Opération Persée, le dieu qui décapita la méduse…
En 2006, après l’arrestation de ce dernier, les magistrats ont évité la guerre entre deux prétendants Nino Rotolo et Salvatore Lo Piccolo, en les arrêtant tous les deux ( Cosa nostra sicilienne : la succession du » capo dei capi « ). Depuis, les vieux chefs sortis de prison et des jeunes pousses voulaient recréer la commission : « Nous ne devons pas faire comme les Napolitains, chacun pour soi, nous devont trouver l’harmonie ». Les écoutes judiciaires ont permis de connaître les noms des nouveaux « hommes d’honneur » en particulier ceux des cadres de l’organisation qui gèrent les mandamenti de Palerme (Corso Calatafimi, Rocca Mezzo Monreale, Resuttana, Acquasanta, Porta Nuova, Altarello, Pagliarelli, Palermo Centro, Borgo Vecchio, Uditore, Borgo Molara Monreale, San Giuseppe Jato, San Cipirello, San Mauro Castelverde et Termini Imerese)…
Les écoutes font aussi état de l’intérêt de Cosa nostra pour la politique. Les « hommes d’honneur » évoquent leur stratégie visant à soutenir l’élection de « candidat de confiance ».
Ces arrestations amènent à deux remarques.
– A l’échelle de l’organisation, le coeur de la mafia c’est Palerme et son arrière-pays. Les chefs mafieux de Palerme demandaient l’avis à Matteo Messina Denaro, chef de la mafia de Trapani, en vertu de son rapport privilègié avec Toto Riina et aussi de son ancienneté (Matteo Messina Denaro a posé les bombes à Milan, Rome et Florence en 1993). Cependant, à l’étude des écoutes on comprend que Matteo Messina Denaro ne décide pas pour Palerme.
– A l’échelle de l’Italie, on comprend pourquoi le gouvernement en place veut restreindre les écoutes judiciares aux délits punis de plus de 15 ans d’emprisonnement. En effet, de nombreuses condamnations contre la mafia et leurs complices ont été obtenues grâce à des écoutes judiciaires qui mettaient en lumière des détournements d’appels d’offre ou des faits de corruption ; des délits dont la condamnation est de moins de 15 ans… La restriction des écoutes judiciaires n’est qu’une petite partie d’un plan de réformes prévu par le gouvernement de droite, appuyé par des forces vives de l’opposition de gauche, pour affaiblir le pouvoir de la justice en particulier celui des procureurs.
La mafia et une partie de la classe politique italienne ont en commun de vouloir faire disparaître le contrôle de la légalité par la magistrature. Or le contrôle de la légalité est indispensable au bon fonctionnement d’une démocratie.
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