Articles avec le tag ‘infiltration dans l’économie légale’
« Victor : nettoyeur »
« Les cochons dévorent rapidement les corps à condition de les mettre à la diète pendant une semaine«
Depuis 2001, un tueur de la ‘Ndrangheta collabore avec la justice. Il est donc un collaborateur de justice et non un « repenti » puisqu’il ne se repent de rien. Il change de vie et passe du côté de la légalité et de l’état de droti. Cela se révèle utile car depuis 2001, on connaît les secrets des ‘ndrines (familles mafieuses calabraises) de Cosenza (cf. Opération Terminador).
Entre 1998 et 2000, des chefs de famllies de la zone décidèrent de s’unir en confédération afin de se répartir les appels d’offre de l’autoroute A3 (en photo) et de faire le mènage. La nouvelle stratégie avait obtenu l’aval de la ‘ndrine Mancuso de Limbadi très influente dans la région (cf. ‘Ndrines, armes et contrôle du territoire). Il s’agit encore d’une information précieuse obtenu grâce à un colloborateur de justice, le « contabile » (« comptable » de l’organisation en question).
Les ‘ndrines faisaient appel à des tueurs professionels. En 2000, le tueur collaborateur de justice en question a participé à un massacre à la kalashnikov sur la place d’un village (deux morts et un blessé). En 1998, il avait assassiné un jeune vendeur de drogue « nommé Chiarello » puis l’avait découpé en morceau à la hache. Le soldat de la mafia était devenu « un ange de la mort » capable de désosser les cadavres, les dissoudre dans l’acide ou de les faire rôtir dans des barils de naftaline. Mais le meilleur moyen de ne pas laisser de trace était l’utilisation des cohons!
« Ils mangent tout y compris les cheveux, en une demi heure, il ne reste plus rien« .
Heurseusement que « Victor le nettoyeur » (Nikita) est devenu collaborateur…
Fait à partir de l’article d’Arcangelo Badolati de la Gazzetta del sud
Arrêté grâce aux écoutes… il se cachait à Marseille
Le 25 juin, Giuseppe Falsone, le chef de la province mafieuse d’Agrigento, a été arrêté par la police. Giuseppe Falsone figurait dans la liste des 30 « latitanti » (fugitifs) les plus recherchés. Cette victoire de l’Etat sur la mafia est le résultat d’écoutes judiciaires bien menées alors que le gouvernement actuel veut en réduire la portée (cf.Extorsion-flash kidnapping).
Il a été arrêté à Marseille, comme le fut en 1991, Domenico Libri, boss de la mafia calabraise. En 2003, Bernardo Provenzano, le chef de la mafia sicilienne (cf. L’arrestation du chef de la mafia : une victoire à point nommé) se fit opéré dans une clinique privée de la région. En 2009, un autre mafieux sicilien fut arrêté en France (cf. Arrestation de mafieux en France, rien de plus…).
Le chef mafieux sicilien arrêté le 25 juin avait une fausse carte d’identité française dont le nom appartenait à un complice (cf. Infiltrations mafieuses en France).
En France, la mafia n’existe pas mais on s’amuse bien quand même :
Joint venture grand-banditisme français-Camorra
La Camorra à Paris : quand le boss roulait en Lamborghini sur les Champs
Le capitalisme produit-il de la mafia?
Vengeance transversale ou conséquence de la mondialisation?
Il avait 18 ans et sortait d’un pizzeria de Taurianova en Calabre lorsque les sicaires font éclater une pluie de balles. Francesco Maria Inzitari est le neveu de Nino Princi, tué dans l’explosion de sa voiture en mai 2008 (cf. Voiture piégée en Calabre). Pour les enquêteurs, il s’agit vraisemblablement d’une « vengeance transversale » de la ‘Ndrangheta (cf. Vengeance “transversale” à Rosarno?).
Francesco Maria Inzitari décède car il est le fils de Pasquale Inzitari, ancien adjoint au maire de Rizziconi et conseiller provincial de l’UDC (centre-droit). Pasquale Inzitari avait été arrêté en mai 2008 pour concours externe en association mafieuse. En septembre dernier, la justice avait saisi 55 millions de biens lui appartenant. Pasquale Inzitari était d’abord proche du clan Crea, dominant à Rizziconi (cf. L’Italie et les stéréotypes) qui a permis la construction du plus grand centre commercial en Calabre. Des membres du clan Crea ont acheté plusieurs terrains agricoles y compris par la menace, le conseil municipal (dissout en juillet 2000 pour infiltration mafieuse) a alors modifié le plan d’occupation des sols, rendant les terrains constructibles. Les complicités politiques remontent jusqu’au conseil régional qui modifié la législation afin de permettre la construction d’un centre commercial pourtant interdit jusqu’ici. C’est sur ce terrain qu’a été construit la grande surface, appartenant en partie à Inzitari. Mais les rapports entre Inzitari et les Crea se sont peu à peu détériorés. Profitant de l’arrestation du boss Teodoro Crea, Inzitari fait entrer Antonino Princi (et par là même le clan Rugolo, cf. La mafia calabraise, une histoire de familles) dans le capital social du centre commercial. Une insulte pour le clan Crea… et un grain de sable dans la mécanique économique mondialisée comme en témoigne ce reportage :
Infiltrations mafieuses en France
Après l’arrestation d’un mafieux sicilien (cf. Arrestation de mafieux en France, rien de plus…), la police française a, le 24 novembre, mené une vaste opération contre un réseau de blanchiment et de corruption sur la Côte d’Azur, menant des perquisitions ou interpellations à Menton, Beausoleil, La Turbie, Roquebrune, Aix-en-Provence… Une quinzaine de personnes ont été placées en garde à vue dont les maires de Beausoleil et de Berre-les-Alpes), le camorriste Giovanni Tagliamento, un truand fiché au grand-banditisme et des entrepreneurs d’une importante société de BTP de la Côte d’Azur. Des perquisitions ont également été menées à la mairie et au service d’urbanisme de la commune de Beausoleil. La plupart des personnes ont été remises en liberté à l’issue de leur garde à vue.
voir aussi le reportage de Marc Dana (soir 3) effectué en collaboration avec l’administrateur du site mafias.fr :
Pour ceux qui ne peuvent voir la vidéo voici le lien, cliquez sur mafias en France (http://www.youtube.com/watch?v=pvPFEpwQPMY et passer d’internet explorer – technologie « fermée » de Microsoft- pour http://www.mozilla-europe.org/fr/firefox/)
Pour comprendre l’expansion mafieuse qui débute dans les années 70 :
« … La spéculation immobilière puis le trafic de stupéfiants ont enrichi les mafias désormais contraintes à étendre certaines de leurs activités en Europe. Cependant, les organisations mafieuses se sont adaptées aux milieux rencontrés. Au sein des diasporas, le contrôle du territoire est plus pressant.
A l’image des pays où l’Etat est très présent, la France a constitué un lieu de repli, de transit pour les trafics et surtout une place de blanchiment. Depuis les années soixante-dix, les mafieux se sont installés à Paris, sur l’axe rhodanien, sur la côte d’Azur et dans les Antilles afin de fuir la justice italienne ou les représailles d’autres clans. De 1982 à 1999, la police française a procédé l’arrestation de dix sept mafieux de haut rang… ». Extrait de la thèse de science politique les mafias italiennes et la fin du monde bipolaire, page 201 à paraître.
Pour en savoir plus : le rapport de recherche Falcone sur la criminalité organisée en Europe en cliquant sur le document suivant :
Infiltration mafieuse dans l’économie légale…
ou infiltration légale dans l’économie mafieuse?
Retrouvez un reportage de 3 minutes (France 3, 19-20, 26/07/2009).
Si la vidéo ne s’affiche pas : cliquez sur ce lien : mafias et grandes surfaces
Une troisième amnistie fiscalo-mafieuse
Sur le site Italopolis (l’Italie à Paris ), retrouvez mon article évoquant le troisième « bouclier fiscal » adopté par le gouvernement italien.
Cliquez sur le lien suivant : Une troisième amnistie fiscalo-mafieuse
Bonne lecture
200 millions d’euros saisis à la mafia calabraise
Préssenti sur ce site (la folle semaine de la ‘Ndrangheta)
Le 22 jullet 2008, la Garde finances a saisi le « café de Paris » à Rome. Situé via Veneto, en face de l’ambassade des Etats-Unis, le café de Paris est le symbole de la dolce Vita. D’après les magistrats, l’établissement en question est passé aux mains de la puissante ‘ndrine (nom donné aux familles mafieuses calabraises) Alvaro (cf violence programmée) en 2005. Le clan en question l’aurait acquis pour 250 000 euros par l’intermédiaire d’un prête-nom. Le magistrature a aussi mis sous séquestre des entreprises, des commerces, des immeubles et des voitures de luxe. L’ensemble des ces biens serait évalué à 200 millions d’euros. Cette saisie renforce l’analyse selon laquelle les mafias italiennes, infiltrant l’économie légale, ont jetté leur dévolu sur la capitale romaine.
Gomorra au gouvernement ?
Au mois septembre 2008, le » repenti » a affirmé que les députés Mario Landolfi (Alliance nationale) et le sous-secrétaire du gouvernement Berlusconi, Nicola Cosentino, étaient des référents du clan des Casalesi.
L’homme politique de Forza Italia, Nicola Cosentino, avait des intérêts dans la société Eco 4 qui récoltait les déchets dans la province de Casal di Principe (région de Naples) et dont le gérant a été assassiné pour avoir parlé à des magistrats ( N°73. Le premier « cadavre exquis » des « ecomafias » ).
Gaetano Vassallo : « Je déclare que j’ai agi pour le compte de la famille mafieuse Bidognetti qui gérait la société Eco4 à travers les frères Orsi. Ces derniers payaient un pot-de-vin de 50 000 euros par mois [au clan nda]. Je peux dire que la société Eco 4 était gérée par les députés Nicola Cosentino et Mario Landolfi… je me suis présenté personnellement pour donner les 50 000 euros comptant à Sergio Orsi et à Cosentino. La rencontre a eu lieu dans la maison du député [originaire de la région nda]. Cosentino a reçu la somme dans une enveloppe jaune et Sergio Orsi m’a informé sur son contenu ».
On comprend pourquoi le nouveau gouvernement n’est pas pressé de mettre en place la Commission parlementaire antimafia.
Voici une vidéo tirée de Biutiful Cauntri
L’Italie, ses déchets, son béton et ses mafias
Au printemps dernier, Naples croulant sous les déchets, le monde ne voyait plus l’Italie comme le pays des musées. Une élection et une compétition de football après, un constat s’impose, l’Italie est le pays des «écomafias».
L’écomafia. Le mot apparaît en 1999 pour désigner les activités criminelles qui portent atteinte à l’environnement. On parle aussi de la criminalité environnementale. Pour l’année 2007, Legambiente, une association pour la protection de l’environnement, estime que les écomafias ont rapporté 18 milliards d’euros, dont plus de 50% aux quatre mafias italiennes. Les écomafias renforcent le pouvoir de la mafia sur son territoire et elles dynamisent leurs liens avec les institutions et avec les acteurs économiques.
«Archeomafia». Le mot désigne les trafics d’œuvres d’art par la mafia qui prélève souvent son butin à la source, sur les sites archéologiques.
«Zoomafia». Les mafieux organisent des courses clandestines de chevaux, des combats de chiens, et gèrent les paris clandestins ainsi que la commercialisation des produits dopants. Quoi de plus ? La zoomafia met facilement en évidence le contrôle mafieux du territoire. Les courses des chevaux se déroulent sur les routes départementales ou sur les plus importantes artères des villes, expressément fermées au trafic. Ainsi, en 2004, une course a même eu lieu sur le périphérique de Palerme !
Le «cycle du ciment». Ce circuit criminel regroupe les constructions sans permis, l’excavation illicite de matériaux de construction, comme le sable ou la terre, et l’infiltration des appels d’offres. En Italie, on commence d’abord par faire construire sa maison sans permis, ensuite on vote pour le centre droit qui promulgue une loi de régularisation. L’annonce de la régularisation incite alors les citoyens à construire sans permis. Et la droite reste au pouvoir…
Le «cycle des déchets» ou l’icône de la criminalité environnementale. Le système économique italien produit chaque année environ 108 millions de tonnes de déchets. Il s’agit de 28 millions de tonnes de déchets domestiques et de 80 millions de tonnes de scories industrielles. Pour la plupart, ces déchets ne sont pas traités. Une seule politique : la mise en décharge. Parfois ils sont emballés en attendant que l’on trouve le moyen de les traiter comme sur la photo.
Les entrepreneurs du Nord ont organisé le traitement illégal de leurs déchets :
– toxiques: ils sont déclassés à un niveau de dangerosité inférieur et sont déposés dans des décharges légales, ou bien ils sont employés comme fertilisants; ils peuvent aussi être abandonnés dans des hangars de propriété inconnue.
– classiques: ils sont déposés dans des décharges illégales. L’Italie en est parsemée. Celles-ci sont en général des carrières dont les entreprises «marrons» se servent pour s’approvisionner en sable, en terre ou en pierre, dans le cadre de cycle du ciment. Les déchets remplacent alors les matériaux de construction. En remplissant ces trous béants avec des déchets, les criminels dissimulent les excavations illégales.
– Enfin, les déchets peuvent être brûlés comme c’est le cas, notamment, en Campanie. La culture de l’illégalité étant généralisée en Italie, les dirigeants d’entreprises publiques se débarrassent aussi de leurs déchets avec l’aide de la mafia. Les écomafias sont un parfait exemple de convergence entre les mafias, les milieux économiques et des secteurs de l’administration.
Un cas d’école. La région de Naples est la plus peuplée d’Italie. Le tri sélectif s’élève à moins de 5 %. Les décharges publiques sont saturées. Les compagnies de ramassage des ordures sont souvent aux mains des clans de la Camorra bénéficiant d’un réseau de complicités. Les entreprises de la Camorra vont chercher les déchets du Nord et les déversent dans des décharges légales et illégales. Un repenti de la Camorra napolitaine déclarait devant la commission parlementaire antimafia : «Les ordures valent plus que l’or.»
Dans l’arrière-pays napolitain, seul le clan contrôlant sa zone a le droit de déverser des déchets. Celui qui le ferait sans l’autorisation de la famille mafieuse serait puni de mort. Ainsi à Ponticelli, le clan Sarno sous-traitait les écomafias à la communauté rom. Le clan faisait payer le pizzo, l’impôt mafieux, aux Roms pour les autoriser à habiter des baraques de fortune. Les mafieux permettaient aux Roms de faire le tour des petites entreprises pour récupérer les matériaux polluants età les en débarrasser contre une dizaine d’euros.
Le clan des Casalesi a recouvert la province de Caserta de décharges illicites. Désormais, de grandes quantités de déchets, surtout liquides et inflammables, sont brûlées pendant la nuit, libérant de la dioxine dans l’atmosphère. Nombre d’animaux des fermes environnantes ont été empoisonnés par les retombées chimiques. Les instances sanitaires ont fait abattre les animaux et ont retiré du marché les produits afférents à leur exploitation.
Biutiful cauntri. C’est un documentaire choc qui sort aujourd’hui dans les salles françaises (1). On y voit l’arrière-pays napolitain saturé de décharges. Il illustre le problème national de sécurité et de santé publique posé par les écomafias. En effet, le taux de cancer dans l’arrière-pays de Naples est le plus élevé d’Italie.
Les caméras d’Esmeralda Calabria, la réalisatrice, filment les camions venus du Nord pour décharger des scories industrielles
sur des terrains fertiles. A l’aide d’écoutes téléphoniques, on peut entendre le cynisme d’une criminalité en col blanc qui fait alliance avec les mafieux sur l’autel de la rentabilité. Dans une scène-clef du film, un militant pour l’environnement demande à visiter une décharge publique. Le vigile lui refuse l’entrée au motif qu’il s’agit d’une propriété privée !
Et pourtant, on garde espoir. Raffaele del Giudice, le Don Quichotte du film, démontre que la société napolitaine dispose
d’anticorps pour sortir de cette situation, mais la volonté politique manque…