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La mafia italienne menace-t-elle la France?
La police française arrête le chef du clan Facchineri, en fuite depuis 15 ans, à Cannes, le 2 septembre 2002. © REUTERS
Depuis plusieurs années, la mafia italienne s’implante en silence en France. Fabrice Rizzoli, spécialiste de la criminalité organisée détaille les mécanismes de cette infiltration.
Roberto Saviano, auteur du best-seller Gomorra sur la mafia napolitaine, était l’invité de France Info jeudi 8 mars. Venu présenter son dernier ouvrage Le combat continue (Vieni via con me), paru le 23 février chez Robert Laffont, il a aussi évoqué le problème de l’implantation de la mafia italienne en France.
Pour en savoir plus sur les raisons qui poussent la mafia italienne à investir en France, nous avons interrogé Fabrice Rizzoli, spécialiste du crime organisé et auteur du Petit Dictionnaire énervé de la mafia.
La suite : Quoi. L’actu expliquée
Mafias.fr au Festival du cinéma italien à Annecy
Annecy Cinéma Italien a tenu sa première édition en 1983 et, depuis, la manifestation présente chaque année le meilleur de la production cinématographique italienne contemporaine. La 29ème édition Annecy cinéma italien se déroulera du 2 septembre au 4 octobre 2011. Du 28 septembre au samedi 1 octobre, mafias.fr participera au débat suivant la projection d’une vie une vie traquille, (Bellissima film), un film qui ne traite absolument pas de la mafia…
Sauf que Rosario Russo, un restaurateur de cinquante ans, installé depuis douze ans en Allemagne, mène une vie paisible entouré de sa femme Renate, de son fils Mathias et de son ami Claudio. La vie tranquille de Rosario va prendre un tournant dramatique le jour où̀ deux jeunes italiens arrivent sans prévenir dans son restaurant. L’un d’eux, Diego, n’est autre que le premier fils de Rosario, qu’il avait abandonné quinze années auparavant pour fuir un passé qu’il aurait préféré oublier. Rosario s’appelait alors Antonio De Martino, il était l’un des plus féroces et des plus puissants camorristes de la région de Caserta… (page facebook).
Si seulement, il avait choisi de devenir un collaborateur de justice (cf. Quitter le programme de protection : mauvaise idée!), il serait devenu un citoyen!
Peut-être débattrons nous de cela après les séances de mercredi à Samedi 🙂 voir sur le programme ci-dessous :
Arrestation du chef de la Sacra corona unita
Le 23 avril 2011, la police italienne a arrêté Francesco Campana, 38 ans, latitante (en cavale) depuis sa condamnation à 9 ans de prison pour association mafieuse et trafic de stupéfiants. Arrêté à Orira dans l’Hinterland de Brindisi (important port militaire…), Campana serait le chef de la Sacra Corona Unita, la principale organisation mafieuse des Pouilles. Il serait ainsi le successeur de Giuseppe Rogoli (fondateur de l’organisation en 1983) puis Salvatore Buccarello. Sa compagne de 45 ans et le propriétaire de la maison où il se cachait ont également été arrêtés pour l’avoir soutenu dans sa latitanza (clandestinité). Le procureur déclare qu’il s’agit d’un coup de grâce à la Scu ; une déclaration bien hâtive : (Fatto quotidiano) vu le nombre d’association criminelles présentes sur le territoire : Bari cf.Violence programmée dans les Pouilles, et Foggia cf. Libérations de mafieux dans la région des Pouilles
Une vidéo de 16 secondes pour un boss qui « porte beau » même si les moustaches font un peu années 80.
Catturandi contre latitanza : état de droit contre impunité
Un très bon reportage de Marc Dana sur l’équipe des Catturandi (le livre) qui traque les mafieux en cavale. Mettre fin à la latitanza des mafieux est très important il fait baissé le niveau d’impunité. En outre, chaque jour passé en dehors d’une prison permet aux mafieux d’accroitre leur consensus social (cf. Arrestation du « boss » Tegano et du consensus social). Les soldats se baladent dans les cafés et disent « regardez ces idiots de flics pas capables d’attraper un homme seul de 60 ans… et qui n’a rien fait… » La plus longue latitanza est celle de Bernardo Provenzano, 43 ans, (cf.L’arrestation du chef de la mafia : une victoire à point nommé). Dans cette vidéo, on peut voir l’arrestation de Francesco di Fresco (cf.Le cercle se ressère autour de Matteo Messina Denaro).
PS : Encore bravo Marc mais cela fait 10 fois que je te répète qu’on dit pas La Cosa Nostra (mafia italo-américaine) mais Cosa nostra sans article défini 🙂
Bon visionnage:
Côte d’azur mon amour
En ce mois de septembre, les gendarmes des deux côtés des Alpes ont visité Vallauris, ses porteries, sa cité la Zaïne (en photo) et ses citoyens italiens un peu spéciaux. Ces derniers sont sans cesse en déplacement. Puis, à l’issu de leur séjour, ils arrivent sur la « Côte » et jouent au cartes dans les cafés pendant une semaine. Quand on leur demande ce qu’ils font dans la vie, ils répondent qu’ils sont « dans les assurances » (cit)…
Bref, cette semaine, les gendarmes ont arrêté Roberto Cima, 52 ans car il doit purger un peine de 21 ans de prison. Avec son complice Maurizio Chiappa, arrêté en 2008 à Golfe Juan… il aurait assassiné, en 1989, un rival pour le contrôle des activités illicites dans la région Ligurie (cf. Infiltrations mafieuses en France)
D’aprés certaines sources malheureusement très rares en France, à Vallauris, il y aurait une ‘ndrine, une famille mafieuse calabraise. Je cite un extrait de la mission parlementaire d’information sur la délinquance financière et le blanchiment des capitaux :
« J’ai appris, en discutant, de manière officieuse, avec des officiers de police judiciaire, que la mafia calabraise est organisée selon un régime de loges – les cosche. Dans les Alpes-Maritimes, sept cosche sont établies, la cosca mère étant à Juan-les-Pins, et dépendent toutes de la cosca de Vintimille. […] »
Extrait de l’audition de M. Philippe Dorcet, juge d’instruction au Tribunal de grande instance de Nice, devant la Mission, le 9 mai 2001.
Je dédie ce billet à mon père qui m’a permis d’étudier ses sujets. Je me souviens de ce jour de juillet 82 où nous avons rendu visite à un ami à lui. Ce dernier, propritaire d’une pizzaria sur la route de Vallauris, était victime d’une tentative de racket de la part d’amateurs qui n’avaient rien d’italiens…
Arrêté grâce aux écoutes… il se cachait à Marseille
Le 25 juin, Giuseppe Falsone, le chef de la province mafieuse d’Agrigento, a été arrêté par la police. Giuseppe Falsone figurait dans la liste des 30 « latitanti » (fugitifs) les plus recherchés. Cette victoire de l’Etat sur la mafia est le résultat d’écoutes judiciaires bien menées alors que le gouvernement actuel veut en réduire la portée (cf.Extorsion-flash kidnapping).
Il a été arrêté à Marseille, comme le fut en 1991, Domenico Libri, boss de la mafia calabraise. En 2003, Bernardo Provenzano, le chef de la mafia sicilienne (cf. L’arrestation du chef de la mafia : une victoire à point nommé) se fit opéré dans une clinique privée de la région. En 2009, un autre mafieux sicilien fut arrêté en France (cf. Arrestation de mafieux en France, rien de plus…).
Le chef mafieux sicilien arrêté le 25 juin avait une fausse carte d’identité française dont le nom appartenait à un complice (cf. Infiltrations mafieuses en France).
En France, la mafia n’existe pas mais on s’amuse bien quand même :
Joint venture grand-banditisme français-Camorra
La Camorra à Paris : quand le boss roulait en Lamborghini sur les Champs
Coupe du monde : mafia 1 – Etat italien 0
La coupe du monde de football débute en Afrique du Sud. Dans cet état de droit dont la cohésion nationale repose sur la réconcilation, se cache Vito Palazzolo (cf. English biography), Affilié à Cosa nostra, il est en « cavale » depuis 30 ans dans la ville du Cap ! wikipedia.it.
Ce « parrain arc-en-ciel » fait figure d’icône de la transnationalité mafieuse (cf. thèse de science politique Mafias italiennes et relations internationales ). Il incarne la mafia présente sur tous les continents afin de faire fructifier les revenus du crime, afin de s’approvisionner en produits illicites ou dans le but d’échapper à la justice de leur pays d’origine.
Vito Roberto Palazzolo est né en 1947 à Terrasini dans la province de Palerme. Il grandit dans cette région à forte densité mafieuse aux côtés de Peppino Impastato. Ce dernier, issu d’une famille mafieuse, renonce à cet héritage et il sera assassiné par la mafia en 1978. Vito Palazzolo, quant à lui, intègre la mafia mais son baptême a lieu dans le nord de l’Italie, un signe avant coureur de sa carrière internationale…. à suivre
1. « Dessine moi un bunker »
Le 22 avril dernier, les carabiniers du Ros ont mené une opération contre le clan Pelle de San Luca (cf. De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta). Giuseppe Pelle était devenu le chef le plus important de la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) depuis l’arrestation de son père (cf. Le quotidien de l’Etat contre la ‘Ndrangheta) et de son frère (cf.Arrestation de la « mamma »).
Plus croustillant : les enquêteurs avaient placé des micros dans la maison du capobastone (chef mafieux) qui discutaient avec d’autres mafieux. Les propos tenus par ces derniers sont très intéressants.
Les mafieux aiment leur territoire puisque pour échapper aux forces de l’ordre, ils s’enterrent dans des bunkers (dans la vidéo, on peut voir un bunker). Giovanni Ficara demande à Giuseppe Pelle :
« Je dois faire un bunker : vous m’aidez? » (« devo fare un bunker mi auitate? »).
Comme une ritournenelle « dis; dessine moi un mouton »…
Les images des bunkers :
PS : ces écoutes sont disponibles sur le site du journal laRepubblica (http://www.repubblica.it/cronaca/2010/05/18/news/boss_intercettati-4145994/) ce qui démontre que l’Italie est une démocratie transparente. Mieux, elle est un état de droit qui dispose des meilleurs outils juridiques pour lutter contre le crime organisé (cf. Lobbying antimafia à Bruxelles).
Attention, le gouvernement actuel veut limiter les écoutes judiciaires (article du Point) car « les mafieux aussi ont droit à une vie privée » : Daniela Santanche, membre du gouvernement.
24 ans, chef mafieux, 6 mois de « cavale » puis il se rend!
A 24 ans, Francesco Monti, surnommé « il bandito« , tennait déjà les rennes d’une importante famille mafieuse en raison des nombreuses arrestations ayant eut lieu depuis deux ans. En effet, depuis ce jour de mars 2008, les deux cartels de ‘ndrines, les « Megna » et les « Ruselli » sont en guerre. Les magistrats antimafias avaient procédé à l’arrestation de 24 personnes appartenant aux deux clans. Francesco Monti avait réussi à fuire alors qu’il était accusé d’association mafieuse, de trafic de stupéfiant en bande organisée, d’extortion et de détention d’arme.
D’après les enquêteurs, Francesco Monti participait activement aux activités de la famille mafieuse de Luca Megna (assassiné le 22 mars 2008) et dont il était le cousin. Avant le meurtre de Luca, Francesco était le trésorier du clan, celui qui récupérait les sommes d’argent provenant des extortions et de la vente de drogue. Par exemple, le 27 mars dernier, les policiers de Papanice ont saisi 1 273 plants de « marijuana. » Puis le 27 mars 2008, ils ont retrouvé 9 kilos d’herbes dans un magasin. Le propiétaire du magasin déclare avoir loué son bien à Giuseppe Cavallo. Mais après l’assassinant de ce dernier le 24 mars 2009, le propiétaire aurait loué son bien à Francesco Monti (celui dont je vous parle au début de cette article).
Suivez mon raisonnement:
– Le 22 mars 2008, les « Ruselli » tuent un « Megna » ( La guerre des ‘ndrines de Crotone n’épargne pas les enfants ).
– Le 25 mars 2008, les « Megna » se vengent en tuant un des « Ruselli » (Guiseppe Cavallo qui loue un magasin entreposant de l’herbe).
– Le 25 mars au soir, les « Megna » s’emparent du magasin d’un de leurs ennemis, les « Ruselli ».
– Le 27 mars 2008, les policiers trouvent 9 kilos d’herbe dans le magasin en question.
– Le 24 novembre 2008, la magistrature arrête 24 membres des deux clans.
– Le 29 mai 2009, un jeune chef des « Megna » (à qui été loué le magasin contenant de l’herbe) se livre à la police.
Premièrement, la mafia calabraise est la « numéro un » de la cocaïne ( ‘Ndrines transnationales ) mais l’herbe c’est bien aussi…
Deuxièmement, les mafieux ne perdent pas le nord : on se vengent en tuant mais aussi en prenant le biens du rival.
Troisièmement, la mafia n’est plus ce qu’elle était. La police est tellement puissante en Italie ( L’Italie : ce pays modèle ) que les mafieux se rendent à 24 ans alors que Pasquale Condello a été arrêté après plus de 15 ans de cavale ( L’arrestation de Pasquale Condello ; le dernier grand parrain calabrais ? ).
Il reste à se demander si les intêrêts des clans de la ‘Ndrangheta : mafia « numéro un » ne sont dans les circuits internationaux de blanchiment…
Fin de la faida de San Luca
Le 13 mars 2009, la police hollandaise avec la coopération de la police de Reggio en Calabre, a arrêté Giovanni Strangio. Ce mafieux calabrais de 30 ans est le présumé chef de groupe qui a assassiné six calabrais le 15 août 2007 à Duisbourg en Allemagne ( De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta ).
Au moment de la tuerie, Giovanni Strangio était le chef du « locale » (une circonscription mafieuses calabraise) de Duisbourg. En « cavale » depuis 2007, il résidait dans la banlieue d’Amsterdam avec son beau-frère, Francesco Romeo. Ce dernier est aussi un mafieux de haut rang et en fuite (retrouvez les photos en cliquant sur ce lien du quotidien de la Repubblica). Les deux compare en fuite vivaient une vie normale avec leur femme et leur enfant mais se travestissaient avec des péruques et des lunettes. Dans l’appartement, les policiers ont saisi un million d’euros en liquide, des faux passeports et une machine pour fabriquer des faux documents.
Si les deux fuyards possédaient un million d’euros en liquide, cela signifie que leur patrimoine est 10 à 20 fois supérieur ( Des statistiques à la réalité de la lutte antimafia )
En outre, comme à chaque arrestation, policiers et magistrats rappellent que les écoutes judiciaires (téléphoniques et à distance) ont été capitales pour la réussite des opérations.
Or le gouvernement de centre-droit veut limiter les écoutes et la saisis des biens mafieux. En 2005, le gouvernement Berlusconi avait proposé que les biens saisis à un clan mafieux puissent être rachetés en priorité par les membres de la famille du mafieux…
Enfin, les enquêteurs ont précisé que l’épouse et le fils de Giovanni Strangio « étaient très choqués ». La femme n’a rien dit aux enquêteurs, a reçu une assistance de la part de la police hollandaise et ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire.
Rendez-vous donc dans dix ans pour savoir si le phénomène mafieux est un perpétuel (re)commencement ( Joyeux Noël ).
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