Articles avec le tag ‘impunité’

Mondialisation : arrestation à Rome d’un mafieux calabrais après la fuite des Africains

Le « latitante » (en cavale), Domenico Belloco a été arrêté à Rome, la capitale de l’Italie, état de droit (cf. Italie : état de droit!). Il est l’héritier le plus actif de la ‘ndrine (famille mafieuse) Belloco qui domine la zone de Rosarno. Domenico gérait le trafic de drogue, d’armes et le racket. Il avait pour mission de mettre en place de nouvelles alliances avec d’autres familles mafieuses. En effet, les tensions avec le clan Pesce, allié des Belloco depuis 30 ans, sont importantes (cf. Vengeance « transversale » à Rosarno?).

Cela n’a pas empêché les clans de Rosarno de chasser les immigrés qui travaillaient depuis 10 ans comme des esclaves (photo à gauche) dans les plantations d’agrumes (cf. article de La croix sur les évènements de Rosarno ).

Une action à mettre en parallèle avec la chasse des Roms organisée à Naples et le meurtre des 6 Africains l’année dernière :

La Sicilienne rebelle

Voir "cinéma" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafiaCe samedi 12 septembre, l’association Anteprima (cliquez) nous conviait à une avant première, celle de « La sicilienne » de Marco Amenta, au Cinéma du Panthéon, 13 rue Victor Cousin 75005 Paris ainsi qu’à un débat riche de spécialistes (Fabrice Rizzoli et Claude Ducouloux-Favard).

Voir "femme et mafia" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia

Rita

Il s’agit d’un film sur Rita Atria, jeune sicilienne de Partanna (Province de Trapani) qui grandit dans une famille mafieuse. Son père et son frère, tous deux mafieux du clan Accardo, sont tour à tour assassinés en 1985. En 1991, Rita (en photo) décide de collaborer avec le magistrat Paolo Borsellino, en poste à Marsala. Au début, la jeune Rita témoigne pour se venger des assassins de son père et de son frère. On suit alors l’évolution psychique de cette femme qui veut d’abord se venger comme on le fait dans la mafia pour ensuite demander justice (et non plus faire « vendetta ») comme on le fait dans une société démocratique. On comprend la solitude que traverse les collaborateurs de justice qui vivent sous une autre identité coupés de leur racine mais sous protection de policiers dévoués (dont le plus proche d’elle sera assassiné). Au mois de juillet 1992, lorsque le juge Paolo Borsellino est à son tour assassiné, Rita perd sa dernière raison de vivre. Elle se suicide en se jettant de son appartement à Rome.

Voir "femme et mafia" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafiaLe film est aussi un film sur les femmes dans la mafia, ses femmes qui subissent ou participent à la mafia (cf. De la mafia calabraise, de la mémoire et des femmes et Pas de femme, pas de mafia (en photo la couverture du livre de Liliana Madeo « donne di mafia »). Le personnage de la mère qui transmet les codes culturels mafieux (loi du silence…) et qui dénigre sa fille parce qu’elle décide de passer du côté de l’Etat de droit. Un film sur la mafia à étudier en classe comme la bande dessinée Brancaccio (cf. Une BD pour comprendre le phénomène mafieux).

Voir "négociation" et "terrorisme" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia

Via d'Amelio

Une critique de vérité historico-mafieuse s’impose cependant. Le film laisse à penser que le juge Paolo Borsellino a été assassiné par le clan de Partanna contre lequel Rita témoigne. En réalité, des soldats aux ordres des Corléonnais (Toto Riina, Bernardo Provenzano et Leoluca Bagarella qui avait déjà éliminé le juge Falcone, cf. Bon anniversaire Giovanni) ont placé la bombe (en photo l’attentat). Il semble que les Corléonais qui commandait la mafia sicilienne ont agi avec l’assentiment de certains milieux politico-financiers qui voulaient changer de régime après l’effondrement de la Démocratie chrétienne. En 1993, la mafia sicilienne et ses complices poseront d’autres bombes à Florence, à Rome et à Milan.

Et, en 1994, un nouveau régime verra effectivement le jour…

L’Italie : ce pays modèle

ROME, 29 mai 2009 (AFP) – Les ministres de l’Intérieur et de la Justice des  pays du G8 sont réunis vendredi et samedi à Rome pour discuter de la lutte contre le crime organisé, le terrorisme, l’immigration illégale et de l’amélioration de la sécurité en milieu urbain. Les ministres de l’Italie , des Etats-Unis, de l’Allemagne, de la France, de la Russie, du Japon, du Royaume Uni et de Canada se sont d’abord penchés vendredi matin sur la lutte contre le crime organisé, en particulier le patrimoine des gangs internationaux « L’Italie  a la bonne recette dans la lutte contre la mafia et son patrimoine illégal et les autres pays ont demandé à partager notre expérience », a déclaré à la presse le ministre Roberto Maroni à l’issue d’une première session des travaux ( L’Italie, la Calabre et les anticorps ). « Nous avons ainsi saisi 4,9 milliards d’euros de biens mafieux en 2008, le triple de ce que l’on avait saisi l’année précédente », s’est-il félicité ( De la saisie à la confiscation; de la mafia à l’Etat? ). Selon un communiqué du ministère italien de l’Intérieur, M. Maroni et son homologue américain, Jane Lute, ainsi que le ministre américain de la Justice, Eric Holder, ont signé jeudi soir un « accord de renforcement de la coopération dans la prévention et dans les enquêtes sur les formes graves de criminalité ». Cet accord prévoit un échange automatique des données contenues dans les banques d’empreintes digitales et d’ADN des deux pays.

Réunis dans l’ouest de la capitale, les hauts responsables doivent aussi discuter de la criminalité informatique et de pédophilie sur internet avant de s’attaquer aux problèmes de l’immigration illégale, de la traite des êtres humains et de l’intégration des immigrés dans la société d’accueil. Pour la première fois dans le cadre d’un G8, les ministres discuteront samedi de la sécurité en milieu urbain en raison de la « sensibilité internationale croissante » au lien entre qualité de la vie et sécurité en milieu urbain. La dernière session des travaux sera consacrée à la lutte contre le terrorisme, à son évolution sur le plan international et à la coopération anti-terroriste, selon le ministère. Le commissaire européen à la Justice et à la Sécurité Jacques Barrot, le secrétaire général d’Interpol Ronald Noble, des responsables d’agences de l’ONU ainsi que des ministres de République tchèque — pays présidant l’Union européenne — participent à la réunion du G8.

La rencontre est présidée conjointement par M. Maroni et son collègue de la Justice Angelino Alfano (Des statistiques à la réalité de la lutte antimafia ).

Arrestation de mafieux en France, rien de plus…

Le 13 mars 2009, les forces de police française ont arrêté un membre de Cosa nostra (sans l’article défini), l’organisation mafieuse sicilienne. Salvatore Adelfio, 42 ans a été arrêté en 1997 et en 2002 pour association mafieuse et trafic de drogue. Son père, Giovanni Adelfio, est aussi détenu pour association mafieuse. Salvatore Adelfio avait échappé à l’opération Old Brige menée conjointement en février 2008 par les polices italienne et américaine, qui avait permis l’arrestation de 81 mafieux des deux continents. L’enquête de la police italienne et espagnole, avait permis de découvrir que le mafieux se cachait en Espagne, près de Malaga. Au total, plus d’une dizaine de responsables de différentes mafias italiennes ont été arrêtés depuis 2006 en Espagne, pays faisant figure de principale porte d’entrée européenne pour la cocaïne sud-américaine et le haschisch marocain.

Donc, les mafias sont des phénomènes italiens et la drogue provient d’Espagne. En revanche, en France, aucune information ne permet de savoir ce qui se passe, sauf lorsqu’on apprend que le chef de la mafia sicilienne est venu se faire soigner dans une clinique du Sud de la France… (L’arrestation du chef de la mafia : une victoire à point nommé ).

Premier meurtre de mafia en direct?

Après le passage à tabac (cf.Violence programmée : étape numéro 1, il pestaggio), au mois de novembre 2009, la modernité nous offre une exécution mafieuse en directe. Le 11 mai 2009, (article la Repubblica octobre 2009) nous sommes dans le quartier « sanità » de Naples (cf. Education à la soumission dans les bacs à sable), et les caméras filment un acte de violence programmée très certainement « intra clan » vu le pedrigrée de la victime. Etait il nécessaire d’envoyer à la fille du défunt les photos du meurtre? La violence est un langage (cf.La Camorra punit les repentis) et il faut punir doublement la famille de la victime! Voir la vidéo ci dessous :

Omicidio di camorra in diretta par Video-Reporter


L’avocate suisse et l’absence d’impunité en Italie

 Il était une fois une avocate suisse en cavale en Italie. Martina N., 47 ans, arrive dans un  hôtel de luxe Florence. Elle prend une des plus belles chambres, celle utilisée par le président du Conseil lors d’un récent voyage. Pas de chance ! L’établissement en question, qui accessoirement accueillait un colloque contre l’usure en présence du procureur de Florence Quattrocchi, collabore, comme 2 500 autres à Florence, avec la préfecture pour la communication « one line » des données des clients. A une heure du matin, le voyant rouge s’allume à la préfecture. Martina N. est une criminelle en col blanc en cavale ! En 2005, elle a été condamné par la Cour d’appel de Reggio en Calabre. Pourquoi ? Elle a été condamné à deux ans de prison pour association de malfaiteur. Elle était une « taupe » au sein d’une banque allemande pour le compte de la très puissante ‘ndrine (une famille mafieuse calabraise) Morabito. En 2000 , le magistrat antimafi Gratteri l’a accusé être l’insoupçonnable « terminal » de la « section informatique « des trafics illicites. Elle auraient fourni en temps réel des informations sur des titres de crédits émis par l’un des principaux instituts bancaires européens.
A 6h du mat, les policiers de la police judiciaire l’ont réveillé et ont perquisitionnée sous les yeux ébahis de son compagnon.

Dans la mafia, vaut mieux être en haut de la « pyramide » pour ne pas subir la répression de la magistrature.
La mafia calabraise est la mafia numéro un, elle possède une bourgeoisie mafieuse dont cette avocate est l’exemple.

En Italie, il existe quatre mafias mais il existe aussi les meilleurs outils pour lutter contre ce phénomène comme ne témoigne le dispositif mis en place à Florence.
L’avocate aurait du « descendre » dans un palace parisien, elle ne risquait rien…

Justice « escargot » ou classe politique défaillante?

Le 15 avril, 22 personnes proches du clan Strisciulglio, un des plus importants de la ville de Bari dans la région des Pouilles (le talon de la botte), ont été libérés en dépit de leur condamnation en première instance. Le 16 janvier 2008, après des années d’enquêtes, la justice avait, au cours d’un « maxi-procès », condamné en première instance, 161 personnes. Depuis, le magistrat, seul pour écrire les 161 motivations de la sentence, n’a pas pu assurer cette obligation. En droit les condamnations ne sont donc pas effectives. En conséquence de quoi, les délais de la détention provisoire des prévenus condamnés à des peines inférieurs à dix ans d’emprisonnement courent toujours. Le terme de la détention provisoire étant dépassés, les magistrats sont contraints de libérer les prévenus pourtant condamnés pour association mafieuse ou trafic de stupéfiants en bandes organisée. L’Italie est un état de droit démocratique. Il accepte que le droit triomphe sur l’arbitraire même lorsqu’il s’agit de libérer des mafieux patentés. Deux d’entre eux, très dangereux, risquent de se livrer à la latitanza (la cavale) pour réorganiser le clan. L’espoir demeure cependant. Une fois que le juge aura rendu ses motivations, le procès en appel pourra commencer et les policiers rattraperons les fuyards comme ils l’ont fait pour Giuseppe Riina (« La magistrature ne sert à rien! » ) et Salvatore Caramuscio ( De la scu à l’Etat de droit ).

Les « libérations » légales mais contraintes de mafieux dangereux pose un problème. (Libérations de mafieux dans la région des Pouilles). Elles ridiculent l’Etat de droit aux yeux de la population déjà sujette à accepter la loi du clan plutôt que celle de l’Etat. Comme à chaque fois, les politiciens, en particulier de droite, en profitent pour fustiger « le magistrat escargot »… un comble pour une classe politique davantage habituée à reprocher aux magistrats de faire correctement leur travail contre la corruption des élus… En effet, le magistrat responsable est défendu par ses collègues : « on ne pas demander à un magistrat une obligation de résultat humainement impossible ». L’inaction de ce juge ne peut-être comparée à d’autre coupable (Huit ans pour une sentence! ). 161 motivations à écrire seul et avec d’autre dossiers nous oblige à remettre la faute sur les députées italiens, les mieux payés d’Europe, qui n’augmentent pas les crédits de la justice ( Des statistiques à la réalité de la lutte antimafia ).


De la Scu (Sacra corona unita-mafia des Pouilles) à l’Etat de droit

Le 8 mars 2009, il est 6h du mat quant les forces de l’ordre pénètrent dans une habitation de Cassano Murge près de Bari. Les policiers réveillent et arrêtent Salvatore Caramuscio en photo (reconnaissez que les faits dépassent toutes les fictions hollywoodiennes). Originaire de Lecce et âgé de 40 ans, Salvatore Caramuscio est membre de la Sacra corona unita (la Scu), la mafia de la région des Pouilles (Exécution dans le centre de Bari). En 2003, il aurait assassiné le gérant d’un bar, ce qui lui vaut  d’être arrêté. Au mois de septembre 2008, la justice le libère car les délais de sa détention provisoire sont dépassés… délais qui auraient été mal calculés…. Accusé de meurtre, d’association mafieuse et de trafic de drogue, il opte pour la clandestinité tout en continuant le racket des commerçants.

Pour la petite histoire, au moment de se faire menotter, Salvatore Caramuscio a félicité les policiers « vous avez fait un travail de scientifiques ». En Italie, les mafieux sont souvent plus respectueux du travail des forces de l’ordre que ne l’est la classe politique.

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Prison à vie et exécution sommaire

Il est 16h30 à Locri sur la côte ionienne de la Calabre. Domenico Cavaleri attend son fils devant l’école quand il est atteint de plus plusieurs balles de 7,65 mm à bout portant. Le premier projectile fait exploser la tête de la victime qui décède sur le coup.
Le défunt est le neveu de Cosimo et Antonio Cordi, les deux chefs de la famille mafieuse Cordi. On pense donc à la reprise de la guerre avec le clan des Cataldo, l’autre ‘famiille mafieuse de la ville. Depuis 20 ans, ces deux ‘ndines  (nom donné aux familles mafieuses calabraises) se livrent à une faidà, une guerre faite de vengeance sans fin comme c’est le cas à San Luca, non loin de Locri (  De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta )
Rapidement, les policiers excluent cependant la piste mafieuse. En effet, le défunt issu d’une famille puissante aurait pris l’habitude d’user de cette position. Le 17 mars dernier, au cours d’une partie de carte, Domenico Cavalieri aurait giflé un père de famille. Le fils de ce dernier aurait donc vengé le sgarro (l’affront) fait à son père. Un homme de trente ans en un tué un autre autre de quarante pour une gifle.
La police, sous le contrôle du procureur de la République, a commencé sa course contre la montre. Il s’agit de trouver le présumé meurtrier avant que la famille mafieuse ne fasse justice à sa manière.  Le présumé coupable peut éviter encore la mort mais pas la prison à vie. Récement, un fait similaire s’était produit en Calabre et la famille mafieuse avait été plus rapide que l’Etat italien ( Violence programmée ).

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Fin de la faida de San Luca

Le 13 mars 2009, la police hollandaise avec la coopération de la police de Reggio en Calabre, a arrêté Giovanni Strangio. Ce mafieux calabrais de 30 ans est le présumé chef de groupe qui a assassiné six calabrais le 15 août 2007 à Duisbourg en Allemagne ( De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta ).

Au moment de la tuerie, Giovanni Strangio était le chef du « locale » (une circonscription mafieuses calabraise) de Duisbourg. En « cavale » depuis 2007, il résidait dans la banlieue d’Amsterdam avec son beau-frère, Francesco Romeo. Ce dernier est aussi un mafieux de haut rang et en fuite (retrouvez les photos en cliquant sur ce lien du quotidien de la Repubblica). Les deux compare en fuite vivaient une vie normale avec leur femme et leur enfant mais se travestissaient avec des péruques et des lunettes. Dans l’appartement, les policiers ont saisi un million d’euros en liquide, des faux passeports et une machine pour fabriquer des faux documents.

Si les deux fuyards possédaient un million d’euros en liquide, cela signifie que leur patrimoine est 10 à 20 fois supérieur ( Des statistiques à la réalité de la lutte antimafia )

En outre, comme à chaque arrestation, policiers et magistrats rappellent que les écoutes judiciaires (téléphoniques et à distance) ont été capitales pour la réussite des opérations.

Or le gouvernement de centre-droit veut limiter les écoutes et la saisis des biens mafieux. En 2005, le gouvernement Berlusconi avait proposé que les biens saisis à un clan mafieux puissent être rachetés en priorité par les membres de la famille du mafieux…

Enfin, les enquêteurs ont précisé que l’épouse et le fils de Giovanni Strangio « étaient très choqués ». La femme n’a rien dit aux enquêteurs, a reçu une assistance de la part de la police hollandaise et ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire.

Rendez-vous donc dans dix ans pour savoir si le phénomène mafieux est un perpétuel (re)commencement ( Joyeux Noël ).

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