Articles avec le tag ‘bourgeoisie mafieuse’
Anniversaire…
Il y a deux an, le nouveau président du Conseil avait donné le ton juste aprés sa troisième élection en menacant une journaliste.
Le 18 avril 2008, en Sardaigne, lors d’une conférence presse avec Vladimir Putin, une journaliste russe pose une question embarassante concernant la vie privée du Premier ministre russe. Silvio Berlusconi mime alors le geste de la mitraillette. Le futur représentant de l’Italie dans le monde sait-il que les journalistes gênants sont assassinés en Russie? Ou alors, ce geste, de manière plus subtil, est destiné à ceux qui s’obstineront à révéler ses liens avec la mafias (cf. biographie)
Voir aussi :
12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993)
ou
Jeunesse et hérédité de Silvio Berlusconi
et
La bourgeoisie mafieuse a pris le pouvoir
Au mois de mars dernier, les agents de la Garde des finances ont arrêté Giuseppe Liga accusé d’association mafieuse et d’extortion ainsi que deux de ses complices qui géraient des sociétés pour son compte (des prêtes-noms). Giuseppe Liga serait le chef de la « borgata » (quartier) Tommaso Natale de Palerme et serait aussi le « capo-madamento » ; c’est-à-dire le chef de la circonscription mafieuse qui réunit au moins 3 familles mafieuses de San Lorenzo (cf. Un nouveau collaborateur de justice pour l’Etat italie)
Ce chef mafieux de 59 ans est architecte de profession, n’avait pas de casier judiciaire et était aussi secrétaire régional du Mouvement Chrétien des Travailleurs (organisation de solidarité fondée en 1972 et comptant 300.000 membres). Aprés de nombreuses filatures et écoutes, les militaires de la Garde des finances rapportent que le 2 juin 2009, lors de la campagne pour les élections européennes, le secrétariat du président de la région Sicile (Raffaele Lombardo lui aussi accusé d’association mafieuse) a téléphoné à Giuseppe Liga à 11h25. L’après-midi, les mêmes filatures révèlent que le « boss » s’est rendu à la présidence du conseil régional entre 14h50 et 15h25 (voir les images dans la vidéo ci-dessous)
Cette arrestation confirme que la bourgeoisie mafieuse (cf. Droite Champagne, bourgeoisie mafieuse et banqueroute à Catane) a pris le pouvoir ; voir aussi
Pourquoi Renato Schifani est-il président du Sénat?
Procès en vue pour un membre de la bourgeoisie mafieuse?
Procès en vue pour un membre de la bourgeoisie mafieuse?
Les magistrats de la direction des enquêtes antimafias de Naples ont adressé une demande officielle à la Chambre des députés pour obtenir la levée de l’immunité de Nicola Cosentino, sous-secrétaire à l’économie dans le gouvernement Berlusconi depuis mai 2008 (Gomorra au gouvernement?). L’homme politique en question est le coordinateur du PDL (Parti du Peuple des Libertés, une coalition de divers partis de droite) pour la région Campanie. Pressenti pour être candidat au poste de président de la Région, Cosentino est accusé de complicité d’association mafieuse. Originaire de Casal di Principe (province de Caserta), Nicola Cosentino serait le référent politique du cartel des Casalesi (cf. Une victoire de l’Etat contre les Casalesi ). En tant qu’entrepreneur, Cosentino s’était longtemps vu refusé le « certificat antimafia », un document administratif qui donne le droit de participer à des appels d’offre pour marchés publics. Le prêfet Elena Stasi lui a accordé avant de devenir députée du PDL avec le soutien de Cosentino.
Les mafieux, les entrepreneurs, les hommes politiques complices forment une « bourgeoisie mafieuse » : « Le système relationnel mafieux est composé de rapports de parenté, d’amitié, d’intérêt, de contiguïté et de complicité. Ce réseau s’affirme dans des conditions de développement comme de sous-développement économique. Ces relations composent un corps social hiérarchiquement organisé. Les catégories sociales les plus pauvres représentent le bassin de recrutement de la main-d’œuvre pour les mafias. Les sommets de l’organisation mafieuse sont capables de sceller un pacte scélérat avec les plus hautes sphères du pouvoir politique et économique, la haute société ». Le tout forme un corps social, un club privé, que le sociologue Umberto Santino qualifie de « bourgeoisie mafieuse » [Santino (Umberto), L’alleanza e il compromesso (mafia e politica dai tempi di Lima e d’Andreotti ai nostri giorni), éditions Rubbettino, Soveria Manelli, 324 pages, 1997, pp. 5-9.].
Les députés vont-ils voter pour la levée de l’immunité de leur collègue?
Des machines à sous à la bourgeoisie mafieuse
Le 5 septembre 2009, les magistrats de la direction des enquêtes antimafias ont émis un nouveau mandat d’arrêt à l’encontre de Gioacchino Campolo, 70 ans, déjà emprisonné. Surnommé le « roi des machines à sous », il est accusé d’extorsion aggravée selon la méthode mafieuse. En compagnie d’un entrepeneur et d’un membre du clan Zindato-Libri de Reggio Calabre, il aurait imposé, par le biais de la menace, ses machines à sous à un commerçant de Reggio (vidéo de l’arrestation).
Gioacchino Campolo avait été arrêté en janvier dernier pour avoir transférer illégalement des valeurs. Le limiers de la garde des finances (en photos) le soupçonnent de blanchir l’argent sale des familles mafieuses calabraises. Le policiers avaient aussi arrêté l’épouse et le fils de cet « entrepreneur » confirmant que l’organisation mafieuse n’est rien sans son réseau de complicités, le tout formant une « bourgeoisie mafieuse » (cf. Arrestation au sein de la bourgeoisie mafieuse).
En janvier dernier, la police avait saisi provisoirement des biens dont la valeur est estimée à 35 millions d’euros de biens ; une quarantaine d’appartements, des terrains et deux maisons dont une à Rome et l’autre à Paris (cf Arrestation de mafieux en France, rien de plus…).
L’enquête avait aussi démontré des liens entre le « roi des machines à sous » et le monde de la politique. En juin, la magistrature avait déjà fait saisir d’autres biens (25 millions d’euros). Un des ses immeubles a servi de local de campagne pendant les dernières élections du maire de Reggio. Un des autres immeubles habrite le siège du tribunal d’application de peines de Reggio…
L’avocate suisse et l’absence d’impunité en Italie
A 6h du mat, les policiers de la police judiciaire l’ont réveillé et ont perquisitionnée sous les yeux ébahis de son compagnon.
Dans la mafia, vaut mieux être en haut de la « pyramide » pour ne pas subir la répression de la magistrature.
La mafia calabraise est la mafia numéro un, elle possède une bourgeoisie mafieuse dont cette avocate est l’exemple.
Saisie record contre le complice du chef de la mafia de Trapani
Le 18 décembre 2008, la Direction des enquêtes antimafias (DIA) a placé sous séquestre les biens appartenant à l’entrepreneur sicilien Giuseppe Grigoli (en photo). Originaire de la province de Trapani et surnommé le « roi » des supermarchés, il a été arrêté le 20 décembre 2007. Giuseppe Grigoli est accusé d’être le trésorier du chef de la mafia de Trapani, Matteo Messina Denaro. Il s’agit du deuxième complice arrêté en un an (Un complice du chef de la mafia arrêté).
La valeur des biens saisis (provisoirement) à Giuseppe Grigoli, 220 immeubles, 123 terrains (60 hectares), un yacht de 25 mètres, avoisinent les 700 millions d’euros. La complicité entre le chef d’entreprise Grigoli et le mafieux Messina Denaro débuta en 1974. A l’époque les revenus de l’entrepreneur s’élevaient à plus de 3 millions de lires. En 2001, ses revenus s’élèvaient à 1 milliard 419 millions 240 000 euros. En 2006, les revenus sont en baisse, seulement 724 000 euros.
Giuseppe Grigoli en digne représentant de la bourgeoisie mafieuse (Arrestation au sein de la bourgeoisie mafieuse), a avec l’aide la mafia, obtenu le monopole de la distribution agroalimentaire. Il distribue des centaines d’emplois. Les gens redevables deviennent les complices des mafieux, par exemple en assurant la cavale de ceux-ci.
Le terrorisme mafieux dans la crise du système politique italien
Analyse géopolitique des relations « politico-mafieuses » après la chute du mur de Berlin,
revue de l’Institut de Recherche de L’European Business school, n°11, 2008
Entre 1992 et 1993, Cosa nostra sicilienne commet pas moins de 7 attentats dont celui de Florence en 1993 (en photo) ; des attentats déjà évoqués le 12 janvier 2002 au cours d’un colloque et qui ont fait l’objet d’une attention particulière dans un article tiré d’un thèse (cf. Mafias italiennes et relations internationales) :
La fin de la confrontation « Est-Ouest », entraîne dans sa chute le « système politico-mafieux » d’après-guerre et la « première République » (1945-1992)1. Au cours de la « deuxième République », les mafias italiennes perdent l’importance qu’elles ont eu sur la scène politique et militaire dans la stratégie américaine du containment visant à empêcher tout pays du monde libre à basculer dans le communisme.
Les années quatre-vingt dix sont d’abord marquées par une confrontation entre la justice, les organisations mafieuses et une partie de la classe politique. De 1992 à 1994, l’Italie connaît une phase d’instabilité politique et économique. De nouvelles lois, un relatif renouveau de la classe politique amène à penser qu’une « seconde République » est née. Ce contexte permet une offensive des magistrats contre les organisations mafieuses et leurs complices. Face à ce nouveau rapport de force, la mafia s’adapte et reconquiert les alliances politiques. L’alibi de la lutte contre le communisme qui freinait la répression contre les mafias semble caduc. Les politiques ne sont plus en mesure de garantir l’impunité des mafieux. Les relations-politico-mafieuse semblent entrer dans une nouvelle ère.
Les magistrats profitent de ce vide politique et de la remise en cause de la loi du silence pour infliger des coups sérieux aux organisations mafieuses. La réponse de la mafia se résume à une stratégie terroriste. Par la suite, les victoires étatiques comme la terreur mafieuse ont peut-être laissé place à une nouvelle forme de pacte.
La suite :
1 La notion de changement de République en Italie ne repose pas sur une rupture constitutionnelle comme c’est le cas en France.
Droite Champagne, bourgeoisie mafieuse et banqueroute à Catane
Le crack financier est sans précédent. Catane, deuxième ville de Sicile est aussi appelée la Milan du sud. Une ville qui était dynamique économiquement mais régie par la corruption. Le 2 mai 2008, le nouveau député est condamné à 2 ans et demi de prison.
Les bilans des années 2003 et 2004 étaient maquillés pour cacher d’importants déficits. La cour des Comptes a épinglé l’assesseur chargé des finances de la commune. En effet, afin d’acheter son élection en 2005, l’ancien maire de droite a distribué les indemnités liées aux catastrophes volcaniques aux 4000 salariés de sa commune. Pour le même motif, il a donné le grade d’inspecteur à 535 policiers municipaux. A Catane, il y a 540 policiers… Il ne reste plus que 5 agents de police. Ce n’est pas grave. De toute façon, l’administration n’a plus les moyens de payer de l’essence à ces agents !
Les ordures s’accumulent un peu partout dans la ville car les sociétés chargées du ramassage n’ont pas été payées, tout comme les employés communaux et ceux des services sociaux sans salaire depuis le mois d’août. Même les pompes funèbres, faute de salaires, ont refusé d’enterrer les morts.
L’Enel, le fournisseur d’électricité (EDF italienne) rarement payé a coupé le courant électrique plongeant plusieurs quartiers de la ville dans l’obscurité. Une représentation musicale au théâtre Bellini a pu se dérouler grâce aux voisins qui ont accepté que le théâtre se branche sur leur prise.
Au mois d’octobre, les Catanais ont pu voir que leur statue symbole, un éléphant de pierre de lave » U Liotru » (en photo), être proposé au plus offrant sur eBay. Lors des dernières élections, les Catanais ont choisi de renouveler leur confiance à un élu issu du même parti que le précédent, comme si rien ne s’était passé. Il faut dire qu’à Catane, on ne distribue pas l’édition régionale de la Repubblica, le journal de centre-gauche italien. Catane, sa proivince et la région sicilienne sont aux mains de la bourgeoisie mafieuse. ( Arrestation au sein de la bourgeoisie mafieuse ).
Arrestation au sein de la bourgeoisie mafieuse
Le 28 octobre 2008, les magistrats de Trapani ont procédé à l’arrestation de 11 personnes, des mafieux, des politiciens et une avocate. Tous sont accusés d’avoir commis des délits (extorsion, attentats incendiaires et infiltration dans l’économie légale) avec la méthode mafieuse. Les magistrats ont aussi saisi une société de construction. Les mafieux appartiennent à la cosca Melodia d’Acalmo. L’homme politique, Pietro Pellerito, est le conseiller provincial de l’Union des démocrates chrétiens du centre (UDC). Le père du président de l’assemblée provinciale (conseil général) a été arrêté pour complicité avec la mafia.
L’avocate est accusée de « concours externe en association mafieuse ». Des micros habilement placés ont révélé que l’avocate parlait avec des chefs mafieux de la province de Trapani. La femme de loi évoquait ces rencontres avec Domenico Raccuglia, le nouveau leader de la mafia de Palerme.
Ce type d’arrestation renvoie à la définition de mafia, une association criminelle complexe insérée dans la haute société :
Voir :
N°12. De la Bourgeoisie mafieuse à Agrigento
N°85. Un complice du chef de la mafia arrêté
N°71. Pourquoi Renato Schifani est-il président du Sénat?
Australians do it better !
Au mois d’août 2008, la police australienne, en collaboration avec de nombreuses polices étrangères, a procédé à la saisie record de 15 millions de pastilles d’ecstasy. Les 4,4 tonnes de stupéfiants étaient dissimulées dans des boites de tomates placées sur un navire destiné à Italie. A la tête de ce trafic, un « boss » de la mafia calabraise Francesco Modafferi, 47 ans, un mafieux originaire de Plati en Calabre. La ‘Ndrangheta est présente en Australie depuis plus de quarante ans. Dans les années soixante, elle cultivait du cannabis pour les soldats américains présents au Vietnam.
Depuis l’arrestation du chef mafieux calabrais, les enquêteurs ont découvert, non sans émoi, que le « boss » bénéficiait d’une dérogation un peu spéciale délivrée par le ministre de l’immigration du dernier gouvernement conservateur. La ministre est intervenue en personne pour annuler l’ordre d’expulsion du chef mafieux en lui accordant un visa à titre humanitaire (pour raison mentale). Il faut dire que la famille du mafieux avait été très généreuse en matière de dons envers le parti libéral australien. Pourtant, en 1998, la justice australienne avait signalé que les frères Madafferi étaient des mafieux calabrais suspectés de meurtre et d’extorsion. La ministre en question est aujourd’hui ambassadrice de l’Australie en Italie…