Les ‘ndrines et le consensus social
Pendant que l’Etat patine, le chef de la ‘ndrine, Domenico Megna, incarcéré pour purger une peine de 26 ans de prison et dont le fils a été tué samedi 22 mars (cf. art. 23) tente de montrer sa puissance. Pour communiquer avec les autres capi-bastone, il se manifeste par l’intermédiaire de sa fille qui s’est exprimée au journal télévisé de la première chaîne publique italienne (Tg1). « mon père veut la paix… j’ai pardonné aux assassins de mon frère et il faut prier pour ma nièce toujours dans le coma »
Il n’est pas acceptable que les mafieux appellent à la paix. Ils sont responsables de la violence. La ‘ndrine Megna a déjà commis un acte de vengeance. D’après les enquêteurs, elle a fait assassiner Francesco Capicchiano jeudi dernier (cf. art 27). Ce dernier était un des membres du commando qui a tué Luca Megna. En effet, la victime, avant d’être criblé de balles, a tenté une manœuvre au volant de sa voiture. Il aurait percuté un de ses tueurs. Celui-ci touché au genou s’est fait soigner à l’hôpital de Castrovillari sous un nom d’emprunt. Un médecin a reconnu Francesco Capicchiano sur une photo et a fait une déposition à la police.
1. Les familles mafieuses ont des complicités. Une personne de l’hôpital a prévenu le clan Megna que Francesco Capicchiano était bessé au genou.
2. Les chefs mafieux, pourtant soumis au régime carcéral strict (l’art.41 bis du code de procédure pénale italien), font entendre leur voix au journal de 20h !3. En faisant justice lui-même, le clan Megna conteste le monopole étatique de l’usage de la violence.
4. En appelant à la paix, le chef mafieux tente d’entretenir son statut de personne influente sur son territoire. Si la paix venait à être instaurée, il augmenterait son capital de consensus social auprès de la popultion.
5. Dans une démocratie, seul l’Etat est fondé à rendre la justice.
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