Articles avec le tag ‘confiscation’
Violence programmée en Corse
Il est 18h20 en ce dimanche 5 novembre à Biguglia (Haute-Corse 10 kilomètres au sud de Bastia) quand Florian Costa, 30 ans conduit sa voiture vers son domicile. Que dit-il à ses enfants de âgés de huit mois et quatre ans? A son bébé qui trouve sur la place passager, il fait une caresse sur les cheveux ; la dernière. Florian n’a pas le temps de sortir son calibre quand les sicaires en embuscade font pleuvoir les balles. Il décéde mais les enfants sont saufs. Les assassinats devant des enfants ne sont pas rares dans le monde du crime organisé (cfr. La guerre des ‘ndrines de Crotone n’épargne pas les enfant et Petit « Luigi » deviendra grand)
Florian Costa est le neveu de Jacques Costa maire et conseiller général de Moltifao. Il est aussi le neveu de Dominique et Maurice Costa, figures du grand banditisme corse. Dominique Costa a été mis en examen en mai pour plusieurs infractions financières. Maurice Costa est un des membres fondateurs de la brise de mer. Il était recherché depuis six mois dans le cadre de la même affaire, s’est présenté lundi à la gendarmerie de Moltifao (Haute-Corse) avant d’être iberé aprés 24 de garde à vu.
L’assassinat en question : un acte de violence programmée?
La confiscation : le reportage
L’Italie c’est 4 mafias puissantes mais c’est aussi les meilleurs outils juridiques ; la loi d’association mafieuse et sa constructioon jurisprudentielle, le concours externe en association mafieuse (cf. Un sénateur condamné par une justice italienne sophistiquée, la dissolution des assemblés élues pour infiltrations mafieuses (cf. Au conseil municipal : « tous mafieux ), la … direction nationale des enquêtes antimafias (cf. Au mois de mai, on dit : merci « poulets »!)… mais aussi et surtout la loi sur la confiscation des biens criminellement acquis (cf. La confiscation : enjeu politique majeur).
Reportage :
Mafia : les coulisses de la chambre de torture
envoyé par Lesinfos. – L’info internationale vidéo.
Forum international de la légalité contre le crime organisé
OLE 2010 est la première édition d’un forum international traitant de « l’économie illégale, du crime organisé de la finance » mondialisée. Cette « summer school » qui se déroule à Otranto dans les Pouilles, doit devenir le point de référence en Europe pour les sociétés civiles, modernes et mondialisées, qui luttent contre le crime organisé transnational.
Inscription pour les 200 participants en cliquant sur Otranto Legality Experience
The language of the forum is English :
“Illegal Economy, Organised Crime and Financial Globalisation”
August 29th – September 3rd 2010, Otranto (Italy)
Le matin : conférence avec de nombreux spécialistes. L’aprés midi : visites des biens confisqués à la mafia et leur exploitation par des associations d’utilité publique et le soir débats : cliquez sur le programme
Deuxième « villa scarface » saisie par la justice
L’Italie c’est 4 mafias et les meilleurs outils juridiques pour lutter contre celles-ci. L’état a par exemple à sa disposition la confiscation des biens avec réutilisation à des fins sociales (cf. La confiscation : enjeu politique majeur): l’immeuble du parrain qui devient un centre culturel, l’exploitation agricole du clan qui devient une coopérative avec des ouvriers qui ont un contrat de travail… un chose rare en terre mafieuse (cf. Schiaffo alla mafia).
A ce sujet, ce 5 août, la Garde des finances a saisi des biens mafieux pour une valeur de 10 millions d’euros. Ces biens appartiennent à des membres de la très pussante ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) Alvaro de Sinopoli (cf. Violence programmée). Cette saisie fait suite aux opérations déjà menées au mois de mai mais aussi à d’autres plus anciennes (cf. 200 millions d’euros saisis à la mafia calabraise).
Les militaires de la Guardia di finanza ont effectué une enquête patrimoniale d’un simple exploitant agricole de 73 ans et ils ont découvert que ce dernier était propriétaire de 4 luxueuses propriétés. Localisées dans la petite commune de Melicuccà, elles ne figurent même pas sur le cadastre. Situées dans des endroits difficilement accessibles, les militaires les ont repérées en survolant la zone par hélicoptère.
Pour la petite histoire, une de ses villas a été construite sur le modèle de la villa Scarface comme ce fut déjà le cas à Casal di Principe avec la maison de Walter Schiavone, le frère de Francesco dit Sandokan (confusion dans le reportage). A Casal di principe, la villa scarface doit devenir un centre d’acceuil pour handicapés. J’espère que les villas de Meliccucà deviendront un complexe touristique antimafia qu’on puisse profiter d’une des plus belles régions d’Italie.
Mafia? Nein Danke ! – Mafia, non merci !
Les mafias sont des organisations internationales, fortement globalisées, actives non seulement en Italie mais dans de nombreux pays. Pour combattre le crime organisé, plusieurs associations s’activent pour informer le public et chercher à promouvoir l’uniformisation des lois antiimafias dans les Etats européens. Interview de Luigi Cornaglia, gênois émigré en Allemagne et membre de l’association «Mafia? Nein Danke» associé au groupe FLARE (Freedom Legality and Right in Europe).
La suite sur sur Altritaliani.net
Confiscopolis à Paris
Viens jouer à Confiscopolis, le jeu qui te permet de confisquer des biens au crime organisé.
Forum des associations italiennes
Samedi 19 juin marché Blanqui de 10h à 18h
Paris 13ème, métro Place d’Italie
En droit, la confiscation permet à l’Etat d’expropier des personnes qui auraient accumulé des biens par le biais d’activités criminelles. En Italie, la loi sur la confiscation a été renforcée par un dispositif qui permet de réutiliser à des fin sociales les biens confisqués.
Exemples : la maison du mafieux devient un centre d’insertion, un terrain agricole devient une coopérative (cf. Schiaffo alla mafia). La confiscation et la réutilisation à des fins sociales constitue une arme redoutable contre les organisations mafieuses (cf. La confiscation : enjeu politique majeur ).
En Europe, une assocation déclarée d’utilité publique FLARE (Freedon Legality and Rights in Europe), et premier réseaux (issue de la société civile) qui lutte contre le crime organisé transnational milite pour que ce dispositif soit adopté en Europe (cf.Lobbying antimafia à Bruxelle)
Clip du jeu :
L’Antimafia à la radio parisienne
Retrouvez l’émission de Fréquence Paris Plurielle, (www.rfpp.net et blog http://envieditaliefppradio.wordpress.com/).
Le 7 juin, le thème de l’émission était les organisations antimafias nées de la société civile comme Libera, Addio Pizzo ou FLARE, leur presence, quelle importance, leur manière de s’inscrire dans la lutte antimafia institutionnelle (cf. Antimafia à Paris : le 22 mai hommage à Giovanni Falcone).
Invités :
Ludovica Tortora De Falco, réalisatrice italienne qui prepare un documentaire sur le sujet (en particulier sur Tano Grasso)
Rizzoli Fabrice : représentant du groupe FLARE en France : cf. Lobbying antimafia à Bruxelles
Télécharger l’émission : http://www.megaupload.com/?d=20WT4U3N
Schiaffo alla mafia
Mardi 11 mai l’Hôtel de Galliffet Entrée : 50, rue de Varenne, 75007 Paris à 21h
Réservation : 01 44 39 49 39
Schiaffo alla mafia de Stefania Casini
[Gifle à la mafia – Italie 2009 – 55’ vostf]
Ce documentaire raconte l’aventure de la coopérative Pio laTorre qui depuis deux ans cultive, avec peine et sacrifices, les terres confisquées à la mafia. Pendant deux années, la réalisatrice a filmé les moments importants, les projets, les rêves, les besoins, mais aussi les conflits internes, les abandons, les découragements la nécessité de dégager du profit.
En présence des réalisateurs. Une vidéo en anglais :
Article sur les femmes et la mafia
Les femmes et la mafa, article paru dans FEMMES 3000 mars 2010, numéro 40, sur le net (Femmes 3 000)
Les mafias italiennes sont toutes des sociétés machistes. Et pourtant, les femmes y sont de plus en plus nombreuses à faire parler d’elles. Si certaines se font plus mafieuses que les mafieux, d’autres se rebellent contre le système, faisant montre d’un courage hors du commun. Exploration de ces sociétés glauques avec Fabrice Rizzoli*.
« Une approche des femmes au sein de la mafia,met d’emblée en évidence trois catégories : les épouses traditionnalistes, qui sortent de l’ombre pour accomplir de plus en plus de tâches au profit de la mafia ; les femmes chefs de clan, rares encore ; les femmes devenues collaboratrices de justice, terme improprement traduit par ‘repenties’, explique Fabrice Rizzoli.
« Tout mafioso se doit d’être marié et d’avoir des enfants, des garçons de préférence. L’épouse traditionnelle parfaite est celle qui ‘sert, obéit, ne voit rien, ne dit rien, mais sait tout’, pour paraphraser Claude Ducouloux-Favard**. Un rôle moins passif qu’il n’y paraît, car, les hommes étant le plus souvent ‘au-dehors’, elles ont tout pouvoir sur les enfants auxquels elles transmettent les codes culturels mafieux : se défier de l’État et de la Justice, conférer le privilège du pouvoir aux hommes, savoir garder le silence, ne jamais transgresser l’omertà, savoir exercer la vengeance. Bien des femmes de mafieux restent attachées à cette culture qu’elles ont inculquée à leurs enfants. Certaines d’entre elles – appelées les ‘veuves noires’ en Campanie – n’hésitent pas à organiser une ‘vendetta’ pour venger leur homme ou un fils assassiné. Et beaucoup se désolidarisent de leur mari ou de leurs fils quand ils passent dans le camp des collaborateurs de justice. Pour se protéger d’éventuelles représailles, peut-être, mais par fidélité à leur mode de vie aussi, sans doute.
« Car elles sont de plus en plus actives dans le monde criminel. Ainsi, les femmes prennent soin des hommes en cavale, qui sont de plus en plus nombreux, compte tenu de l’amplification de la lutte anti-mafia en Italie. Ce sont elles aussi qui véhiculent la drogue. Il faut savoir que, dans les années 70, jamais un policier américain n’aurait fouillé au corps une Sicilienne, courrier de la Cosa Nostra, toute de noir vêtue. Maintenant, il y a des femmes-policiers, ce qui change la donne… Ce sont elles également qui, à Naples ou à Palerme, transportent les armes lors des règlements de comptes. Souvenez-vous, de cette première scène du film Gomorra, un contrat dans un salon de beauté : les armes des tueurs sont déposées dans le sac de la jeune fille, leur complice, ce qui limite les risques de fouille. Et puis, quand les hommes sont en prison et qu’il s’agit de ‘boss’, ce sont les femmes qui font circuler l’argent, qui prennent les ordres et les répercutent sur leur territoire. Car il faut bien que ‘le business’ continue !
« Comme il y a de plus en plus de mafieux en prison, comme certains boss sont à l’isolement, ces femmes en viennent à prendre des initiatives, y compris celle de donner l’ordre de tuer, comme des écoutes téléphoniques en apportent la preuve. Ces femmes qui prennent le pouvoir sont filles ou sœurs d’un boss, plus rarement une épouse ».
[Les femmes chefs de clan sont rares encore. « Mais terribles ! », rapporte Claude Ducouloux-Favard dans son livre. Ont beaucoup fait parler d’elles : Angela Russo, dite ‘Nonna Eroina’, la mamie de l’héroïne, organisatrice d’un trafic à 80 ans ; Anna Maza, veuve d’un boss, entourée d’un staff entièrement féminin, protégée par des femmes gardes du corps. Le clan d’Anna Maza était plus préoccupé de bien gérer ses « entreprises » que de prendre le pouvoir sur d’autres clans. Mais ses membres ont eu recours au crime quand il leur a fallu se préserver de réseaux concurrents, tous masculins. En 2008, aucune des femmes chefs de clan arrêtées, n’était devenue collaboratrice de justice, contrairement à bien des hommes.]
« Enfin, poursuit Fabrice Rizzoli, il y a des femmes battues par leur mafioso, des femmes trompées, alors que le code de la mafia impose qu’une épouse soit respectée et que sur le territoire où il exerce, on ne doit pas connaître de maîtresse à un mafioso. Il y a des filles qui se sentent dépréciées par rapport à leurs frères parce qu’on ne leur laisse pas accéder à des études supérieures alors qu’on pousse les garçons. Il y a des femmes qui ne supportent plus l’accumulation des deuils autour d’elles. Il y également des épouses amoureuses de leur mafioso et qui ne se détournent pas de lui lorsqu’il passe dans le camp des collaborateurs de justice. En bref, pour des motifs de révolte divers, des femmes sortent de la mafia en se plaçant sous la protection de la Justice avec laquelle elles acceptent de collaborer.
« Une telle démarche représente une rupture totale avec la famille, le milieu, l’obligation de changer de nom, de devenir une autre. Si Margherita Gangemi et son mari, Antonio Calderone, un repenti, ont fini par se rejoindre aux États-Unis pour commencer une vie nouvelle, la jeune Rita Adria s’est suicidée, éperdue de solitude, après l’assassinat du juge Paolo Borsellino, un drame qui a servi de trame au film La Sicilienne. cf. La Sicilienne rebelle
[Rappelant le cas de Margherita Gangemi, Claude Ducouloux-Favard rapporte que le juge Giovanni Falcone se trouvait pour la première fois face à une Sicilienne, épouse d’un mafioso, attachée à son mari auquel elle se montrait soumise, mais également en opposition au monde de la mafia. Et cette universitaire ajoute : « le juge réalisait que 1968 était passé par là et que des femmes pouvaient défier la mafia ».]
« Sans nul doute, la lutte exemplaire de l’Italie contre la criminalité organisée, avec, surtout, confiscation des biens des mafieux, réduit le pouvoir d’intimidation de ces derniers et favorise le développement d’une résistance jusque dans la société civile », tient à souligner Frabrice Rizzoli. Il faut relever à ce propos, l’action de trois femmes, Giovanna Terranova, Caterina Mancusa et Rita Costa, veuves de juges assassinés : elles ont été à l’origine d’une pétition officielle contre Cosa Nostra qui, en 1980, a recueilli environ 30 000 signatures en Sicile. Dans la foulée de ce succès, a émergé la première association de femmes à Palerme : l’Associazione donne contro la mafia. Des femmes qui, dans la société civile, ont su vaincre la peur.
Monique Raikovic
*Fabrice Rizzoli, Docteur en Sciences politiques, a consacré sa thèse à l’étude des mafias italiennes (cf.Mafias italiennes et relations internationale)
**Claude Ducouloux-Favard – « La Mafia italienne – Des vergers d’agrumes aux marchés globalisés »,, éd. Arnaud Franel- avril 2008. (cf. Le livre pour les étudiants)
Le livre pour les étudiants
Claude Ducouloux-Favard, avec « La mafia italienne (Des vergers d’agrumes aux marchés globalisés) », offre une publication intéressante. Ce livre, écrit à partir de sources italiennes et très explicatif, évite les lieux communs. Il est en outre idéal pour les lycéens (nombreux à me contacter) et qui font un TPE sur la mafia.
Pour en savoir plus : La mafia Italienne
PS : page 42, Lucky Luciano est condamné pour proxénétisme est non pour fraude fiscale (confusion possible avec Al Capone.)