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De la mafia et de la politique
remporté les appels d’offre. Ceux qui ne respectaient groupe en question ont subi des attentats à la dynamite, ce qui alerte les forces de l’ordre. Au mois de juin 2005, il aurait fait incendier sept bétonnières de la société « Mediterranea costruzioni srl» qui réalise la consolidation de la galerie ferroviaire de Valdina.
Ces faits attirent l’attention des forces de l’ordre. A l’aide d’écoutes téléphoniques, de micros et de caméras, les carabiniers comprennent que deux sous-chefs, Tindaro Calabrese et Carmelo Salvatore Trifirò, prennent le contrôle de la cosca. Tindaro Calabrese, aurait complètement dépossédé son chef de la gestion des décharges publiques de Mazzara Sant’Andrea et Tripi, qui étaient depuis une dizaine d’années aux mains de vieux boss. Le 22 août 2007, un des entrepreneurs proches du chef emprisonné est assassiné. C’est le coup de grâce qui officialise un changement de génération.
La « nouvelle » cosca Mazzaroti tente d’obtenir de nouvelles adjudications de marchés publiques ; de la pose de fibres optiques pour le compte des communes, aux contrats de terrassement et à la fourniture de matériaux de construction de voie routière. Enfin, l’autre business des Mazzarrotti est le traitement des déchets dit « spéciaux » par exemple ceux provenant de la transformation des agrumes. Des sociétés de transports complices émettent des faux certificats de traitement puis déversent les déchets organique sur des terrains domaniaux. Parfois, ces déchets étaient revendus pour devenir des engrais.
Conclusions :
- Les mafieux ne respectent pas les « Anciens ».
- Les marchés publics enrichissent les familles mafieuses (art 30).
- Les activités de la mafia dégradent l’environnement, cela s’appelle les « écomafias ».
- Les chefs mafieux emprisonnés arrivent à communiquer avec leurs soldats dehors.
Quelques indications pour faire son choix politique :
Pour la première fois, la mairie de Rome dirigé par Walter Weltroni a détruit des constructions illégales symboles des écomafias. A contrario, le gouvernement Berlusconi (2001-2006) a réduit la portée du régime carcéral prévu pour les chefs mafieux. Ces derniers font pression sur les candidats de centre-droit pour abolir ce régime strict.
Élections législatives jusqu’à 15h, le lundi 14 avril.
Huit ans pour une sentence!
Petites conclusions :
Le comédien d’origine italienne, Coluche, disait que pour être viré de l’administration, après trois avertissements, le fonctionnaire recevait un blâme et qu’après trois blâmes…
- Etre juge et partie n’est jamais bon. Le Csm est aussi corporatiste que l’ordre des médecins ou que les « bœufs carottes »…
- Dans cette histoire, on oublie un peu vite que la magistrature accomplit un travail gigantesque avec peu de moyen.
- Cette anecdote est du « petit lait » pour la camp de Silvio Berlusconi qui fustige la magistrature,
« communiste qui ruine l’Italie » cit.
Mais, de 2001 à 2006, n’est-ce pas le centre droit de Berlusconi qui a gouverné l’Italie ? Quelle disposition le ministre de la justice, Roberto Castelli a t-il pris pour favoriser la justice contre la mafia ? Il a été décidé, entre autre, de dé-pénaliser le faux bilan…
Élections législatives le 13 et 14 avril !
Arrestations aux pieds de l’Etna
Mardi 25 mars 2008, les carabiniers ont arrêtés 15 personnes appartenant à une cosca, la famille mafieuse sicilienne, qui contrôle une partie du territoire de Bronte, Maletto et Maniace, la partie nord de la province de Catane. La photo à gauche représente une vue panoramique de la ville de Randazzo dans la province de Catane.
La cosca était dirigée par Francesco Montagno Bozzone, lui aussi arrêté. Cette cosca est liée aux familles mafieuses Mazzei-Cargnusi de Catane. Les prévenus sont asccusés d’association mafieuse, d’extortion, de trafic de stupéfiants et de ports d’armes prohibées.
Dans le cadre de cette opération, dénommée « trash », les enquêteurs ont découvert le racket exercé par les mafieux envers des entrepreneurs. Une société, du Nord de l’Italie et spécialisée dans le récolte des déchets, était racketée depuis deux ans. Cette opération avait déjà permis la découverte de deux kilos de marijauna et avait conduit à l’arrestation de quatre personnes.
Reste que la Direction provinciale des enquêtes antimafia (Dda) communique qu’elle a mené cette opération sans l’apport d’aucun collaborateur de justice. Comme si lutter contre la mafia avec l’aide de « repentis » était devenu « impropre ».
Les collaborateurs de justice sont indispensables à l’Antimafia. Sans la collaboration d’un proche de Pasqaule Condello, il semble que ce chef de la ‘Ndrangheta n’aurait pas pu être arrêté (art. 9). Le gouvernement Berliusconi (2001-2006) a limité à 6 mois la recevabilité de leurs témoignages ; une hérésie !
Rendez-vous le 13 avril, les Italiens votent à nouveau.
Bonne nuit Graziella
Le 18 mars, La Cour d’assise d’appel a confirmé la condamnation à vie des mafieux Gerlano Alberti (Jr) et Giovanni Sutera. En 1987, ces derniers avaient assassiné Graziella Campagna, 17 ans. La photo à gauche la représente peu de temps avant son décès. L’Etat italien a mis six ans à lui rendre justice. La mafia n’est pas le seul acteur de la société à avoir porté atteinte à cette jeune femme.
Les faits :
Un jour de décembre de 1985, la jeune femme travaillait dans une blanchisserie. Dans la poche d’une chemise, elle découvre des documents compromettant la « latitanza », la cavale, de Gerlando Alberti dans la région de Messine. Alberti était un chef mafieux très puissant. Il fit assassiner la jeune femme de cinq coups de fusil de chasse, lui défigurant volontairement le visage.
La mafia parle à la population :
La mise en scène de la cruauté constituaient un avertissement contre toutes personnes ayant des velléités de citoyenneté.
Graziella a été tué quatre fois :
- Une première fois par Cosa nostra le 12 décembre 1985.
- Une seconde fois par l’Etat italien. Après ce meurtre, ni les institutions ni la presse, n’ont cherché à résoudre ce crime odieux. Il semble que la région de Messine était un lieu de repli pour les trois mafias italiennes. Des complicités au sein des institutions ont passé leur temps à commettre des actes de « dépistages », terme italien pour indiquer l’altération des preuves et le conditionnement de la justice pour empêcher la manifestation de la vérité. L’enquête n’a été réouverte qu’en 1997; grâce à l’obstination du frère de la victime.
- Un troisième fois par la justice « escargot » italienne. En 2006, les prévenus avaient été libérés parce que les délais légaux de leur détention provisoire étaient dépassés (comme dans le cas de Giuseppe Riina, cf. art. 14).
- Une quatrième fois par le ministre de la justice. Au mois de novembre 2007, Clemente Mastella avait reporté la diffusion d’un téléfilm racontant l’histoire de Graziella. D’après lui, cette fiction télévisée conditionnait la bonne marche du procès en cours. Comment la vie d’une jeune femme de 17 ans aurait-elle pu altérer le principe d’un procès juste et équitable? Les mafieux n’ont-ils pas disposé des meilleurs avocats et de ressources économiques colossales pour assurer leur défense? Nous remarquerons que le ministre de la justice italienne raisonne comme les mafieux (cf. art. 18). Dans une autre affaire, des mafieux, par le bais de leurs avocats, ont attaqué le journaliste Saviano, considérant que ses articles conditionnaient leur procès!
Enfin, Clemente Mastella est le sénateur qui a fait chuter le gouvernement de centre-gauche au mois de janvier dernier. L’ancien ministre de la justice, mis en examen pour des délits de fraude, ne se sentait pas soutenu par ses camarades politiques. Si, comme les sondages le signalent, Silvio Berlusconi est élu au mois d’avril, Clemente Mastella aura contribué activement à remettre au pouvoir un homme politique dont la carrière doit beaucoup à la mafia (Na n°35 cf2r.org ).
Graziella a été assassiné quatre fois parce que les personnes chargées de lui rendre justice n’ont pas accompli leur mission. Elles ont assuré 23 ans d’impunité à la mafia et ont renforcé son pouvoir.
Cosa nostra s’engage-t-elle, à nouveau, sur la voie du terrorisme ?
Après avoir opté pour une stratégie terroriste de 1992 à 1993 sur l’ensemble du territoire italien1, Cosa nostra a subi d’importants effets « boomerang », comme celui de la réaction des autorités2 et celle du phénomène des repentis (cf. 12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993). Depuis lors, la mafia sicilienne a opté pour une autre stratégie, celle de « l’invisibilité » sous le commandement symbolique de Bernardo Provenzano « en cavale » depuis 40 ans3. Cependant, des événements récents pourraient conduire à la fin de cette pax mafiosa.
Dans la soirée du 29 octobre 2005, les forces de l’ordre 4 ont arrêté deux membres de la mafia de Gela dans le Sud de la Sicile, parce qu’ils préparaient un attentat contre le juge Ottavio Sferlazza. D’après les enquêteurs, le plan était dans sa phase conclusive puisqu’il était question d’utiliser une grosse quantité d’explosif sur la route Caltanissetta-Gela, empruntée quotidiennement par le magistrat.
Le premier élément d’analyse réside dans l’importance de la cible. Sferlazza était jusqu’il y a peu président de cour d’assise dans de nombreux procès concernant précisément l’assassinat de juges5 . Le plus célèbre demeure celui du massacre de Capaci6 contre le juge Falcone en 1992. Ottavio Sferlazza, est réputé pour sa grande sévérité, car il a condamné de nombreux chefs mafieux, en particulier ceux de Gela. Or, les deux mafieux arrêtés, Salvatore Azzerello (29 ans) et Paolo Palmeri (38 ans7 ), appartiennent au clan Rinzivillo de Gela, ce dernier étant même considéré comme le « gérant » de cette famille mafieuse.
Le magistrat a été placé sous haute protection et des perquisitions sont en cours afin de découvrir quels autres membres de l’organisation ont projeté l’attentat. En outre, l’affaire est suivie de près par la Direction nationale antimafia (DNA)8 , car un élément est particulièrement inquiétant. En effet, le plan a été révélé par un commerçant non connu des services de police qui, après avoir été ruiné par le racket, a été recruté pour préparer l’attentat. Utiliser des personnes extérieures à l’organisation pour commettre un délit mafieux aussi important est une démarche rare et peu sûre. Ces événements en sont la preuve. Ce mode opératoire tend à démontrer qu’il s’agissait d’un acte de vengeance local qui n’avait l’aval de la hiérarchie. Or, la famille Rinzivillo est sous le contrôle du « boss » Piddu Madonia, fidèle allié du chef de Cosa nostra, Bernardo Provenzano, celui la même qui a opté pour une organisation « souterraine ».
Par conséquent, si le clan Rinzivillo a opéré avec « l’autorisation », nous sommes en présence d’un changement de stratégie historique. En revanche, si le clan a agi de sa propre initiative, il a pris le risque de provoquer des tensions au sein même de l’organisation. Les mafias sont caractérisées par la notion de contrôle de territoire. Puisque l’attentat devait avoir lieu entre Caltanissetta et Gela, dans le centre de la Sicile, une région discrète mais à forte densité mafieuse, il fallait l’assentiment des familles sous peine de déclencher une guerre de mafia.
Par ailleurs, cette tentative d’attentat arrive après le meurtre de Maurizio Lo Iacono9 à Particino, à 30 km de Palerme, le 4 octobre 2005. Maurizio Lo Iocono, chef mafieux émergent de 34 ans, récemment sorti de prison, profitait de la crise de la famille de Vito Vitale10 pour étendre son influence. Les enquêteurs pensent logiquement que le clan Vitale a fait tuer l’entreprenant Lo Iacono. Cependant, la victime était un proche de Bernardo Provenzano, ce qui peut faire penser, non pas à un simple règlement de compte, mais à une rupture de l’équilibre qui anime la pax mafiosa des dix dernières années.
Enfin, le 16 octobre 2005, le vice-président de la région Calabre a été assassiné par des hommes de la ‘Ndrangheta, l’organisation criminelle de type mafieux calabraise (cf. L’assassinat du vice-président de la régio calabraise : un meurtre politico-mafieux). Si les deux évènements de Sicile et de Calabre n’ont pas de rapport direct entre eux, ils sont à intégrer dans une réflexion plus large sur le contexte politico-mafieux italien à l’approche des élections législatives d’avril 2006.
Ainsi, en dépit des nombreux succès des forces de l’ordre11 , il semble une fois encore que la partie contre la mafia se joue à Rome.
- 1Cf. Fabrice Rizzoli, « L’Etat italien face au terrorisme mafieux », Actes du colloque « Etat et terrorisme », Démocraties, 12 janvier 2002, publiés aux éditions Lavauzelle, collection Renseignement et guerre secrète, p. 45.
- 2Arrestations des principaux chefs corleonais : Salvatore (Toto) Tiina, Leoluca Bagarella, etc.
- 3Mais qui s’est fait opérer en France l’année dernière.
- 4Le mandat été émis par le procureur Francesco Messineo, le substitut Roberto Di Natale, les magistrats près la Direction provinciale antimafia Nicolo Marino et Antonino Patti. Les arrestations ont été effectuées par la police de Caltanissetta et de Gela.
- 5Chinnici, Antonino Saetta et le capitaine de carabiniers Emmanuelle Basile.
- 6Le 23 mai 1992, entre Palerme et l’aéroport de Punta Raisi, à la hauteur de la ville de Capaci, 550 kilos d’un mélange de TNT et de nitroglycérine caché sous une conduite d’eau souterraine explosait sous la chaussée de l’autoroute !
- 7Propriétaire d’une entreprise de transport, a déjà été condamné pour extorsion, trafic de cocaïne, d’héroïne et de marijuana.
- 8La DNA a un nouveau procureur Pietro Grasso et c’est la polémique car le gouvernement Berlusconi a tout fait pour empêcher la nomination d’un autre procureur bien plus expérimenté en la matière : Gian Carlo Caselli, ex-procureur de Palerme.
- 9Fils de Francesco Lo Iacono, vieux mafieux de premier ordre du capomandamento (canton au sens mafieux) de Particino.
- 10Vito Vitale est depuis longtemps en prison avec ses frères et ses soeurs dont une (Giusy) est devenue collaboratrice de justice.
- 11Arrestation de deux chefs, un de Cosa nostra (Umberto di Fazio du clan Santapaola de Catane) et un de la ‘Ndrangheta (Sebastiano Strangio arrêté au Pays-Bas) au mois d’octobre.