. Ce dîner a permis aux jeunes Cuffaro et Romano de recevoir les soutiens des plus grands mafieux de Palerme. Les efforts du jeune politicien n’ont pas été vains. Le 16 juin 1991, il est élu député régional.
1 Il est condamné en première instance en 1996. En appel le 11 mai 2004, il écope d’une condamnation à cinq ans de prison pour « concours externe en association mafieuse ». A ce jour, la procédure n’est pas terminée.
2 Angelo Siino est un « homme d’honneur ». Pour son rôle dans la répartition des appels d’offre, il est surnommé le « ministre des travaux publics » de Cosa nostra.
3 Chef mafieux de la famille de Santa Maria di Gèsus, condamné à la prison à vie pour plusieurs homicides.
4 Il appartenait à la famille d’Altofonte. Devenu collaborateur de justice, il a confessé sa participation à l’attentat de Capaci contre le juge Falcone en 1992. Son fils a été assassiné par Enzo Brusca en 1996.
5 Mafieux de rang moyen qui s’est suicidé dans la prison de Rebibbia.
Sicile 1 : Spatuzza est un collaborateur de justice fiable
Le 1er juillet 2011, le tribunal administratif vient de donner raison à Gaspare Spatuzza et donne tort à l’administration qui lui avait, en 2010, refusé une protection policière. Gaspare Spatuzza est un mafieux qui a décidé de collaborer très tardivement. Arrêté en 1997, il décide de collaborer en 2008. Il s’accuse de nombreux meurtres dont celui du père Puglisi en 1993 et d’avoir volé la voiture qui sera rempli d’explosifs pour le juge Borsellino (cf.12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993).
Spatuzza doté de certaines qualités intellectuelles accompli un chemin religieux qui le conduit à se repentir au sens propre et à collaborer avec la justice (cf. Le Vatican et la mafia : le compte n’y est pas!). Le problème de Spatuzza c’est sa femme. Il avait déjà montré des velléités de collaboration ma sa tendre épouse lui avait fait les yeux noirs (cf. Journée de la femme 2011 : le courage de collaborer avec la justice). Sans le soutien de sa famille biologique, il est bien difficile de collaborer avec l’Etat. Quitter sa famille et sa « famille » : cela fait beaucoup en même temps.
Pour freiner le phénomène des « repentis », les parlementaires de tout bord ont en 2001 pondu une loi qui oblige les collaborateurs de justice à tout dire en 6 mois. Il s’agit d’un délais totalement insuffisant pour un mafieux qui doit raconter 10 ou 20 ans de carrière, soit une quarantaine de meurtres dans le cas de Spatuzza.
Le sort de Saptuzza n’est pas encore définitif car il doit repasser devant la commission des collaborateurs de justice du ministère de l’intérieur ; le sous secrétaire d’état à l’intérieur Alfredo Mantovano s’empressant de désapprouver la décision du tribunal administratif qui contredit la loi de 2001.
Pour l’instant, la décision du tribunal administratif est une excellente nouvelle pour les mafieux qui voudraient évoquer les rapports politico-mafieux, ce qui est le cas de Spatuzza. En gros, il soutien que des mafieux négociaient l’arrêt des attentats avec des personnes proches de Silvio Berlusconi (cf.Le bras droit du président du Conseil condamné en appel)
Rien de vraiment nouveau car (in Le terrorisme mafieux dans la crise du système politique italien) :
Le 14 novembre 1998, le juge des enquêtes préliminaires, Giuseppe Soresina, en charge des attentats de Florence, Milan et Rome, a démontré que Silvio Berlusconi et Marcello Dell’Utri avaient « entretenu des rapports soutenus avec des individus criminels liés à la programmation des attentats »1. Les hommes forts de la « seconde République » étaient en contact avec le clan des Corléonais au moment des attentats. Le magistrat développe « il existe une convergence objective entre les intérêts politiques de Cosa nostra et certaines parties du programme de la nouvelle formation [Forza Italia, nda] »2. Le programme du parti de Silvio Berlusconi propose la surpression de l’article 41 bis, l’encadrement de la législation sur les collaborateurs de justice, le rétablissement des garanties judiciaires volontairement négligées par la législation précédente. Au cours de l’instruction, « l’implication de Silvio Berlusconi et celle de Marcello Dell Utri est apparue plausible »3.
1 Ordonnance de classement disponible sur de nombreux sites internet : Gianni Vattimo – news – bErlUsconi
2011, crise des déchets à Naples : comment ça marche
Le 28 juin 2011, le Courrier international s’intéresse à la crise des déchets (cf. « l’Italie, ses déchets, son béton, ses mafias ») :
« Ces quinze derniers jours, 2 100 tonnes de déchets ont été incendiées à Naples et dans sa région par des citoyens excédés, libérant d’importantes quantités de dioxine dans l’air, souligne La Repubblica. D’après l’Agence d’hygiène urbaine, la quantité de dioxine serait supérieure à celle d’un incinérateur d’une ville de 55 000 habitants en activité depuis dix ans. La dioxine est particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes – elle peut entraîner des malformations –, les enfants, les personnes âgées et toute personne souffrant de problèmes respiratoires. D’après le journal de gauche, la Camorra serait impliquée dans ces incendies systématiques.. «
Au mois d’avril 2008, l’émission C’est dans l’air avait traité l’info