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Lobbying antimafia à Bruxelles
Le mardi 1er décembre, le groupe Flare (Freedom, Legality and Rights in Europe), organisait une manifestion devant le Conseil des ministres de l’Union européenne à Bruxelles. Flare est le premier réseaux (issu de la société civile) contre le crime organisé transnational.
La présence de Flare dans la « capitale » de l’Union avait pour but de convaincre les ministres de la justice des 27 pays de l’Union réunis en Conseil que les fonds confisqués au crime organisé doivent être utilisés à des fins sociales. Ce dispositif législatif utilisé en Italie donne des résultats encourageants (cf. De la saisie à la confiscation; de la mafia à l’Etat?). Par exemple, la maison confisquée au chef de la mafia sicilienne, Salvatore Riina (cf. Leçon de communication mafieuse par Toto Riina) est aujourd’hui un centre culturel (cf. la Croix). De point de vue ciminologique, ce procédé est très efficace parce qu’il prive les mafieux de consensus social (cf. Les ‘ndrines et le consensus social).
Dans la rue, les militants ont joué à CONFISCOPOLIS, un jeu de société avec lequel on confisque des biens mal acquis.
Comme les photos en témoignent, la manifestation (autorisée par les autorités) fut une réussite et ce en dépit d’une première intervention de la police qui nous a fait remballer. Le magistrat Luigi de Magistris nouvellement élu député européen, les médias, la police… et surtout le commissaire Jacques Barrot ont entendu le message. Ce dernier en particulier s’est déclaré favorable à la réutilisation des biens confisqués au crime organisé à des fins sociales (cf. déclaration)
Confiscopolis Le quartier général avait autorisé la manifestation jusqu’à 15h mais sur le terrain, les agents de police avaient un ordre de mission qui indiquait 13h. Il aura fallu l’intervention d’un officier de la police des renseignements généraux pour recommencer la manifestation. |
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Le député Luigi De Magistris | |
Etats généraux de l’antimafia 2009
Dans le cadre de ma participation aux Etats-généraux de l’Antimafia à Rome (2009), voici la communication proposée :
LE TRAFIC DE CANNABIS EN FRANCE (english)
De l’inefficacité des politiques répressives dans un pays où la consommation de cannabis s’est banalisée alors que les peines pour consommation de stupéfiants sont les plus sévères d’Europe.
Préambule :
La jeunesse française n’est pas « à la dérive » mais la consommation du cannabis s’est banalisé et ce malgré la progressive augmentation des saisies de cannabis au cours de ces 20 dernières années.
1. Les faits :
Les sources concernant les filières du trafic de cannabis (la résine et non l’herbe) en France sont peu nombreuses. Elles proviennent de l’OCTRIS (l’office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants) et des Nations Unies. Elles sont essentiellement de nature quantitative parce qu’elles sont établis à partir des saisies1.
De ce point de vu, la France se place à la seconde place de l’Union européenne derrière l’Espagne (670 tonnes saisies en 2005) pour la quantité de cannabis saisi2 :
Les chiffres des saisies :
1990 : 21 tonnes
1997 : 67 tonnes
2004 : 107 tonnes
2005 : 85 tonnes
2007 : 50 tonnes
2008 : 74 tonnes
La quasi totalité de la résine provient du Maroc (pays qui produit 80% de la résine de cannabis fumée en Europe).
Cependant, seule 15% de la résine de cannabis qui arrive en France provient DIRECTEMENT du Maroc3. Les 85% restant proviennent d’Espagne en raison de la position géographique de l’Espagne qui est une lieu de passage privilégié.
La résine suit le parcourt suivant :
Elle est produite dans la région du Rif4 puis arrive dans les ports d’Agadir et de Casablanca pour emprunter la voie océanique ou dans les ports de Tanger et de Nador pour emprunter la voie méditerranéenne.
15% de la résine arrive directement dans les ports du Havre, de Nantes, et de Bordeaux. Le reste de la résine arrive en Espagne par tous les moyens navales possibles (barques de fortune, navires marchands, mini hors-bords…)
Une fois le 85% de la marchandise restante arrivée en Espagne, les trafiquants la font voyager par la route. La majeure partie du cananbis transitent par camion « T.I.R. ». En effet, 57 tonnes saisies de cannabis sur les 85 de 2005 l’ont été sur ces camions.
Les autres tonnes sont en partie acheminées par les « go fast » qui sont un des moyens d’approvisionnement des trafiquants des quartiers dit sensibles en France. Les « go fast » sont les moyens d’acheminement les plus médiatisés ce qui participe à la stigamatisation des « cités » de banlieues.5
2. Le problème : une répression qui concerne essentiellement la vente au détail
Le cannabis est la drogue la plus trafiquée. Il recouvre à lui seule la moitié des interpellations pour trafic de stupéfiants6. Par exemple en 2008, 71% des interpellations concernaient le trafic de cette substance7.
Le problème est que les saisies concernent dans 8 cas sur 10, des quantités inférieures à 20 grammes!
La majeure partie des arrestations concernent des cas de revente au détail voir des personnes qui consomment et revendent, soit 67% des 13.000 trafiquants8.
En 2008, en France les interpellations pour trafic de cannabis par rapport aux précédentes années sont en forte augmentation avec 19.685 interpellations9.
Ce sont donc les réseaux locaux les plus exposés à la répression. Il existe peu de sources quant à ces réseaux, même si une étude propose une typologie en trois catégories10 :
-Le modèle familial
-Le modèle « entrepreneurial »
-Le réseau de proximité, constitué souvent de cessions gratuites.
D’après cette étude, le réseau de proximité est le plus répandu au sein de la jeunesse française, même si ces trois réseaux sont perméables. Les réseaux de proximité peuvent se transformer en modèle d’entreprise et vice et versa.
Ces réseaux locaux d’approvisionnement montre une grande flexibilité face à la répression. En cas de démentellement d’une structure, la capacité de régénération est très forte.
Le chiffre d’affaires du trafic de cannabis en France est évalué entre 745 et 832 millions d’euros pour l’année 2005. Cette estimation est calculée à partir d’une étude croisée selon les déclarations des sommes dépensées par les consommateurs.11
Pour conclure :
Du point de vue de la santé publique, la banalisation est un problème sérieux. En dépit d’une forte répression, le cannabis est devenu un produit très disponible (très présent sur le marché) et très accessible (facile à trouver).
Du point de vue géo-criminel, derrière les petits et moyens réseaux d’approvisionnement qui subissent la répression, se cache la criminalité organisée française basée en Espagne puisque 3/4 du cannabis saisi, passe par l’Espagne via camions.12
Comme elle est organisée, la répression enrichit le crime organisé français au lieu de l’affaiblir.
Quelques pistes pour améliorer la situation en cliquant su ce lien : Contre les mafias : la régulation publique de la drogue
1Michel Gandilhon, Abadalla Toufic, Helène Martineau, Povenance et fillière de trafic in Cannabis, (données essentielles sous la direction de jean Michel Costes (2007) Observatoire Franaçais des Drogues et des Toxicomanies, 2005, p. 66_72, www.ofdt.fr 2Octris (Office Central de Répréssion du Trafic Illicit de Stupéfiants) 3OCTRIS, Usage et trafic des produits stupéfiants en France en 2005, Paris, Ministrère de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire, Direction nationale de la police nationale, Direction centrale de la police judiciaire, 2006, 123 pages. 4Région du Nord du Maroc où se concentre la culture du cannabis, couvre environ 20.000 m², ce qui représente 2.7% de la superficie totale du royaume du Maroc, et 6% de la popultaion. A cheval sur 5 provinces, elle est traversée d’est en ouest par la chaîne montagneuse du Rif. 5D’après les groupes d’intervention régionaux (GIR), le dispositif anti-traffic créé en 2002, 5.4 tonnes ont été récupérées depuis 4 ans dans les « banlieues » françaises 6Voir note de bas de page n°3 7http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/produits/cannabis/offre-1.html#aff_rech 8En 2005, une proportion qui reste stable depuis la fin des années 1990 9http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/produits/cannabis/offre-1.html#aff_rech 10S. Aquatias, « Achat et vente de cannabis au niveau local », in : Cannabis: Qules effets sur le comportement et la santé, Paris, INSERM, Coll Expertise Collective, 2001, p. 403-415 11Voir note de bas de page n°1. Pages 74-75 12Voir note de bas de page n°1. Page 64
Eglise et mafia
La Conférence Épiscopale Italienne, réunie à Assises, a déclaré que les membres d’organisations mafieuses sont automatiquement excommuniés de l’Église catholique. Cela voudrait dire que les mafieux sont excommuniés sans qu’il y ait besoin d’autres actes de la part de l’Église. Et bien, Non! L’église doit excommunier les mafieux et leur complice en motivant sa décision.
Le problème est que l’Église et la mafia partagent une valeur commune (une seule), celle de croire à un ordre supérieur, au dessus de l’état de droit. Ainsi, de nombreux prêtres acceptent les confessions des mafieux sans les inciter à changer de style de vie. Car quitter la mafia veut dire collaborer avec la justice et devenir un citoyen c’est à dire accepter la laïcité, l’avortement, la pillule, le préservatif… et cela l’église n’y croit pas.
De nombreux prêtres se taisent face aux mafieux. Certains les marient (cf. Bénédiction vaticane à la ‘Ndrangheta). D’autres mènent un combat social contre la mafia. Ils sont en premières lignes, sont assassinés (Pino Puglisi en 1993 et Don Diana en 1994) et sont peu soutenus par le Vatican.
Tant que le Vatican, en plus de faire le ménage dans ses banques (cf. scandale), n’acceptera pas la supériorité de la loi des hommes sur la loi divine, il ne pourra pas donner à ses prêtres des consignes antimafias sans ambiguités.
Ndr : Le 9 mai 1993, le Pape Jean-Paul II avait condamné la mafia lors d’une messe à Agrigente. Cosa nostra sicilienne répond le 28 juillet 1993 en posant deux bombes à Rome, visant l’église Saint Georges du Vélabre et surtout la Basilique Saint Jean de Latran (siège ecclésiastique officielle du Pape et considérée comme la « mère de toutes les églises du monde »). Ces attentats font parti d’un plan de déstabilisation globale de l’Etat (cf. 12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993).
Etats généraux de l’Antimafia
Pour en savoir plus sur les états généraux de l’Antimafia en italie
cliquez sur : Contromafie en français (in english)
Demandez le programme en cliquant sur le document ci dessous :
Une troisième amnistie fiscalo-mafieuse
Sur le site Italopolis (l’Italie à Paris ), retrouvez mon article évoquant le troisième « bouclier fiscal » adopté par le gouvernement italien.
Cliquez sur le lien suivant : Une troisième amnistie fiscalo-mafieuse
Bonne lecture
La Sicilienne rebelle
Ce samedi 12 septembre, l’association Anteprima (cliquez) nous conviait à une avant première, celle de « La sicilienne » de Marco Amenta, au Cinéma du Panthéon, 13 rue Victor Cousin 75005 Paris ainsi qu’à un débat riche de spécialistes (Fabrice Rizzoli et Claude Ducouloux-Favard).
Il s’agit d’un film sur Rita Atria, jeune sicilienne de Partanna (Province de Trapani) qui grandit dans une famille mafieuse. Son père et son frère, tous deux mafieux du clan Accardo, sont tour à tour assassinés en 1985. En 1991, Rita (en photo) décide de collaborer avec le magistrat Paolo Borsellino, en poste à Marsala. Au début, la jeune Rita témoigne pour se venger des assassins de son père et de son frère. On suit alors l’évolution psychique de cette femme qui veut d’abord se venger comme on le fait dans la mafia pour ensuite demander justice (et non plus faire « vendetta ») comme on le fait dans une société démocratique. On comprend la solitude que traverse les collaborateurs de justice qui vivent sous une autre identité coupés de leur racine mais sous protection de policiers dévoués (dont le plus proche d’elle sera assassiné). Au mois de juillet 1992, lorsque le juge Paolo Borsellino est à son tour assassiné, Rita perd sa dernière raison de vivre. Elle se suicide en se jettant de son appartement à Rome.
Le film est aussi un film sur les femmes dans la mafia, ses femmes qui subissent ou participent à la mafia (cf. De la mafia calabraise, de la mémoire et des femmes et Pas de femme, pas de mafia (en photo la couverture du livre de Liliana Madeo « donne di mafia »). Le personnage de la mère qui transmet les codes culturels mafieux (loi du silence…) et qui dénigre sa fille parce qu’elle décide de passer du côté de l’Etat de droit. Un film sur la mafia à étudier en classe comme la bande dessinée Brancaccio (cf. Une BD pour comprendre le phénomène mafieux).
Une critique de vérité historico-mafieuse s’impose cependant. Le film laisse à penser que le juge Paolo Borsellino a été assassiné par le clan de Partanna contre lequel Rita témoigne. En réalité, des soldats aux ordres des Corléonnais (Toto Riina, Bernardo Provenzano et Leoluca Bagarella qui avait déjà éliminé le juge Falcone, cf. Bon anniversaire Giovanni) ont placé la bombe (en photo l’attentat). Il semble que les Corléonais qui commandait la mafia sicilienne ont agi avec l’assentiment de certains milieux politico-financiers qui voulaient changer de régime après l’effondrement de la Démocratie chrétienne. En 1993, la mafia sicilienne et ses complices poseront d’autres bombes à Florence, à Rome et à Milan.
Et, en 1994, un nouveau régime verra effectivement le jour…
L’Antimafia à l’honneur sur France 3
Pino Maniaci, journaliste sicilien courageux et iconoclaste de Telejato a fait l’objet d’un reportage (Marc Dana) dans le l9-20 de France 3 en collaboration avec l’administrateur du site mafias.fr : jeudi 25 juin 2009. Vous pouvez visonner le reportage en vous rendant sur le site des archives de France télévison : et taper dans « rechercher » : « Maniaci ».
Pour d’autres informations en français : article de cafebabel.
L’avocate suisse et l’absence d’impunité en Italie
A 6h du mat, les policiers de la police judiciaire l’ont réveillé et ont perquisitionnée sous les yeux ébahis de son compagnon.
Dans la mafia, vaut mieux être en haut de la « pyramide » pour ne pas subir la répression de la magistrature.
La mafia calabraise est la mafia numéro un, elle possède une bourgeoisie mafieuse dont cette avocate est l’exemple.
Mafie italiane e relazioni internazionali
Università di Paris I –Panthéon-Sorbonne
BIPOLARE
Relazioni « politico-mafiose » e attività criminali alla prova delle relazioni internazionaliTesi condotta dal presidente Jacques Soppelsa
Discussione il 22 gennaio 2009
Professore Charles Zorgbibe
Professore Michel Carmona
Professore Simon Petermann
Professore Giuseppe Muti
Mikhail Lebedev (Михаи Лебедев)
Riassunto
La mafia esercita una sovranità su un territorio circoscritto. A partire da questo feudo territoriale, la mafia struttura e perpetua un sistema basato sulla violenza e l’illegalità. La mafia gestisce una vasta e ramificata rete di complicità. Anima un codice culturale con radici profonde ma anche flessibile per adattarsi ai cambiamenti. Inoltre essa gode di consenso sociale da parte della popolazione. In Italia, quattro organizzazioni costituiscono un importante oggetto di studi scientifici.
L’analisi delle mafie nel contesto della storia d’Italia dimostra che le mafie sono uno strumento di « governance » a disposizione dello stato italiano. Durante la guerra fredda, i clan mafiosi furono usati come forze di containment contro il comunismo. In cambio, essi beneficiarano di una forte impunità. Con la fine della minaccia comunista, le relazioni politico-mafiose entrarono in una nuova fase. Pressata dall’offensiva dei magistrati, la mafia siciliana scelse una strategia terrorista il cui obiettivo era di trovare dei nuovi referenti politici.
Con la fine dell’antagonismo tra i due blocchi, le mafie diventarono più sofisticate in modo di resistere alle azioni repressive delle forze dell’ordine.Controllano il loro territorio e hanno una forte dimensione trasnazionale. Incarnano questo movimento, al di là delle frontiere, informazione, soldi e personne cui attori sempre meno degli attori dello stato. Adesso le mafie sono tra i protagonisti dell’economia mondiale integrata e sono l’immagine di questa nuova distribuzione geopolitica. Infine, lo studio delle mafie dimostra che vi sono dei fenomeni strutturali e sistemici connessi alla mondializzazione.
Parole chiave : geopolitica, Italia, Stato, « governance », controllo del territorio, trasnazionale, Guerra fredda, droga, borghesia mafiosa.
Les anticorps, la suite…
« Calabre, la première révolte contre qui impose le “pizzo”. Dans la salle du tribunal une victime indique ses extorqueurs aux juges, titre ce 10 janvier le Corriere della Sera un grand quotidien national. Le « pizzo » est le racket que la mafia, en l’occurrence sa version calabraise, la ‘Ndrangheta impose aux commerçants… » retrouvez la suite en vous rendant sur le site de Célestissima, le regard de Céleste.