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« La magistrature ne sert à rien! »

Le 29 février 2008, Giuseppe Riina a été libéré de prison. La photo à gauche représente Giuseppe Riina quittant la prison de Sulmona dans la région des Abruzze.
Celui-ci n’est autre que le troisième fils de Salvatore, Toto Riina, le chef de la mafia sicilienne de 1983 à 1993 (cf.Toto Riina commande la mafia sicilienne de sa cellule!).

Au cours des années 2000, les policiers avaient placé des micros dans la voiture du jeune Riina. L’étude des enregistrements ne laissait planer aucun doute. Giuseppe Riina tentait de reprendre en main une « cosca », un clan mafieux. En 2004, il avait été condamné en première instance pour association mafieuse. Depuis, Giuseppe Riina attendait le procès d’appel. Parce que les termes légaux de sa détention provisoire étaient dépassées, et conformément aux règles de droits, la Cour de cassation l’a libéré. Giuseppe Riina est, certes, interdit de séjour à Palerme. Il doit, certes, signer au commissariat les lundi, mercredi et vendredi. Il n’a, certes, pas le droit de fréquenter d’autres personnes déjà condamnées par la justice. Il n’a pas, non plus, le droit de sortir entre 20 heure le soir et 7 heure du matin. 

L’ensemble de ces mesures n’a jamais empêché un mafieux d’exercer ses prérogatives. En se rendant au commissariat, il ridiculise l’Etat incapable de le priver de liberté. Puis, Giuseppe Riina compte faire condamner l’Italie par la Cour européenne des droits de l’homme pour la longueur de son procès. Et, comme nous vivons dans des Etats de droit; le fils de plus sangunaire des parrains va gagner.

L’Etat itatlien boira, alors, le calice jusqu’à la lie; se décrédibilisant auprès d’une population sicilienne souvent fataliste.          
Le procureur national antimafia, Piero Grasso ne s’y est pas trompé en affirmant qu’en Italie, « les magistrats ne servent à rien ». Dans ce pays, les forces de l’ordre font un travail remarquable pour arrêter les mafieux. Cependant, la justice italienne, lente et empêchée par les politiques, n’arrive pas à mettre les mafieux hors d’état de nuire. 

L’impuissance relative de la justice est le principal allié des mafias italiennes.

Le jeux des sept erreurs mafieuses

Jouez avec moi. Trouvez l’erreur au sein des multiples arrestations :

  • Le 07 avril 2008, la police a arrêté neuf personnes proches du clan Santapaola de Catane. Ces personnes sont accusées d’extorsion de fonds et d’usure. Elles ont prêté 25 000 euros à un commerçant qui devait rembourser cette somme à des taux d’intérêt variant entre 72 et 120% par an. Parmi les personnes arrêtées, figure un policier de 46 ans qui serait intervenu en faveur de son frère impliqué dans les opérations d’usure de la cosca, la famille mafieuse en question.
  • Le 8 avril 2008, la police a arrêté une avocate accusée d’avoir favorisé le boss Giuseppe Falsone. Ce dernier, en fuite, serait le chef de la mafia d’Agrigento.
  • Le 16 avril 2008, la direction antimafia a arrêté un géomètre de 53 ans. Ce fonctionnaire du conseil général de Caltanissetta est accusé de corruption, de concussion et extorsion de fonds contre trois entreprises du bâtiment. Il recevait de l’argent et du matériel en échange de d’attribution de travaux sur les routes départementales. Les enquêteurs le pensent lié à une cosca de la zone.
  • Vendredi 18 avril 2008, la police a arrêté Luigi Distatefano, 34 ans, présumé chef de la puissante cosca Santapaola de Catane.
  • Le 22 avril 2008, un entrepreneur d’Agrigento a dénoncé la personne qui lui demandait le pizzo, l’impôt mafieux. Le racketteur, âgé de 31 ans , appartiendrait à la cosca de Porto empedocle dirigée par le boss Gerlandino Messina. Ce dernier est latitante, en cavale. Le racketteur est lui-même entrepreneur et il était conseiller municipal de la ville de Realmonte.
  • Le 23 avril 2008, un entrepreneur de Palerme a dénoncé son extorqueur. Ce dernier était chef d’entreprise. Les complices de cet entrepreneur avaient déjà été arrêtés parce qu’ils figuraient sur des pizzini de Salvatore Lo Piccolo.
  • Le 23 avril 2008, la police de Caserta en Campanie a arrêté une vingtaine de personne proches du clan Belfiore. Ce clan de la Camorra contrôle la ville de Marcianise et les communes avoisinantes. Parmi les complices du clan, il y aurait des medecins, des agents de la police pénitenciaire ainsi que deux femmes.

    L’erreur est au chapitre 4 (à la ligne 17). La personne arrêtée est seulement un mafieux… Pour les autres opérations, les personnes arrêtées sont des entrepreneurs voir des fonctionaires ou bien ils exercent des professions libérales. Sans ces complices, la mafia n’est rien. C’est pourquoi les mafieux et leur complices forme un corp social : « la bourgeoisie mafieuse » (U. Santino Csd). Pour comprendre ce concept, vous pouvez lire les articles suivants (art. 8. 1621.25. 33. 43.44).

Jeunesse et hérédité de Silvio Berlusconi

Avec cette article, nous commençons, une longue série concernant la biographie du nouveau président du Conseil italien : une vie truffée de mystères.

Silvio Berlusconi est né le 29 septembre 1936 à Milan. Il est le premier de trois enfants, deux garçons et une fille.  Son père, Luigi Berlusconi, est employé à la Banque Rasini. Sa mère,  Rosa Bossi, est femme au foyer. Cela commence mal. La banque Rasini est une des banques des familles mafieuses de Palerme. Silvio Berlusconi fréquente dès son plus jeune âge un milieu obscur. Un psychologue dirait que son père a réussi sa transmission…

En 1954, il obtient le baccalauréat, section lettres classiques, au lycée catholique Copernic et s’inscrit en droit à l’université d’Etat de Milan. Il fait occasionnellement du porte-à-porte pour vendre des brosses électriques. Il fait également des photos lors de mariages et d’enterrements. Il joue de la basse et chante dans l’orchestre d’un ami d’enfance, Fedele Confalonieri, mais aussi sur des bateaux de croisière.  En 1957, il a son premier emploi occasionnel dans le secteur de l’immobilier et de la construction.

La mafia et le monde de la santé

Le 18 avril 2008, Giovanni Mercadante, ancien conseillé régional de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi (cf. sommet de la bourgeoisie mafieuse),  a obtenu la résidence surveillée.
Il était pourtant placé en détention provisoire dans le cadre de sa mise en examen pour association mafieuse. D’après les magistrats, Mercadante, n’est pas complice de la mafia, il en fait partie!
Giovanni Mercadante été libéré pour raisons médicales. Il souffrirait d’une grave dépression et il n’existe pas d’établissement pénitencier de ce type en Sicile.

Conclusion :  les hôpitaux publics dans le sud de l’Italie sont dégradés parce que la mafia et ses complices médecins détournent les fonds publics (cf. Contrôle judiciaire contre Bourgeoise mafieuse). Lorsque la magistrature poursuit un des responsables, elle le libère parce que le système de santé est défaillant…

Breaking news : en 2012 Giovanni Mercadante a été acquitté après avoir été condamné en appel pour concours externe en association mafieuse.

 

De la saisie à la confiscation; de la mafia à l’Etat?

palmi mafiaCette semaine, la compagnie de la Garde des finances de Palmi, dans la province de Reggio (sur la carte à gauche), a saisi et confisqué des biens appartenant à la ‘ndrine Romola. Cette famille mafieuse serait liée à la ‘ndrine Parrello. A Palmi, sur la côte ionniene dans le golf de Gioia, les ’ndrines Parrello et Gallico  (cf.Pâques en Calabre) se disputent la leadership du locale de Palmi. Le locale est une circonscription mafieuse en Calabre.

La confiscation, c’est à dire la saisie définitive, concerne un immeuble en front de mer et une importante entreprise de réparation de bateaux. L’ensemble de ces biens est estimé à 300 000 euros. La valeur des saisies provisoires s’élèvent à 1 millions d’euros Chaque année, les forces de l’ordre saisissent 7% des biens mafieux. La confiscation définitive est estimée à seulement 3%. Enfin, la réutilisation de ces biens posent de grandes difficultés à l’Etat italien. Dans le cas présent, que faire de l’entreprise nautique si personne n’ose reprendre activité commerciale? La réutilisation de biens mafieux est une arme capitale dans la lutte contre les mafias. La confiscation fait reculer l’impunité à condition qu’il y ait une volonté politique de réutiliser le bien. La spécialité des politiciens complices de la mafia est de laisser dépérir le bien saisi. La population se rend compte alors que l’Etat est impuissant et elle se plie au pouvoir de la famille mafieuse…

De la Stidda et de l’avenir de la lutte antimafia…

Le mardi 15 avril 2008, dans le cadre de l’opération « High », les policiers du commissariat de Gela, une ville sicilienne au bord de la mer de Sicile, ont arrêté quatre membres de la Stidda. La Stidda signifie l’étoile ou l’écharde en dialecte sicilien (photo à gauche). La Stidda serait la cinquième organisation mafieuse italienne. Aujourd’hui alliée à Cosa nostra, elle se réorganise. Depuis le mois de septembre 2007, quatre nouveaux stiddari, pourtant soumis au régime de la liberté surveillée, rackettaient des chefs d’entreprises de Gela.
Comment souvent maintenant (art.24), les magistrats insistent pour dire qu’ils n’ont pas fait appel à un collaborateur de justice, autrement dit un repenti. Les commerçants ont, pour leur part, avoué avoir payer le pizzo, seulement une fois qu’ils se sont vus sur la vidéo de la police.
Effectivement, avec la victoire du centre-droit aux dernières élections législatives, les magistrats, les collaborateurs de justice et les commerçants courageux vont avoir la vie dure.
Maintenant que Marcello Dell’Utri (art.33) et Salvatore Cuffaro (art),
tous deux condamnés pour avoir favorisé la mafia sont élus sénateurs, que peuvent dire les mafieux au juge ? 

« Ma ! Signore Giudice, maintenant que la mafia est à Rome, vous n’allez pas me casser les couilles pour quelques extorsions ! »

Contrôle judiciaire contre Bourgeoise mafieuse

Le 12 avril 2008, la justice  a placé Mimo Miceli sous contrôle judiciaire. Mimo Moceli est un ancien assesseur à la mairie de Palerme. Il appartient à l’Udc, le parti du centre démocrate-chrétien.Mimo Miceli, médecin, a été condamné à 8 ans de prison pour complicité d’association mafieuse (cf. Un sénateur condamné par une justice italienne sophistiquée)

En Italie, les droits de la défense sont très affirmées et on ne va pas souvent en prison après avoir été condamné en première instance. Les juges demandent donc que ce complice  de la mafia ne quitte pas Palerme, qu’il reste à son domicile de 21h à 7h et qu’il signe au commissariat trois fois par semaine.
Pour les magistrats, le médecin Miceli est « dangereux pour la société« . En effet, il a été réintégré dans ses fonctions à l’hôpital à l’issu de sa détention provisoire. Il peut prendre d’importantes décisions en particulier dans le monde de la santé. Il est mesure d’entretenir le pouvoir mafieux et la gestion clientéliste des postes au sein de la fonction publique hospitalière.

Conclusion : la mafia seule n’existe pas. Elle fait partie d’un corps social plus large que l’on peut nommé « Bourgeoise mafieuse ») (U. Santino CSD). Mimo Miceli en est l’un des membre.

Saisie des biens mafieux et élections législatives

cosenza mafiaSamedi 5 avril 2008, la police, sur instruction de la justice italienne, a saisi des biens appartenant à Francesco Costa, un mafieux calabrais. Le groupe de Francesco Costa contrôlerait l’Alto Jonio Consentino, la zone la plus au nord de la province de Cosenza qui se trouve à la limite de la région des Pouilles ; (mini carte de la province de Cosenza à gauche). Francesco Costa, a été impliqué dans les grandes enquêtes « Galassia » et « Omnia ». Il a été condamné pour des délits d’usure avec la circonstance aggravante « mafieuse ». Il serait allié aux ‘ndrines Forastefano et Portoraro qui constituent avec d’autres le clan des « Zingari » (traduisez « des gitans »). La valeur des avoirs saisis avoisinerait 35 millions d’euros. Parmi ces biens, il y a une importante structure hôtelière de Sibari, des magasins, des entrepôts, des appartements, des terrains, des automobiles de grosses cylindrées, des polices d’assurances et des comptes bancaires. La saisie des biens mafieux est un outil juridique qui fait reculer l’impunité en Italie. Une fois qu’un tribunal décide la confiscation définitive de ces biens, ceux-ci peuvent être réemployés à des fins sociales. Par exemple, la maison de Toto Riina, l’ancien chef de la mafia sicilienne, est aujourd’hui un centre pour les jeunes de Corleone. Au cours des derniers mois de la législature 2001-2006, le gouvernement Berlusconi proposait que les membres de la famille soient prioritaires pour racheter les biens saisis à un mafieux. Silvio Berlusconi sait-t-il que les mafias sont fondées sur le concept de la famille ?

13 avril 2008, élections législatives…

Pâques en Calabre

Bunker mafia
Dimanche 24 mars 2008, les forces de police de Reggio et de Palmi ont arrêté Rocco Gallico, 43 ans et chef mafieux recherché depuis 2002 pour « association mafieuse ». Rocco est le frère de Domenico et Giuseppe, tous deux condamnés à la prison à vie et de Carmelo, sortie de prison il y a peu.
Ce chef de ‘ndrine, la famille mafieuse calabraise, se cachait dans un refuge bunker (cf. art.10). La photo en haut représente l’entrée d’un autre bunker. Cet abri était situé sous le sol d’une villa, lui même recouvert d’une cheminée. Sa famille avait rejoint cette maison pour fêter le dimanche de Pâques. Il s’agit de la même villa dans laquelle avait été arrêté son frère, Carmelo en 1992.
La police a saisi un viseur nocturne, un scanner et des détecteurs de « micros-espion » comme de caméras à circuit fermé. Ces objets sont les nouvelles armes des policiers pour retrouver les mafieux en cavale.
Le mafieux a donc été trahi par son envie de voir sa famille. Les policiers, eux, n’ont pas pu fêter Pâques avec la leur, de famille.
Vidéo :

Leçon de légalité par un collégien et un handicapé mental

Le 10 août 2007, un tueur, envoyé par le clan Di Lauro, a assassiné Nunzio Cangiano, 46 ans, appartenant au clan des « sécessionnistes » de Secondigliano dans la périphérie nord de Naples. Du point de vue de la logique mafieuse, Nunzio Cangiano, aurait eu le tort de passer du côté du clan Amato-Pagano, « les sécessionnistes », qui semblent sortir vainqueur de leur affrontement avec les Di Lauro. Ces derniers ont donc tué Nunzio Cangiano pour sa trahison. On appelle cela la « violence programmée » (Umberto Santino-Csd). Le tueur, Mario Buono, 22 ans, s’est présenté devant un parc d’attraction et a froidement tiré sur le camorriste qui attendait dans la file, avec sa femme et ses enfants.

Un témoin, âgé de 13 ans, a reconnu le tueur et a accepté de collaborer avec la justice. Vous pouvez retrouver les détails folkloriques de ce témoignage dans un article de Libération.
Le jeune témoin est désormais protégé dans un lieu tenu secret par peur des représailles. Il va au collège et joue au Football quelque part dans une localité du Nord de l’Italie. Les mauvaises langues prétendent que cette nouvelle vie est une chance pour l’adolescent courageux. Le milieu dont il provient est bien plus défavorisé. C’est sans tenir compte que sa vie est à jamais bouleversée.
Sur les territoires de la mafia, ce type de collaboration est rare. Cependant, le 18 novembre 2006, un jeune homme de 20 ans, atteint du syndrome de Down, a reconnu un tueur de la Camorra lors d’un meurtre survenu à Castellamare di Stabia (littoral napolitain). Les juges ont déclaré son témoignage crédible et ils ont accepté qu’il témoigne prochainement devant la Cour d’Assise.
Le comportement de ces deux citoyens est en totale contradiction avec celui des politiciens italiens. Le gouvernement Berlusconi, de 2001 à 2006, a promulgué plusieurs lois favorisant la mafia comme celle du rapatriement des capitaux blanchis à l’étranger. En 2006, le centre-gauche avait été élu sur la promesse d’abroger ces lois. Depuis 21 mois, les électeurs attendent ces réformes.
En Italie, un adolescent et un handicapé mental donnent des leçons de courage et de légalité à la classe politique.
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