Articles avec le tag ‘consensus social’
Catturandi contre latitanza : état de droit contre impunité
Un très bon reportage de Marc Dana sur l’équipe des Catturandi (le livre) qui traque les mafieux en cavale. Mettre fin à la latitanza des mafieux est très important il fait baissé le niveau d’impunité. En outre, chaque jour passé en dehors d’une prison permet aux mafieux d’accroitre leur consensus social (cf. Arrestation du « boss » Tegano et du consensus social). Les soldats se baladent dans les cafés et disent « regardez ces idiots de flics pas capables d’attraper un homme seul de 60 ans… et qui n’a rien fait… » La plus longue latitanza est celle de Bernardo Provenzano, 43 ans, (cf.L’arrestation du chef de la mafia : une victoire à point nommé). Dans cette vidéo, on peut voir l’arrestation de Francesco di Fresco (cf.Le cercle se ressère autour de Matteo Messina Denaro).
PS : Encore bravo Marc mais cela fait 10 fois que je te répète qu’on dit pas La Cosa Nostra (mafia italo-américaine) mais Cosa nostra sans article défini 🙂
Bon visionnage:
Les funérailles grandioses : démonstration de pouvoir
Au mois de mars avait lieu les funérailles d’Amalia Stolder, 51 ans. Elle était la femme du boss de Forcella de la Camorra napolitaine. Dans le quartier Forcella de Naples règne le clan des Giuliano et le convoi mortuaire était composé d’un « carrosse funéraire » tiré par 6 chevaux noires. Amalia Stolder était aussi la sœur du boss Raffaele Stolder, libéré en mars 2008 après 17 ans de prison pour trafic de stupéfiants et arrêté à nouveau en octobre 2009. On notera qu’ici la femme du clan obtient les honneurs, très certainement pour avoir joué un rôle important quand les hommes étaient en prison (cf.Pas de femme, pas de mafia). Ce type de funérailles serve à démontrer le pouvoir du clan et obtenir du consensus social (cf. Arrestation du « boss » Tegano et du consensus social) et les mafias italiennes ne sont pas les seules à utiliser cette arme.
Au mois décembre 2010, un biker d’Amsterdam était abattu à coups de calibre (cf. To be mafia or not to be), voilà comment la communauté Hells a réagi : une centaine de membres de toute l’Europe ont défilé en moto (photo à droite)
L’arme qui peut tuer la mafia : la réutilisation des biens confisqués
En Italie, il existe 4 mafias (ou 5 avec la Stidda) puissantes (publication), les organisations criminelles étrangères (albanaise, nigérianne chinoise, russe…) et le banditisme classique mais aussi une magistrature indépendante et les meilleurs outils de lutte contre la mafia ; institutionnels, parlementaires, législatifs et la société civile. Au coeur de ce dispositif unique monde, se situe la confiscation (cf. enjeu politique majeur) et plus précisément la réutilisaiton de ces biens mal acquis (cf. La confiscation en France : la vidéo); loi obtenu par référudum organisé par le réseau Libera.
Confisquer la maison du boss et la tranformer en theâtre de la légalité revient pour l’état de droit à contrôler le territoire, accumuler du capital et créer du consensus social… une partie des armes de la mafias 🙂
Aprés un premier le reportage, voici un second un second excellent
L’université : objectif des mafieux
« Comment s’appelle déjà l’examen que je dois passer?«
Le 19 novembre 2010, les magistrats antimafias ont mis 11 personnes (professeurs, étudiants et employés de l’université) en examen car elles auraient aidé le clan Pelle de San Luca (cf. De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta) a truqué les tests d’admission et les épreuves à l’université d’architecture de Reggio.
L’enquête est partie des lettres qu’envoyait Antonio Pelle, 24 ans arrêté au mois d’avril 2010. Ces lettres de prison étaient remplies d’erreurs d’ortographe et de syntaxe. Rien de grave sauf à trouver étrange qu’il ait, en 2009, réussi 22 examens en licence d’architecture à l’université Méditerranée de Reggio. Plus étrange fut la réussite de 9 examens en un mois et demi au printemps 2009 au point que les carabiniers décident d’écouter à nouveau les bandes à disposition depuis trois ans car Antonio Pelle était sur écoute pour d’autres raisons (3. Extorsion-flash kidnapping)
Le 2 août 2009, Antonio Pelle est au téléphone avec un ponte univeristaire et lui demande « quel est le nom de mon examen? »…. et des exemples croustillants comme cela, il y en a un wagon à disposition des enquêteurs (118 coups de téléphone au secrétariat de l’université en 3 ans). La famille Pelle offrait aux professeurs de la viande pour les fêtes, en particulier l’agneau pascal (cf. Pâques en Calabre). Le 29 aôut dernier, le jeune Pelle avait demandé l’autorisation au juge de quitter sa cellule à Reggio pour passer un examen, preuve que la réussite scolaire est devenu un priorité pour les mafieux.
Dans une écoute téléphonique, le capobastone de la ‘ndrine, Giuseppe Pelle affirme aussi contrôler les tests d’admission à Catanzaro en Calabre mais aussi ceux de l’université de médecine à Messine (Sicile). Donc le même mafieux qui aprend à un allié à fabriquer un bunker (cf. 1.« Dessine moi un bunker ») qui donne des leçons Extorsion, d’autorité mafieuse et d’organisation mafieuse n’oublie pas de le monde universitaire.
ccl :
Mafieux, professeurs, étudiants et employés de l’université forment un corps social criminel : une bourgeoisie mafieuse (cf. 300 arrestations : voir article du Figaro)
La mafia Calabraise exerce une influence sur le nord de la Sicile
Contrôler l’université permet d’acquérir du consensus social auprés de citoyens demandeurs de faveurs…
Restons « ZEN »
Samedi 12 décembre, lors d’un cours sur les mafias, j’attaquais la partie consensus social (cf. Les étrangers : instruments de la Camorra) qui repose souvent sur un autre concept celui du « sous-développement organisé ». Pour résumer : dans le Sud de l’Italie, il y a des richesses économiques mais les infrastructures font cruellement défaut (services, transports, éducation, santé : cf. La mafia et le monde de la santé…). Le chômage est de 20% … Ainsi, les mafieux et leurs complices qui forment une « Bourgeoise mafieuse » sont en mesure de faire des faveurs (permis de construire, emplois saisonniers, place en clinique privée…) à la population qui doit leur rendre au centuple.
C’est à ce moment du cours que je prends comme cas d’école l’exemple du quartier Zen (localisé sur la carte et qui n’a de « zen « que le nom 🙂 comme on peut le voir dans la vidéo plus bas ). J’explique que le mot « Zen » doit avoir une origine grecque ; la Sicile ayant profité de toutes les influences (cf. La mafia taxe l’eau et l’electricité des plus défavorisés).
En réalité, « Zen » veut dire Zone d’Expansion Nord…. comme quoi on sait qu’une chose c’est qu’on sait rien.
Spéciale dédicace à tous les étudiants qui écoutent les « bêtises » des profs 🙂
Le Vatican et la mafia : le compte n’y est pas!
En visite en Sicile, le Pape Ratzinguer a déçu les militants antimafias (article du Point). Et pour cause, il a joué un petit jeu qu’on connait bien dans le milieu de l’antimafia, il a parlé de « crime organisé » au lieu de « mafia ». Cela relativise l’importance du péhénomène mafieux. A contrario du crime organisé, la mafia conditionne fortement la population (cf. Les ‘ndrines et le consensus social).
Les mafieux adorent le relativisme. Ils se baladent dans les cafés et disent « Ma! Nous, on n’est pas le crime organisé, on est la justice et l’honneur... »
Les mafieux ne s’y sont pas trompés. En représailles de ce timide discours, ils ont « juste » posé une bonbonne de gaz devant le centre Padre Nostro à Palerme. Ce centre implanté à Brancaccio (cf. Une BD pour comprendre le phénomène mafieux a été créé par le Père Pino Puglisi assassiné en 1993 par le clan Graviano (les frères Graviano commandent toujours sur le territoire en dépit de leur incarcération au régime 41 bis du code de procédure pénal…). Ils l’ont assassiné précisement parce qu’il renversait le consensus social qu’accordaient les jeunes aux mafieux au profit de la légalité, de l’école…
A contrario, en 1993, Jean Paul II avait pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise condamné fermement la mafia et inviter les mafieux à se « convertir à la loi de dieu » . Au moment même ou les mafieux devenaient en masse des « repentis » (des collaborateurs de justice) ; – de « convertitevi » à « pentitevi« , il n’y avait qu’un pas sémantique que les mafieux n’ont pas accepté. En représailles, les mafieux déclenchèrent la terreur avec trois bombes contre des édifices religieux (cf. 12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993).
Pour me faire comprendre, voilà ce que devrait dire l’Eglise pour être en harmonie avec la lutte antimafia :
« La mafia est contraire aux lois du Christ et à celle de l’état de droit, repentissez vous puis collaborez avec la justice (cf. Eglise et mafia)«
SMS mafieux au pays du Calcio
Les Italiens sont dingues de foot (4 coupes du monde), cela se savait. Ils sont fous de téléphone portable (en 1993, j’ai vu que les habitants de Parme avaient déjà tous un GSM (de la taille d’un grille pain mais un GSM quand même) alors qu’en France, on lançait le Bi-Bop. Oui mais en Italie, il y a la mafia.
Le mois dernier, le jounal la Stampa a révélé que des mafieux détenus selon l’article du 41 bis du code de procédure pénal arrivaient à communiquer avec l’extérieur. Comment?
Leur famille envoyait des sms à une émission de télévision qui les faisait défiler à l’écran. (voir photo) . Le programme en question, « Quelli che il calcio » qui, le dimanche après-midi, traite de Football pendant 5 heures sans avoir le droit de montrer un but…
L’émission a arrêté les SMS mais cela ne constituait qu’un moyen parmi d’autres pour les chefs mafieux de communiquer avec l’extérieur. On pense à ce boss qui a pu s’exprimer au journal télévisé par l’intermédiaire de sa fille (cf. Les ‘ndrines et le consensus social).
Arrestation du « boss » Tegano et du consensus social
Le 26 avril, la police a arrêté un superboss de la ‘Ndrangheta (la mafia calabraise). Giovanni Tegano, 70 ans, figurait parmi les 30 personnes les plus recherchées en Italie. Après, la vague d’arrestation qui a suivit le massacre de Duisbourg (cf. De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta) et l’arrestation de Pasquale Condello (cf.L’arrestation de Pasquale Condello ; le dernier grand parrain calabrais ?), il s’agit d’une belle victoire pour l’Etat titalien (cf.Italie : état de droit!). Il fait reculer l’impunité, une impunité incarnée par le fait que les mafieux se livrent à de longues « latitanza » (fugue, cavale). En effet Giovanni Tegano était recherché depuis 17 ans. Au moment de son arrestation, Giovanni Tegano était à Reggio en Calabre, armé et en compagnie de 5 personnes.
La victoire est entaĉhée… Au moment de sa sortie du commissariat, une foule attendait le boss pour l’applaudir. Des personnes, en partculier des femmes criaient « Giovanni, uomo di pace! (tu es un homme de paix) » (sur les femmes et la mafias, cf. Pas de femme, pas de mafia et Article sur les femmes et la mafia).
Un des pilliers du pouvoir mafieux est le consensus social (cf. Les ‘ndrines et le consensus social). Au quotidien, les mafieux distribuent des faveurs et des emplois en raison d’un « sous developpement organisé » qui règne en Italie du Sud (cf. La mafia taxe l’eau et l’electricité des plus défavorisés)
On peut voir la photo et la vidéo ci dessous. :
Un chef mafieux, un vieux de la veille… arrêté à Milan
Je vous présente Gaetano Fidanzati, 75 ans, un des plus grands trafiquants de drogue de la mafia sicilienne. Le 5 novembre 2009, il a été arrêté dans les rues de la capitale lombarde… Milan la plaque tourante des stupéfiants en Italie ; un carrefour entre le Balkans et l’Espagne… un trait d’Union entre ces « méchants » dealers du Sud et les « gentils » banquiers suisses (cf.Les blanchisseurs de la mafia et L’avocate suisse et l’absence d’impunité en Italie).
Aprés avoir purgé une peine de prison, Gaetano Fidanzati était revenu à la tête de la cosca (la famille mafieuse sicilienne) d’Acquasanta, un quartier stratégique de Palerme parce qu’il abrite les chantiers navals. Depuis octobre 2008, Gaetano Fidanzati est recherché par la police. Il aurait fait tuer son gendre réputé violent avec sa famille.
Comprenez, le boss Gaetano Fidenzati a appliqué la « violence programmée » en tuant un membre de sa famille qui ne respecte pas les preceptes mafieux comme celui de « tu tiendras ta famille biologique sans te faire remarquer« . En tuant son gendre, le chef mafieux entretient le consensus social en démontrant qu’il administre la justice sur son territoire (ici en faisant assassiner un père de famille violent cf. Violence programmée)
A propos de consensus social, aprés avoir tenté de mentir sur son identié, le vieux boss n’a opposé aucune resistance et a demandé une cigarette aux policiers. Le vieux singe mafieux à qui on apprend pas à faire la grimace doit savoir que les policiers vont parler à la presse de cette attitude. La presse va alors relayer l’image d’un mafieux qui accepte la répression (cf.Le mafieux, ce grand communicant) et renforcer son image de puissance… le cycle recommence…
Lobbying antimafia à Bruxelles
Le mardi 1er décembre, le groupe Flare (Freedom, Legality and Rights in Europe), organisait une manifestion devant le Conseil des ministres de l’Union européenne à Bruxelles. Flare est le premier réseaux (issu de la société civile) contre le crime organisé transnational.
La présence de Flare dans la « capitale » de l’Union avait pour but de convaincre les ministres de la justice des 27 pays de l’Union réunis en Conseil que les fonds confisqués au crime organisé doivent être utilisés à des fins sociales. Ce dispositif législatif utilisé en Italie donne des résultats encourageants (cf. De la saisie à la confiscation; de la mafia à l’Etat?). Par exemple, la maison confisquée au chef de la mafia sicilienne, Salvatore Riina (cf. Leçon de communication mafieuse par Toto Riina) est aujourd’hui un centre culturel (cf. la Croix). De point de vue ciminologique, ce procédé est très efficace parce qu’il prive les mafieux de consensus social (cf. Les ‘ndrines et le consensus social).
Dans la rue, les militants ont joué à CONFISCOPOLIS, un jeu de société avec lequel on confisque des biens mal acquis.
Comme les photos en témoignent, la manifestation (autorisée par les autorités) fut une réussite et ce en dépit d’une première intervention de la police qui nous a fait remballer. Le magistrat Luigi de Magistris nouvellement élu député européen, les médias, la police… et surtout le commissaire Jacques Barrot ont entendu le message. Ce dernier en particulier s’est déclaré favorable à la réutilisation des biens confisqués au crime organisé à des fins sociales (cf. déclaration)
Confiscopolis Le quartier général avait autorisé la manifestation jusqu’à 15h mais sur le terrain, les agents de police avaient un ordre de mission qui indiquait 13h. Il aura fallu l’intervention d’un officier de la police des renseignements généraux pour recommencer la manifestation. |
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Le député Luigi De Magistris | |