Articles avec le tag ‘justice’
Salon – Des livres et l’alerte 3
PROCHAINE ÉDITION : LES 2 ET 3 DÉCEMBRE 2017
La Maison des Métallos – 94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris – Métro : Couronnes (ligne 2) ou Parmentier (ligne 3) / ENTRÉE LIBRE ET GRATUITE / Réservation possible : reservation@maisondesmetallos.org
Cliquez : DELIVREZ l’ALERTE
Journée des droits de la femme 2017 : la force de « coopérer » avec la justice
L’Etat italien protègent environ 600 collaborateurs de justice ; des mafieux qui ont abandonné la mafia (cf. Collaborer avec la justice : le choix de vivre). Mais que font les femmes (épouse du mafieux repenti ou femme impliquée dans les activités mafieuses)?
Le mafieux qui ressent le besoin de rompre avec sa vie de criminel professionnel informe en tout premier lieu son épouse (et non pas son avocat qui risque de faire circuler l’info… si vous voyez ce que cela veut dire pour la profession en question). Avant de pactiser avec le juge, le mari-mafieux recherche l’accord de son épouse. Certaine d’entre elles acquiescent, d’autres incitent leur époux à rester dans le clan. Dans tous les cas, leur attitude est décisive.
Une femme qui partage la décision de son mari « repenti » lui donne toutes les chances de « tenir bon » surtout si il y a des enfants dans le couple. En effet, collaborer se révèle difficile car il s’agit de changer de vie et d’identité au propre comme au figuré. Le mafieux qui trahit l’omertà n’est plus un homme car garder le silence est synonyme de virilité dans la mafia. Comparé à la femme qui ne peut s’empêcher de parler (d’après les stéréotypes), le mafieux lui sait se taire! En embrassant l’état de droit, l’ex mafieux devient un « infâme». L’épouse peut alors redonner confiance au mari et au père. Si la femme persuade les enfants que « papa » a fait le bon choix, elle restaure le rôle paternel de ce dernier (cf.Joyeux Noël). Le mafieux devenu citoyen vit alors cette transformation non comme une humiliation mais comme une possibilité de changement.
Les femmes accompagnent le choix de leur mari par amour ou par devoir et payent souvent cher ce changement de vie : angoisse et dépression sont le lot quotidien de ses femmes qui ne gagnent pas en émancipation : la subordination qui prévalait avant la collaboration demeure.
Les femmes impliqués (cf. Pas de femme, pas de mafia) dans les activités criminelles collaborent avec la justice soit afin de se venger du clan qui a fait tuer leur mari ou leur enfant mais aussi pour s’émanciper. (cf. La Sicilienne rebelle). On comprend facilement que pour d’autres femmes, collaborer avec la justice soit un vraie occasion de changer de vie, de se soustraire à l’oppression mafieuse. C’est grâce à collaboration de la fille Serraino que la justice a démantelé le clan du même nom. Plus important, sa collaboration a « sauvé » deux enfants promis à une carrière criminelle (cf.De la mafia calabraise, de la mémoire et des femmes).
On aime à répandre l’idée que les femmes ont désormais, dans la mafia, des postes à responsabilité et on aime y voir le symbole d’une nouvelle égalité homme-femme. Or, c’est davantage dans la sortie de la femme de l’univers mafieux qu’il faut chercher un parallèle à l’émancipation moderne des femmes.
Retouvez ces analyse dans La mafia de A à Z
Mafias. à Nevers
A l’invitation du sénateur Gaetan Gorce et de l’association « Prenons parole« , l’auteur de « la mafia de A à Z« , a répondu à de nombreuses questions d’un public passionné. Les comparaisons France-Italie allait bon train!
Dans le café des Halles de Nevers, récupérant les questions écrites tenues par des pinces à linge, le président de Crim’HALT membre d’Anticor a pu insister sur la nécessité d’impliquer les citoyens pour lutter efficacement contre la grande criminalité (cf. Les Grands Dossiers de Diplomatie).
M. le Sénateur est reparti avec un paquet de pâtes bio Libera Terra fait par une coopérative sur un terrain confisqué à la mafia (cf. Vidéo). Un énorme merci au Conseil Constitutionnel pour avoir retoqué l’amendement usage social des biens confisqués (cf. Communiqué de presse : les biens confisqués échappent à la société civile !)
Retrouvez l’article de Valerie Mazerolle dans le Journal du Centre :
36 ans après l’attentat de Bologne
Hivers 1985, l’Italie est sous la neige comme l’ensemble de l’Europe. Au cours d’un voyage scolaire à Venise et en transit à la gare de Bologne, (en fait cela doit être en 1987 pour nous rendre à Ancône… car sinon le transit à Bologne s’explique mal…) je remarque une horloge un peu « décalée » par rapport à un bâtiment moderne et dont l’heure reste figée. A mes demandes d’explication, mon professeur d’Italien me parle de l’attentat le plus meurtrier de l’après guerre.
Dédicace à tous les profs qui emmènent leurs élèves en voyage donc :
ll est 10h 25 en ce matin du 2 août 1980 lorsqu’une bombe explose dans la salle d’attente de la gare de Bologne ; explosion qui fait 85 morts et 200 blessés. L’attentat de Bologne serait le fait d’une association subversive composée de milieux d’affaire, de l’extrême droite, de services de renseignement détournés (des services vraiment secrets… cf.Les services de renseignement italien et les mafias), de franc-maçonnerie clandestine qui n’en avait que le nom (la loge P2) et de groupes criminels (la bande della Magliana et acteurs mafieux).
Récemment, le film Romanzo Criminale a consacré une scène à cette évènement. Dans cette vidéo, on notera que le poseur de bombe est assassiné dans la foulée… à la minute 2.22 🙂
PS : deux officiers des services de renseignements ont été condamnés par la justice italienne pour avoir corrompu l’enquête. Combien de pays arrive à condamner des agents de ce type?
Mafias.fr à Montreuil : Retour sur le 1er salon des livres du lancement de l’alerte d’alerte
Le lendemain des attentats, dans un climat lourd et triste, les organisateurs du 1er salon du livre des lanceurs d’alerte « Des livres et l’alerte », dont Fabrice Rizzoli au nom de Crim’HALT, ont assuré la journée du 14 novembre 2015 afin notamment d’accueillir tous les invités qui s’étaient déplacés de province et de l’étranger, par exemple Erri De Luca.
La journée du 15 novembre a, quant à elle, été annulée.
Voici la lettre de remerciement des organisateurs :
« Il nous aura fallu plus d’une semaine pour émerger partiellement et réussir à vous écrire.
Avant toute chose nous nous inclinons devant les victimes de cette folie meurtrière en espérant que peu d’entre nous se trouvent touchés par la disparition ou les blessures d’un proche.
Après l’inqualifiable tuerie du 13 novembre et le drame pour des familles entières, pour des enfants, des parents et amis, l’annulation partielle du salon « Des Livres et l’Alerte » paraît bien peu de choses. Rien ne justifie et ne justifiera, où que ce soit sur cette planète, qu’un être humain décide de tuer aveuglément ou pas. Nous ne pouvons que mesurer l’ampleur des drames et des guerres avec leurs cortèges de morts. On peut toutefois s’interroger sur la profusion d’armes toujours plus meurtrières et sur les responsabilités.
Dans ce moment difficile pour tous, où nous sommes abasourdis, nous ne pouvions pas ne pas écrire un message relatant ce que vous avez permis par votre engagement. C’est peut-être aussi un message d’espoir, car il montre que nous pouvons faire, ensemble, de belles choses et organiser, ensemble, de
belles rencontres.
C’est au mois de mars 2015 que cette aventure a débuté. Nous avons évoqué au téléphone l’idée d’un salon du livre autour du lancement de l’alerte. Immédiatement, Gilles Bruey a recherché les livres qui pouvaient traiter de l’alerte et dans la foulée, l’idée du salon prenait corps. […]
Très rapidement, le 15 avril, nous avons contacté celles et ceux qui pouvaient établir les contacts rapidement en toute confiance, Fabrice Rizzoli d’Anticor, qui avec l’association a instantanément répondu présent, Michèle Rivasi également. Dans le même temps, nous testions l’idée auprès d’amis et de journalistes. […]
Nous avons assumé d’accueillir ceux qui se sont présentés. La tension est grande, l’émotion sur tous les visages. Le programme est bouleversé, nous tiendrons trois tables rondes sur les quatre prévues le samedi.
Florence Hartmann demande une minute de silence pesante, tendue. Vous nous adressez des messages d’encouragement, nous nous tenons chaud, mais la gravité de la situation est présente dans tous les esprits. La sécurité est assurée à l’entrée, mais une voiture est retrouvée à proximité.
Marion Larat sera distinguée pour son livre d’alerte « La pilule est amère », son rôle éminent dans le lancement de l’alerte et la révélation des risques de la pilule de 3e génération dont elle a été victime. Une émotion et un vrai message de reconnaissance de Michel Badré, venu rendre compte des échanges du jury qui n’a pu se réunir comme prévu. Émotion de Marion Larat, intervention pleine de sincérité et de courage.
Nous n’avions pas envisagé un tel épilogue pour ce salon plein d’espoir. Vous connaissez la suite, nous avons décidé de ne pas ouvrir le salon le dimanche. […]
Nous espérons simplement avoir été à la hauteur de vos espoirs au cours de ces huit mois de préparation. Comme chacun, nous sommes impuissants face à l’horreur et la folie. Nous nous inclinons devant les morts et les blessés, devant leurs familles et leurs amis.
Nous vous remercions pour votre engagement qui nous a permis de croire que ce salon aurait pu se tenir et être un succès. »
À voir :
– Vidéo de la table ronde n° 1
– Vidéo de la table ronde n° 2
– Vidéo de la table ronde n° 3
Itv RCFM Corse
Le 9 octobre 2015, au lendemain de l’audition de Mafias.fr devant par la Commission Violence de l’Assemblée territoriale, Marion Galland de RCFM radio invitait Fabrice Rizzoli, spécialiste des mafias et du crime organisé. Fabrice Rizzoli est l’auteur du livre « La mafia de A à Z » et a reçu le Prix Falcone des Droits de l’Homme en 22014. Il a fondé l’association Crim’HALT pour obtenir une loi dd’usage social des biens confisqués. 9 minutes pour un bilan de la situation en Corse et en France :
1er salon « Des livres et l’alerte »… au lendemain des attentats…
Le salon du livre sur le lancement de l’alerte
Le lendemain des attentats, dans un climat lourd et triste, les organisateurs du salon ont assuré la journée afin notamment d’accueillir tous les invités qui s’étaient déplacés de province et de l’étranger, par exemple Erri De Luca. La journée s’est terminée avec une note d’espoir : un apéritif avec des produits faits par des coopératives italiennes sur des terrains confisqués à la mafia. (cf.« Il faut affecter les biens confisqués à un usage social ou culturel »).
Le vin, rouge et blanc provient de la coopérative Placido Rizzoto, syndicaliste assassiné par la mafia en 1948. Les Tarrallini des Pouilles sont conçus, toujours par une coopérative, dans une ferme qui appartenait au mafieux qui a créé la 4ème mafia, la Sacra Corona Unita dans les années 1980. Une « Antimafia par le ventre » qui a convaincu le public, nombreux, que se battre pour ses droits n’était pas une lutte vaine.
Retrouvez les vidéos des tables rondes avec Jean Christophe Picard, Séverine Tessier, Hélène Constanty, Fabrice Rizzoli. Retrouvez la vidéo de la remise du prix littéraire du lancement de l’alerte : émotion et dignité :
« DELIVRER L’ALERTE«
Le site DES LIVRES ET L’ALERTE
La plaquette des INVITES
Le programme des TABLES RONDES
La présentation du salon PRESSE
De nombreux ouvrages analysent les dysfonctionnements de nos démocraties, leurs auteurs participent à la réflexion sur les orientations de nos sociétés en indisposant et bousculant les pouvoirs en place. Le livre s’impose comme un moyen d’alerte rigoureux donnant une ampleur certaine à ces démarches « citoyennes ».
Au coeur de l’alerte, les lanceurs d’alerte qui a pour but de signaler un danger ou un risque, en interpelant les pouvoirs en place et en suscitant la prise de conscience de ses contemporains. En interaction avec des juristes, des journalistes et des militants associatifs, le « lanceur d’alerte » la clairement séparé de celles de dénonciateur (sincère) et de délateur (intéressé). Il est souvent au coeur d’un organsime qui va se retourner contre lui suite à son signalement comme Stéphanie Gibaud.
A côté, du lanceur d’alerte, il y a le whistleblower (littéralement celui qui donne un coup de sifflet) qui désigne celui qui entend donner un coup d’arrêt à une action illégale ou irrégulière.
Mafias.fr partcicipe modestement à l’alerte en France, dénonçant infiltration mafieuse dans l’économie légale mais proposant toujours des solutions impliquant la société civile (cf. Mafias.fr dans la Revue Politique et Parlementaire)
Fabrice RIZZOLI, fondateur de mafias.fr et de l’association Crim’HALT comme alternative participera aux tables rondes
Mais aussi : Eric ALT Magistrat, Fabrice ARFI Journaliste, Raymond AVRILLIER Maire Adjoint honoraire de Grenoble, Michel BADRE Ingénieur expert en évaluation environnementale, Anne BEAUMANOIR Juste et Résistante, Marie-Christine BLANDIN Sénatrice, William BOURDON Avocat, Thierry BRUN Journaliste, André CICOLELLA Chercheur, Maxime COMBES Économiste, Hélène CONSTANTY Journaliste, Erri DE LUCA Écrivain, Luc DECASTER Cinéaste, Marie DE LA CHAUME Journaliste, Antoine DELTOUR lanceur d’alerte Lux Leaks, Gilles DEVERS Avocat, Irène FRACHON Lanceuse d’alerte Mediator, Yann GALUT Député, Stéphanie GIBAUD Lanceuse d’alerte UBS France, Catherine GUILYARDI Journaliste, Eric HALPHEN Président d’honneur Anticor, Florence HARTMANN Journaliste, Sylvestre HUET Journaliste scientifique, Daniel IBANEZ GPII Lyon-Turin, Eva JOLY Député européenne, Hervé KEMPF Journaliste, Corinne LALO Journaliste, Marion LARAT Lanceuse d’alerte, Elise LUCET Journaliste, Nicole Marie Meyer Lanceuse d’alerte, Eliane Patriarca Journaliste, Patrick PELLOUX Médecin urgentiste, Gilles PERRET Cinéaste, Laurent PINATEL de la confédération paysanne, Jean-Luc PORQUET Journaliste, Michèle RIVASI Députée européenne, Denis ROBERT Journaliste, Marie-Monique ROBIN Journaliste, Thierry SALOMON Negawatt, Coline SERREAU Cinéaste, Séverine TESSIER co-fondatrice d’Anticor, Annie THEBAUD-MONY Spécialiste amiante, Christian VELOT Lanceur d’alerte Dr en biologie, Jean Christophe PICARD, président d’Anticor, Françoise VERCHÈRE GPII Notre-Dame-Des-Landes, LA PARISIENNE LIBÉRÉE Chroniqueuse-chanteuse…
Criminalité et Pouvoir : Italie versus France
MeetUpParis
la Maison de l’Italie et mafias.fr présentent :
Les Nouveaux Monstres 1978-2014
Présentation du dernier livre de
Simonetta Greggio
Paris, le 6 Mai 2015, 19h00
Maison de l’Italie
Cité Universitaire de Paris
7A rue Boulevard Jourdan, 75014 PARIS
(RER B – Cité Universitaire)
Fabrice Rizzoli de FLARE présentera le rencontre
Dans « Les nouveaux monstres », paru en septembre 2014 chez Stock, Simonetta Greggio enquête sur l’Italie des trois dernières décennies. Un roman de la construction du pouvoir et de la collusion de l’Etat et de la mafia.
La vidéo d’Independenza TV :
Mafias.fr dans la Revue Politique et Parlementaire
Pour la première fois, une instance de cet acabit évalue le crime organisé à sa juste valeur….
1. Contre le crime organisé en Europe : une justice audacieuse
Marseille : Mafias.fr fait don de ses solutions
Marseille : des idées pour lutter contre la « mafia »
Avec treize règlements de comptes en 2013, les Bouches-du-Rhône occuperaient la tête du classement en France, avec une brusque accélération ces dernières années. On désigne le trafic de stupéfiants mais le manque de repères est visible à tous les échelons du pouvoir.
La réponse de l’Etat est souvent la même : un déplacement et une promesse d’effectifs policiers supplémentaires. A l’échelle locale, les élus demandent une militarisation du territoire (intervention de l’armée, doublement des effectifs ou des pistolets pour policiers municipaux).
A mettre au crédit du gouvernement de gauche : une vision moins caricaturale des quartiers populaires, ce qui l’amène à proposer une « approche globale » qui inclut un contrôle du territoire (CRS à l’entrée des cités), un peu de prévention (enlèvement des carcasses de voitures) et la tentative d’améliorer la situation socio-économique de ces quartiers.
Mais une contradiction demeure insurmontable. Pour la première fois, le politique parle de « mafia » en Corse et à Marseille mais ne propose aucun moyen antimafias.
Face à un problème structurel – le crime organisé – l’Etat pourrait expérimenter des outils qui ont déjà fait leurs preuves dans d’autres pays ; à condition de rompre avec une vision jacobine et prohibitionniste d’un autre temps.
« Sous-développement organisé »
Les données socio-économiques de Marseille dressent le portrait d’une ville pauvre, avec des quartiers nord touchés par l’échec scolaire et le chômage, malgré un arrière-pays très riche.
Les inégalités sociales visibles génèrent d’importantes frustrations et mis à part la perspective d’un emploi public, la population de Marseille souffre d’un manque de services et de projet politique. Non loin des villas avec piscine et des yachts, il s’est mis en place, dans les quartiers populaires, une « économie de la pauvreté ».
Les caïds y trouvent une main-d’œuvre disponible pour occuper les fonctions de guetteur et de vendeur, souvent mineure, ainsi que des « nourrices » qui cachent les stupéfiants dans leur appartement.
A Marseille, il y a le grand crime organisé et les aspirants.
Les « grands » du milieu utilisent parfois la violence, comme dans la tuerie des marronniers ou l’élimination de Roland Gaben, mais avec parcimonie. Et pour cause, les grands ont un pied dans la légalité, comme en témoignent les affaires Campanella-Baresi, la fraude à la taxe carbone ou les trafics internationaux.
Le grand banditisme français, basé en Espagne, bénéficie d’une large impunité. Il se contente de distribuer la drogue à des semi-grossistes, contrôle les débits de boisson où l’on vend de la drogue, perçoit une quote-part sur les bénéfices et a abandonné le secteur du cannabis aux cités.
Les dealers du bas de l’échelle s’entretiennent avec des places de ventes, des dettes de cannabis et des « carottages ». La violence est parfois trompeuse. L’éclat à la kalachnikov n’est pas toujours en relation avec la puissance économique.
L’Etat français ne fait pas sa part
La lutte contre les grands caïds n’est pas efficace. En dépit des saisies et des arrestations, le cycle continue. Pourquoi un jeune de Marseille ne tenterait pas sa chance par tous les moyens ? Il sait que l’Etat ne fait pas sa part. Parmi les insuffisances à déplorer :
- une carence structurelle d’études scientifiques sur le crime organisé ;
- une absence d’indépendance à tous les échelons de l’enquête (procureurs, officiers de police judiciaire) qui entraîne peu de procès complexes ;
- le manque de témoignages de l’intérieur, en raison de l’absence d’un statut de coopérateur de justice – prévu par la loi Perben, mais sans décret d’application ;
- une protection des témoins inexistante (pour les témoins criminels comme pour les témoins victimes, comme les commerçants rackettés) ;
- l’hypocrisie des politiques et des magistrats ne voulant pas « de prime à la délation ».
En Italie, la coopération du criminel ou du témoin avec l’Etat est encadrée par la loi et sous la seule responsabilité d’un procureur indépendant : quelle leçon de démocratie ! L’Etat français ne fait pas sa part en matière de justice car il ne condamne presque jamais ses élites corrompues.
Pour un Cannabis social club à Marseille
A Marseille comme ailleurs, le cannabis est la drogue la plus consommée. La plupart des usagers ne consomment que ce produit mais sont obligés de l’acheter à des trafiquants, ce qui enrichit ces derniers et leur donne une place légitime dans la société.
Le trafiquant marseillais est celui qui répare une injustice : celle d’un Etat qui réprime la consommation d’une substance pourtant disponible (qui existe en grande quantité) et accessible (facile à trouver), et ce en dépit d’une prohibition féroce (sanction pénale la plus élevée d’Europe).
A Marseille comme à Anvers ou aux Pays-Bas, les citoyens consommateurs doivent pouvoir faire partie d’une association à but non lucratif déclarée en préfecture et passer un contrat avec un producteur local de cannabis pour consommer. Un Cannabis social clubà Marseille améliorerait la santé publique et la vie sociale des usagers, financerait la prévention, l’éducation sanitaire et l’assistance en cas d’abus.
Enfin et surtout, il limiterait le poids des organisations criminelles dans la production et la distribution. Mais l’avantage le plus important d’une telle régulation est la séparation entre l’usage de drogue et le trafiquant, mettant fin ainsi à une symbiose néfaste pour l’application de l’ordre public.
Confisquer et réutiliser les biens du crime
En France, on confisque les biens du crime organisé de manière incomplète, en raison d’un cadre restrictif qui contraint les magistrats à prouver le lien entre le bien saisi et l’infraction.
En attendant de nous mettre au niveau de l’Italie (nombreuses confiscations sans condamnation pénale du propriétaire), il faudrait voter au plus vite une loi de réutilisation sociale de ces biens.
Au lieu de vendre aux enchères la villa du trafiquant de drogue, elle doit revenir à l’intérêt général. Certes, certains biens issus du trafic de stupéfiants sont parfois réaffectés vers les forces de l’ordre. Mais moderniser le parc automobile de la police grâce à la confiscation ne permet pas de lutter contre le consensus social des gangsters.
Une loi permettrait de recycler ces biens au profit de la population et d’animer l’économie sociale et solidaire : les maisons des criminels pourraient être transformées en centres culturels ou d’apprentissage, en établissements de soins pour les toxicomanes ou en lieux d’hébergement pour les immigrés.
Le patron d’une grande brasserie d’Aix-en-Provence est accusé de blanchiment pour le compte du clan Barresi-Campanella. L’établissement doit être confisqué pour y accueillir les jeunes des quartiers aux universités d’été de la lutte contre la corruption.
La réutilisation à des fins culturelles des biens saisis aurait une très forte valeur symbolique et pédagogique. Elle permet de détruire le capital social du crime organisé et confère à l’Etat son autorité auprès des populations qui se réapproprient le fruit du trafic. Dans sa ville, le citoyen qui passe devant le bien devenu utile peut se dire : « Pour une fois, le crime ne paie pas. » C’est, enfin, la seule manière d’impliquer la société civile dans une prérogative régalienne.
Après un an de travaux, la Commission européenne contre le crime organisé, la corruption et le blanchiment (Crim) a rendu ses premières conclusions. En mai, la commission Libertés civiles, justice et affaires intérieures de l’UE a demandé aux Etats membres de faciliter la confiscation des avoirs criminels. Elle leur a aussi conseillé de réutiliser les avoirs confisqués pour des projets d’utilité sociale. Qu’attend le gouvernement français ?