Articles avec le tag ‘‘Ndrine’
22 jours
Aprés une accalmie, la violence programmée est à nouveau en cours en Calabre dans la province de Catanzaro ; précisément dans le quartier de Nicastro (50 000 habitants…) ; un ancien village qui en 1969 a formé avec deux autres villages la ville de Lamezie Terme.
25 novembre 2010, il est 20h quand une moto déboule dans le centre ville. ILes occupants tirent une diziane de projectiles et disaparaissent à la manière d’un éclaire. La cible reçoit deux balles dans le thorax et deux dans la jambe.
Nicola Gualtieri, 29 ans, s’écroule, alors qu’il regagnait la cellule dans le cadre d’un régime de semi-liberté (petite condamnation pour trafic de drogue).
La victime qui ne meure pas est considèrée par la police comme un membre de la ‘ndrine (famille mafieuse en calabraise) Gualtieri inclue dans le clan dei Torcasio. Ce n’est pas la première qu’on tente de tuer Nicola. La premère fois le 13 avril 2002, la vicitme fut effleurée par des projectiles d’un fusil à canon scié. Au moment de la tentative de meurtre, il montait le stand de fruit au marché avec sa mère à ses côtés : sans pité (cf.La guerre des ‘ndrines de Crotone n’épargne pas les enfants). Le tireur fut condamné à 8 ans de prison par la cours d’appel le 21 octobre 2005 (cf. Un victoire de l’état de droit sur la violence programée). Les enquêteurs affirmèrent qu’il s’agissait d’un acte de violence programmée entre ‘ndrines pour le contrôle du territoire à Lamezia (cf. ‘Ndrines, armes et contrôle du territoire). Le dernier meurtre remonte au 31 mars (cf. De l’inéficacité de la vidéo-surveillance).
La ville de Lamezia occupe une place centrale en Calabre (cf. « Victor : nettoyeur »). Elle se situe sur l’axe de l’autoroute de la ‘Ndrangherta (cf. Opération Terminador) qui relie Naples et le port de Gioia Tauroi (cf. Le port-conteneur de la ‘Ndrangheta). La province a été choisie pour y développer le tourisme en Calabre. De nombreux « Club » se situent sur la côte thyrénéenne et on a créé un aéroport pour l’occasion…
Le 17 décembre, Nicola Gualtieri meurt. La balle qui lui a performé le poumou a mis 22 jours pour faire effet.
A partir des infos de Giuseppe Natrella Gazzetta del sud
Thunder bay
Suites de l’opération « Il Crimine » et ses 300 arrestations, les enquêteurs affirment que le Siderno groupe a réactivé une cellule à Thunder Bay (110 000 habitants) à 1 200 km à l’ouest de Toronto. Dans dans les années 50, le Siderno group s’y est installé pour les affaires car Thunder Bay est un trait d’union entre l’axe Toronto-Monreal et les provinces de l’ouest. Affaiblis par la repression (et par domination du clan Rizzuto?), les Calabrais s’étaient repliés sur Toronto. Est-ce l’affaiblissement du clan Rizzuto qui les a poussé à réactiver une ‘ndrine?
En tout cas, le 14 décembre la magistrature italienne a délivré 53 mandats d’arrêt contre le clan Commisso de Siderno. 7 d’entre eux concernent des italo-canadiens mais un seul a été arrêté car il se trouvait en Italie au moment de l’opération. Notons que l’un des prévenus est le fondateur d’une société de publicité sous contrat avec les villes de Toronto, Montréal et Ottawa. Le parrain de Montréal, Vito Rizzuto, avait également des intérêts au sein de cette société.
Sans aucune preuve, il me semble que derrière l’élimination des Rizzuto se trouve la ‘Ndrangheta transnationale
mafia calabraise (cf.Extermination suite et fin?).
Côte d’azur mon amour
En ce mois de septembre, les gendarmes des deux côtés des Alpes ont visité Vallauris, ses porteries, sa cité la Zaïne (en photo) et ses citoyens italiens un peu spéciaux. Ces derniers sont sans cesse en déplacement. Puis, à l’issu de leur séjour, ils arrivent sur la « Côte » et jouent au cartes dans les cafés pendant une semaine. Quand on leur demande ce qu’ils font dans la vie, ils répondent qu’ils sont « dans les assurances » (cit)…
Bref, cette semaine, les gendarmes ont arrêté Roberto Cima, 52 ans car il doit purger un peine de 21 ans de prison. Avec son complice Maurizio Chiappa, arrêté en 2008 à Golfe Juan… il aurait assassiné, en 1989, un rival pour le contrôle des activités illicites dans la région Ligurie (cf. Infiltrations mafieuses en France)
D’aprés certaines sources malheureusement très rares en France, à Vallauris, il y aurait une ‘ndrine, une famille mafieuse calabraise. Je cite un extrait de la mission parlementaire d’information sur la délinquance financière et le blanchiment des capitaux :
« J’ai appris, en discutant, de manière officieuse, avec des officiers de police judiciaire, que la mafia calabraise est organisée selon un régime de loges – les cosche. Dans les Alpes-Maritimes, sept cosche sont établies, la cosca mère étant à Juan-les-Pins, et dépendent toutes de la cosca de Vintimille. […] »
Extrait de l’audition de M. Philippe Dorcet, juge d’instruction au Tribunal de grande instance de Nice, devant la Mission, le 9 mai 2001.
Je dédie ce billet à mon père qui m’a permis d’étudier ses sujets. Je me souviens de ce jour de juillet 82 où nous avons rendu visite à un ami à lui. Ce dernier, propritaire d’une pizzaria sur la route de Vallauris, était victime d’une tentative de racket de la part d’amateurs qui n’avaient rien d’italiens…
Chante chante Lupara…
« Là ou passent les Tornicchio, la terre tremble et la lupara chante »
Le 25 juin est une date importante 🙂 mais celle de 2009 ne fut pas joyeuse. Ce soir là, i piciotti (les soldats de la mafia) sont en embuscade derrière des arbres qui entourent un petit terrain de Football. Nous sommes à Crotone, une ville ou les ‘ndrines (familles mafieuses calabraises) ont fait beacoup parlé d’elles ces derniers temps (cf. Opération « Héraclès » à Crotone).
Les tueurs tirent plusieurs coups avec un fusil, blessent une dizaine de personnes et en tuent deux dont un enfant de 11 ans. L’expert en balistique affirme que les auteurs des coups de feu avaient pleinement conscience de toucher d’autres personnes que la cible.
L’objectif de cet acte de violence programmée (cf. Tir aux pigeons ou violence programmée?) était un homme de 35 ans mort sur le coup. Ce dernier, membre du clan Tornicchio et émigré en Allemagne (où la mafia calabraise prospère cf. De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta), était de retour en Calabre depuis 1 ans. Il aurait profité de l’emprisonnement du chef du clan soumis à l’article 41 bis du code de procédure pénale qui prévoit un régime carcéral strict (cf. Bienvenu au royaume de l’impunité) pour assurer des missions de commandement. Le chef aurait alors ordonné son excécution ; logique mais alors pourquoi ce carnage ?
Grâce au écoutes judiciares (que le gouvernement italien veut limiter… cf. 1. « Dessine moi un bunker »), les enquêteurs ont non seulement retrouvé les tireurs mais aussi impliqué le donneur d’ordre qui se serait félicité du massacre car ”dove passano i Tornicchio trema la terra e canta la lupara” (pour « lupara » cf. Guet-apens contre un capo-bastone en Aspromonte). Le carnage est donc justifié dans la logique de la violence programmée comme un message envoyé à toute la population ; la violence étant un moyen de communication mafieux parmis d’autres (cf.Le mafieux, ce grand communicant).
Cette fusillade ressemble donc aux meurtres de 6 Africains au mois de septembre 2008 (cf. « Jammuncenne ») et rappelle que la mafia tuent très souvent des inoncents (cf. La guerre des ‘ndrines de Crotone n’épargne pas les enfants ou Antonino, 3 ans : victime « collatérale ».)
Deuxième « villa scarface » saisie par la justice
L’Italie c’est 4 mafias et les meilleurs outils juridiques pour lutter contre celles-ci. L’état a par exemple à sa disposition la confiscation des biens avec réutilisation à des fins sociales (cf. La confiscation : enjeu politique majeur): l’immeuble du parrain qui devient un centre culturel, l’exploitation agricole du clan qui devient une coopérative avec des ouvriers qui ont un contrat de travail… un chose rare en terre mafieuse (cf. Schiaffo alla mafia).
A ce sujet, ce 5 août, la Garde des finances a saisi des biens mafieux pour une valeur de 10 millions d’euros. Ces biens appartiennent à des membres de la très pussante ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) Alvaro de Sinopoli (cf. Violence programmée). Cette saisie fait suite aux opérations déjà menées au mois de mai mais aussi à d’autres plus anciennes (cf. 200 millions d’euros saisis à la mafia calabraise).
Les militaires de la Guardia di finanza ont effectué une enquête patrimoniale d’un simple exploitant agricole de 73 ans et ils ont découvert que ce dernier était propriétaire de 4 luxueuses propriétés. Localisées dans la petite commune de Melicuccà, elles ne figurent même pas sur le cadastre. Situées dans des endroits difficilement accessibles, les militaires les ont repérées en survolant la zone par hélicoptère.
Pour la petite histoire, une de ses villas a été construite sur le modèle de la villa Scarface comme ce fut déjà le cas à Casal di Principe avec la maison de Walter Schiavone, le frère de Francesco dit Sandokan (confusion dans le reportage). A Casal di principe, la villa scarface doit devenir un centre d’acceuil pour handicapés. J’espère que les villas de Meliccucà deviendront un complexe touristique antimafia qu’on puisse profiter d’une des plus belles régions d’Italie.
Election mafieuse dans le Nord : pronunciamento
Au mois de juillet, la police a arrêté 300 mafieux dans toute l’Italie en particulier en Italie du nord. Les enquêteurs italiens nous offrent un photo qui vaut son pesant d’or : « l’élection » du référent pour toutes les ‘ndrines (familles mafieuses calabraises) présentes dans le Nord de l’Italie (cf.300 arrestations : voir reportage de France 24 et 300 arrestations : voir article du Figaro)
A Salute!
« Victor : nettoyeur »
« Les cochons dévorent rapidement les corps à condition de les mettre à la diète pendant une semaine«
Depuis 2001, un tueur de la ‘Ndrangheta collabore avec la justice. Il est donc un collaborateur de justice et non un « repenti » puisqu’il ne se repent de rien. Il change de vie et passe du côté de la légalité et de l’état de droti. Cela se révèle utile car depuis 2001, on connaît les secrets des ‘ndrines (familles mafieuses calabraises) de Cosenza (cf. Opération Terminador).
Entre 1998 et 2000, des chefs de famllies de la zone décidèrent de s’unir en confédération afin de se répartir les appels d’offre de l’autoroute A3 (en photo) et de faire le mènage. La nouvelle stratégie avait obtenu l’aval de la ‘ndrine Mancuso de Limbadi très influente dans la région (cf. ‘Ndrines, armes et contrôle du territoire). Il s’agit encore d’une information précieuse obtenu grâce à un colloborateur de justice, le « contabile » (« comptable » de l’organisation en question).
Les ‘ndrines faisaient appel à des tueurs professionels. En 2000, le tueur collaborateur de justice en question a participé à un massacre à la kalashnikov sur la place d’un village (deux morts et un blessé). En 1998, il avait assassiné un jeune vendeur de drogue « nommé Chiarello » puis l’avait découpé en morceau à la hache. Le soldat de la mafia était devenu « un ange de la mort » capable de désosser les cadavres, les dissoudre dans l’acide ou de les faire rôtir dans des barils de naftaline. Mais le meilleur moyen de ne pas laisser de trace était l’utilisation des cohons!
« Ils mangent tout y compris les cheveux, en une demi heure, il ne reste plus rien« .
Heurseusement que « Victor le nettoyeur » (Nikita) est devenu collaborateur…
Fait à partir de l’article d’Arcangelo Badolati de la Gazzetta del sud
4. Organisation mafieuse : « j’appelle la Province »
Poursuivons l’analyse des écoutes judiciaires avec le thème de l’organisation mafieuse. Les clans calabrais sont souvent décrits comme des entités autonomes. Saut que depuis 1991, les ‘ndrines (familles mafieuses calabraise) dans la province de Reggio (voir la carte) se sont doté d’une « commission » (comme en sicile cf. Opération Persée, le dieu qui décapita la méduse…), une chambre de compensation chargées de régler les litiges entre les clans.
Ici, les mafieux nomment cet organe d’arbitrage « la province » confirmant ainsi que les mafias sont des acteurs politiques…
P.G.: « Les choses ne sont pas bien avancés »
M.R.: Eh!
P.G.: « Nous on est (inaudible), on leur a dit que nous on a avait les choses comme ils faut ».
M.R.: Eh!
P.G.: « Et alors, on leur dit, asseiez vous que je dois te dire, là, l’histoire c’est cà,… et si cela ne vous convient pas , on en parle et on fait une (inaudible) [ même si je pense qu’il parle d’une « réunion » ndr]
M.R.: « C’est claire »
P.G.: « On en parle où il y a d’autres hommes [d’honneur – mafieux ndr] ».
M.R.: « C’est claire »
X : (inaudible)
M.R.: « Mais, si ils veulent parler, on appelle LA PROVINCIA comme responsable et on parle »
P.G.: (inaudible)
M.R.: « Et celui qui a raison... »
P.G.: (inaudible)
Voix non comprhéensibles
M.R.: « Avec les hommes [entre mafieux ndr]… »
P.G.: « Avec LA PROVINCE, on a le le responsable [autorité compétente pour arbitrer les litiges ndr]… » »
FIN
PS : ces écoutes sont disponibles sur le site du journal laRepubblica (http://www.repubblica.it/cronaca/2010/05/18/news/boss_intercettati-4145994/) ce qui démontre que l’Italie est une démocratie transparente. Mieux, elle est un état de droit qui dispose des meilleurs outils juridiques pour lutter contre le crime organisé (cf. Lobbying antimafia à Bruxelles).
Attention, le gouvernement actuel veut limiter les écoutes judiciaires (article du Point) car « les mafieux aussi ont droit à une vie privée » Daniela Santanche, membre du gouvernement.
1. « Dessine moi un bunker »
Le 22 avril dernier, les carabiniers du Ros ont mené une opération contre le clan Pelle de San Luca (cf. De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta). Giuseppe Pelle était devenu le chef le plus important de la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) depuis l’arrestation de son père (cf. Le quotidien de l’Etat contre la ‘Ndrangheta) et de son frère (cf.Arrestation de la « mamma »).
Plus croustillant : les enquêteurs avaient placé des micros dans la maison du capobastone (chef mafieux) qui discutaient avec d’autres mafieux. Les propos tenus par ces derniers sont très intéressants.
Les mafieux aiment leur territoire puisque pour échapper aux forces de l’ordre, ils s’enterrent dans des bunkers (dans la vidéo, on peut voir un bunker). Giovanni Ficara demande à Giuseppe Pelle :
« Je dois faire un bunker : vous m’aidez? » (« devo fare un bunker mi auitate? »).
Comme une ritournenelle « dis; dessine moi un mouton »…
Les images des bunkers :
PS : ces écoutes sont disponibles sur le site du journal laRepubblica (http://www.repubblica.it/cronaca/2010/05/18/news/boss_intercettati-4145994/) ce qui démontre que l’Italie est une démocratie transparente. Mieux, elle est un état de droit qui dispose des meilleurs outils juridiques pour lutter contre le crime organisé (cf. Lobbying antimafia à Bruxelles).
Attention, le gouvernement actuel veut limiter les écoutes judiciaires (article du Point) car « les mafieux aussi ont droit à une vie privée » : Daniela Santanche, membre du gouvernement.
De l’inéficacité de la vidéo-surveillance
Lamezia terme, dans le centre de la Calabre. Ce mercredi 31 mars, le tueur est embuscade avec pistolet muni d’un silencieux. Puis, il entre action. et tire 7 projectiles dans le dos de la victime (5 dans le dos, 2 dans les jambes) pour la faire tomber puis 5 dans la tête à bout touchant.
Giuseppe Chirumbolo, 33 ans, a été assassiné de douze coups de pistolet. Les modalités du meurtre laisse peu de place au doute. Il s’agit d’une exécution mafieuse. Les enquêteurs ont procédé à des interrogatoires jusqu’à 5 du matin.
La victime avait un casier judiciaire : possession de drogue (72 grammes) et agressions. Il avait menacé un jeune à qui il avait envoyé un sac contenant un tête d’agneau, des cartouches de fusil et une lettre de menace.
Par ailleurs, les limiers de la Garde des finances (Guardia di finanza) ont signalé aux enquêteurs que Giuseppe était affiliée au clan Giampà. La victime a donc rencontré la violence mafieuse programmée. Son meurtre est le fruit d’une décision juridique prise par un clan qui se considère comme une institution. (cf. Violence programmée).
PS : la maison de la victime avait des vitres anti-projectiles et un système de vidéo-surveillance… quand je vous dis que la vidéo-surveillance n’est pas efficace…
Billet rédigé à partir de l’article de Giuseppe Natrella Gazzetta del sud in http://www.calabrianotizie.it