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Un livre sur la mafia calabraise

Il me semble qu’il s’agit du premier livre sur la mafia calabraise en langue française. Ecrit à partir de sources italiennes, cette publication informative vaut le détour.

Pour en savoir plus : Pas de femme, pas de mafia

Dans le port de la mafia calabraise, il y a des commerçants chinois qui dansent

Le 20 décembre, les magistrats italiens ont placé sous séquestre 50 millions d’euros et ont fait arrêter 26 personnes dont deux douaniers. Toutes sont impliquées dans un trafic international de contrefaçons.

A Gioia Tauro (cf. Ecomafia de Bari au Pakistan en passant par Gioia Tauro et Au conseil municipal : “tous mafieux”) dans le port de la mafia calabraise (cf.Le port-conteneur de la ‘Ndrangheta), les ‘ndrines (les familles mafieuses calabraises) de la zone ont transformé le port conteneurs en zone d’entrée pour les marchandise contrefaites (cf.La taxe mafieuse sur les contrefaçons).

Les mafieux italiens avaient passé des accords avec les « commerçants » chinois (membres d’organisations secrètes?) car à l’aide de sociétés commerciales et de complicités douanières, ils étaient capables d’éviter les contrôles.

Les commerçants chinois économisaient sur les taxes légales en déclarants des marchandises inférieures à leur valeur réelle tout en remplissant les conteneurs d’habits contrefaits. Pour cela il leur fallait payer une taxe  aux clans, un taxe qui porte le nom d’ « assistenza« .

Les affaires tournaient si bien que les commerçants chinois étaient disposés à transférer toutes les importations arrivant dans le port de Naples vers le port calabrais. Heueusement que la magistrature italienne veille.

Vengeance transversale ou conséquence de la mondialisation?

Voir "grandes surfaces" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafiaIl avait 18 ans et sortait d’un pizzeria de Taurianova en Calabre lorsque les sicaires font éclater une pluie de balles. Francesco Maria Inzitari est le neveu de Nino Princi, tué dans l’explosion de sa voiture en mai 2008 (cf. Voiture piégée en Calabre). Pour les enquêteurs, il s’agit vraisemblablement d’une « vengeance transversale » de la ‘Ndrangheta (cf. Vengeance “transversale” à Rosarno?).

Francesco Maria Inzitari décède car il est le fils de Pasquale Inzitari, ancien adjoint au maire de Rizziconi et conseiller provincial de l’UDC (centre-droit). Pasquale Inzitari avait été arrêté en mai 2008 pour concours externe en association mafieuse. En septembre dernier, la justice avait saisi 55 millions de biens lui appartenant.  Pasquale Inzitari était d’abord proche du clan Crea, dominant à Rizziconi (cf. L’Italie et les stéréotypes) qui a permis la construction du plus grand centre commercial en Calabre. Des membres du clan Crea ont acheté plusieurs terrains agricoles y compris par la menace, le conseil municipal (dissout en juillet 2000 pour infiltration mafieuse) a alors modifié le plan d’occupation des sols, rendant les terrains constructibles. Les complicités politiques remontent jusqu’au conseil régional qui modifié la législation afin de permettre la construction d’un centre commercial pourtant interdit jusqu’ici. C’est sur ce terrain qu’a été construit la grande surface, appartenant en partie à Inzitari. Mais les rapports entre Inzitari et les Crea se sont peu à peu détériorés. Profitant de l’arrestation du boss Teodoro Crea, Inzitari fait entrer Antonino Princi (et par là même le clan Rugolo, cf. La mafia calabraise, une histoire de familles) dans le capital social du centre commercial. Une insulte pour le clan Crea… et un grain de sable dans la mécanique économique mondialisée comme en témoigne ce reportage :

Infiltration mafieuse dans l’économie légale…

ou infiltration légale dans l’économie mafieuse?

Retrouvez un reportage de 3 minutes (France 3, 19-20, 26/07/2009).

Si la vidéo ne s’affiche pas : cliquez sur ce lien : mafias et grandes surfaces

Des machines à sous à la bourgeoisie mafieuse

Le 5 septembre 2009, les magistrats de la direction des enquêtes antimafias ont émis un nouveau mandat d’arrêt à l’encontre de Gioacchino Campolo, 70 ans, déjà emprisonné. Surnommé le « roi des machines à sous », il est accusé d’extorsion aggravée selon la méthode mafieuse. En compagnie d’un entrepeneur et d’un membre du clan Zindato-Libri de Reggio Calabre, il aurait imposé, par le biais de la menace, ses machines à sous à un commerçant de Reggio (vidéo de l’arrestation).

Gioacchino Campolo avait été arrêté en janvier dernier pour avoir transférer illégalement des valeurs. Le limiers de la garde des finances (en photos) le soupçonnent de blanchir l’argent sale des familles mafieuses calabraises. Le policiers avaient aussi arrêté l’épouse et le fils de cet « entrepreneur » confirmant que l’organisation mafieuse n’est rien sans son réseau de complicités, le tout formant une « bourgeoisie mafieuse » (cf. Arrestation au sein de la bourgeoisie mafieuse).

En janvier dernier, la police avait saisi provisoirement des biens dont la valeur est estimée à 35 millions d’euros de biens ; une quarantaine d’appartements, des terrains et deux maisons dont une à Rome et l’autre à Paris (cf Arrestation de mafieux en France, rien de plus…).
L’enquête avait aussi démontré des liens entre le « roi des machines à sous » et le monde de la politique. En juin, la magistrature avait déjà fait saisir d’autres biens (25 millions d’euros). Un des ses immeubles a servi de local de campagne pendant les dernières élections du maire de Reggio. Un des autres immeubles habrite le siège du tribunal d’application de peines de Reggio…

‘Ndrines, armes et contrôle du territoire

Ce jeudi 3 septembre, la police de Gioia Tauro a procédé à l’arrestation de deux hommes de 46 et 18 ans. Le père et son fils appartiendraient à la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) Mancuso de Limbadi (dans la province de Vibo Valentia ; voir la carte à gauche). Les agents ont surpris le deux personnes dans un appartement de Gioia Tauro et ont trouvé de nombreuses armes. Les policiers ont aussi arrêté un complice proche de la famille mafieuse Piromalli qui contrôle le port de Gioia Tauro (cf. Le port-conteneur de la ‘Ndrangheta ).

Déjà, au mois de juin dernier, les carabiniers de Nicotera avaient conduit les deux hommes à la caserne pour des vérifications. Au cours de cette interrogatoire de « routine », ceux-ci s’étaient échappés. Les carabiniers avaient perquisitionné leur domicile et avaient trouvé une mitraillette Kalashnikov, un fusil, un pistolet et un millier de cartouches.

Cette arrestations amènent à quelques reflexions :

Les deux personnes, vendeurs ambulants, semblent être les armuriers de la ‘ndrine Mancuso c’est-à-dire des personnes peu connues des services de police qui détiennent les armes pour le clan.

Le fait que des membres du clan Mancuso de Limbadi se trouvaient, avec des armes, sur le territoire du clan Piromalli de Gioia Tauro n’est pas anodin. En vertu de la règle du contrôle du territoire qui régit les associations mafieuses, nous pouvons conclure que les deux clans sont en association; exemple : « je te laisse l’accès au port, en échange tu t’occupes des armes ». Mais pourquoi le clan Piromalli aurait-il besoin d’armes? Pourquoi prendre le risque de les confier à des soldats en cavale? S’agissait-il de porter l’estocade au clan Molé? (cf. Hypothèses du policier antimafia).

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200 millions d’euros saisis à la mafia calabraise

Le café de Paris à Rome

Le café de Paris à Rome

Préssenti sur ce site (la folle semaine de la ‘Ndrangheta)

Le 22 jullet 2008, la Garde finances a saisi le « café de Paris » à Rome. Situé via Veneto, en face de l’ambassade des Etats-Unis, le café de Paris est le symbole de la dolce Vita. D’après les magistrats, l’établissement en question est passé aux mains de la puissante ‘ndrine (nom donné aux familles mafieuses calabraises) Alvaro (cf violence programmée) en 2005. Le clan en question l’aurait acquis pour 250 000 euros par l’intermédiaire d’un prête-nom. Le magistrature a aussi mis sous séquestre des entreprises, des commerces, des immeubles et des voitures de luxe. L’ensemble des ces biens serait évalué à 200 millions d’euros. Cette saisie renforce l’analyse selon laquelle les mafias italiennes, infiltrant l’économie légale, ont jetté leur dévolu sur la capitale romaine.

Violence programmée à Scilla en Calabre

Le 15 juillet 2009, deux jeunes calabrais d’origine rom ont un rendez-vous. En pleine après midi, à bord d’une fiat panda, ils quittent la route nationale 18 qui parcourt le littoral thyrénéen de la Calabre. Après quelque centaines de mètres, les coups de feu retentissent. A 15 ans et à 22 ans, Francesco et Vincenzo avaient rendez-vous avec la mort. Ils ont été exécutés chacun d’une balle dans la nuque. La route étant en sens unique, les tueurs sont probablement répartis  en moto sur la route nationale afin de prévenir leur référent que le travail avait été fait. On ne connaît pas le motif de cette exécution typiquement mafieuse. L’adulte était connu des services de police pour des petits larcins. L’hypothèse la plus probable est que les victimes aient commis un vol non autorisé par le clan de la zone. Le journaliste Giuseppe Baldessaro va jusqu’à écrire que les deux jeunes avaient commis un larcin sur le territoire d’un clan rival de celui qui les a assassiné… En somme, en tant que clan mafieux, je démontre mon pouvoir en assassinant des voleurs ayant agi contre un clan rival.

En réalité, le clan en question a commis un acte de « violence programmée ».  Les  sicaires ont agi sur une route isolée pour ne pas être vus. Le lieu n’était pas si isolé puisque la plage est en contre-bas. On a certainement entendus des coup de feu…. Accompli en pleine après midi, le double assassinat a fait la une des journaux du soir. En ville, on ne parle que de cela. Le nom du clan qui s’arroge le droit de « vie ou de mort »  sur ce territoire raisonne dans les esprits des populations.


United of colors of dealers

Le 11 juin 2009, la direction des enquêtes antimafias de Reggio (DDA) a saisi 300 kilos -record 2009- de cocaïne « purissime » (comme disent les Italiens)… sur un voilier en provenance d’Amérique du Sud. La drogue, habilement cachée dans un double fond en résine, était destinée à la ‘Ndrangheta, la mafia « number one ». La saisie est  le fruit d’une collaboration internationale des forces de l’ordre et de plusieurs polices italiennes (Gardes des finances et service central des enquêtes de la criminalité organisée de la police).
Sources : Stefano Idili  (algheronotizie.it).

Le 26 juin, la magistrature italienne a arrêté 49 personnes de diverses nationalités pour un trafic international de stupéfiants (cocaïne et haschish). L’enquête qui a duré cinq ans a permis de saisir une tonne de drogue. Le magistrat antimafia Graterri a pris un mailn  plaisir a rappelé que ce sont les écoutes téléphoniques qui ont permis de mener à bien cette enquête; faisant référence au projet de loi du gouvernement italien visant à limiter ces écoutes… (site en français)
Les clans calabrais (Commisso, Mazzaferro de Gioisa Jonica et Cataldo de Locri) et  les clans napolitains (Bianco-Baratto du quartier de Fuorigrotta) collaboraient pour faire venir la drogue par bateaux (dans le port de Salerne) ou par autobus. Le ‘ndrines (familles mafieuse  calabraises) en particulier de la côte ionniene (‘Ndrangheta transnationale) jouent encore un rôle fondamentale dans la coordination de toutes les formes de criminalités mondiales comme en témoigne la liste des personnes mises en examen.
Regardez plutôt : c’est « united color of traffickers » :

A… Rocco Francesco, Marina di Gioiosa Jonica (Reggio Calabre);
A… Salvatore, Marina di Gioiosa Jonica (Reggio Calabre);
A… Alessandro, Napoli : Naples;
A… Massimiliano, Napoli;
A… Ahmed, Ait Driss (Maroc);
B… Hafez, Egyte;
B… Stefano, Conlombien
B… Andres Juan, espagnol;
B… Antonio,Napoli;
B… Ermanno, Napoli;
B… Raffaele, Napoli;
C… Pietro, Marsala (Trapani Sicile);
C… Francesco, Gioia Tauro (Reggio Calabria);
C… Salvatore, Locri (Reggio Calabria);
C… Francesco, Napoli;
C… Francesco, Marina di Gioiosa Jonica (Reggio Calabria);
D…  Ciro, Napoli;
D… Francesco, Padova;
D… Francesco, Galatro (Reggio Calabria);
D… Vincenzo, Napoli;
D… Antonio, Nusco (Avellino);
D… Sergio,Napoli;
E… Fallah, Beni Said (Marocco);
F… Roberto,  Napoli;
F… Salvatore, Gioiosa Jonica (Reggio Calabria);
F… Salvatore, Villabate (Palermo);
F… Vittorio, di Palermo;
G… Tommaso, di Sperone (Avellino);
I… Cosmo,  di Napoli;
I… Sandro,di Locri (Reggio Calabria);
K… Zukhra, né en Russie;
L… Carlo, Napoli;
L… Amedeo, Cinquefrondi (Reggio Calabria);
M… Ciro,Napoli;
M… Gaetano, Napoli;
M… Gennaro, Napoli;
M… Luca,  Napoli;
M… Vittorio, Marsala (Trapani);
N… Marcel Yves, Lyon (Francia); Arrestation en France, rien de plus…
P… Salvatore, Locri (Reggio Calabria);
P… Sebastian, Montevideo (Uruguay);
S… Fernandez Oscar,  Barcellona (Spagna);
S… Michele, Napoli;
S… Antonio, Cercola (Napoli);
T… Augusto, Villa Literno (Caserta);
V… I Perea Josep Maria, Girona (Spagna);
Z… Giuseppe, Locri (Reggio Calabria);
J… Bavi, Ahwaz (Iran).

Jouez à confisquer des biens au crime organisé

En droit, la confiscation permet à l’Etat d’expropier des personnes qui auraient accumulé des biens par le biais d’activités criminelles. En Italie, la confiscation constitue une arme redoutable contre les organisations mafieuses ( La confiscation : enjeu politique majeur ) :
Au mois de juin 2009, la Direction des enquêtes antimafias (DIA), a confisqué (« confiscare ») à titre définitif des biens dont la valeur avoisine les 3 millions d’euros. Ces biens étaient en possesion de l’entrepreneur Gaetano Lunetto, di Partinico (Palerme) condamné pour association mafieuse. Grâce aux témoignages d’un collaborateur de justice (ici « le repenti » Giovanni Brusca), la justice a prouvé que l’entrepreneur était un prête-nom du boss Antonio Geraci.
En Calabre, la garde des finances a confisqué définitivement pour 500 000 euros de biens (deux usines de 300 mètres carrés) au clan Belloco de Rosarno. L’enquête avait débuté au début des année 2000. En 2005, la magistrature avait procédé aux premières arrestations et aux saisies (« sequestrare ») qui étaient provisoires. Puis, à la fin de l’année 2006, le parquet de Reggio a donné à la garde des finances le pouvoir d’enquêter sur le patrimoine des accusés découvrant qu’il se cachait derrrière de nombreux prête-noms. Ces enquêtes complexes ont permis la confiscation définitive des biens en question.
Toujours en Calabre, la direction des enquêtes de Reggio a confisqué (définitivement donc) des biens au clan Rugolo (La mafia calabraise, une histoire de familles). La valeur de ces biens des biens (des entreprises, des sociétés fiducières…) avoisineraient les 40 millions d’euros. Domenico Rugolo, 74 ans et « capo-società » (le chef d’une famille mafieuse calabraise) avait un gendre, Nino Princi assassiné à la voiture piégée. Ce dernier possèdait 16% d’une société fiduciaire, la « devin », qui a permis la construction d’une très grande surface (L’Italie et les stéréotypes). Une fois les bénéfices engrangés par la construction du centre commercial, l’entrepreneur Princi a revendu ces 16% à une banque suisse…
Décidement la mafia calabraise n’est pas seule sur cette planète (L’avocate suisse et l’absence d’impunité en Italie).

Dorénavant, vous pouvez « jouer » à confisquer des biens à la mafia grâce au jeu Confiscopolis mis au point par Flare (réseau européen contre le crime organisé transnational) et soutenu par Légalité sans Frontières (la première association française antimafia).

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