Archive pour la catégorie ‘Histoire’
Lundi 4 avril à Paris : soirée de la mémoire, des victimes et de la mobilisation face au crime organisé
Le 4 avril 2011
20h Ageca 177 rue de Charonne 75011
Métro : lignes 2 et 9
la société civile est avec vous!
En Italie, le 21 mars de chaque année, depuis 16 ans, Libera « l’association des associations » antimafias organise une journée de la mémoire pour commémorer les victimes des mafias et leur engagement dans la lutte pour la légalité (cf. Milan 2010).
FLARE, le premier réseau européen de la société civile contre le crime organisé, Libera international, Association Démocrates Paris et Mafia? Nein, danke! (association antimafia à Berlin) répondent à l’événement italien pour évoquer le travail de la société civile aux cotés des victimes de la criminalité organisée, pour écouter leur histoire et débattre avec elles ;
Le 4 avril à Paris : la parole aux victimes
Le 4 avril à Paris : la parole à la société civile
Maria Chiara Prodi et Fabrice Rizzoli présenteront Libera et FLARE.
Laura Garavini députée Parti Démocrate et membre de la Commission antimafia à l’Assemblée nationale, racontera l’expérience Mafia Nein Danke… créée après la tuerie de Duisburg : la société civile avec les victimes de racket et contre la principale menace de l’ordre mondial (ONU).
En présence de George Pau Langevin, députée, vice Présidente chargée des affaires de Justice au groupe socialiste.
Les convives pourront déguster, grâce à Ethicando, des produits de Libera terra fabriqués sur des terres confisquées à la mafia et selon un adage :
Dés 19h pour l’apéritif et les journalistes voulant rencontrer les invités
Ageca 177 rue de Charonne 75011 Paris
Évènement organisé en collaboration avec la Maison des Journalistes, Reporters Sans Frontières, l’A.N.P.I, Collettivo 5.12, Associazione Carlo Giuliani, Inca-CGIL, Italia dei Valori, Amici di Beppe Grillo, Focus In, ACLI
« Où vit la culture, la violence recule »
Cinémafia à Paris le 22 janvier
Le 22 janvier à 10h, le ciné club Anteprima qui n’en est pas à son coup d’essai (cf. Antimafia à Paris : le 22 mai hommage à Giovanni Falcone organise la projection du Film Fortapsc’ au cinéma du Panthéon, 13 rue Victor Cousin 75005 Paris.
Le film relate l’histoire d’un journaliste assassiné par la Camorra (cf. Les clans de la Camorra en recomposition). Il semble bien montrer l’émergence d’un bourgeoisie mafieuse (cf.300 arrestations : voir article du Figaro) fait de mafieux, de politiciens et d’entrepreneurs qui s’approprient les fonds publics destinés à la reconstruction des suites du tremblement de terre d’Irpina (3 000 morts)
En outre, le film démontre que le combat contre mafia n’est pas réservé aux services d’enquête. En effet, la société civile dont les journalistes font partie peut se saisir du problème et faire sa part.
C’est ce que fait Anteprima, mafias.fr, Reporter Sans frontières, la maison des journalistes en acceuillant des journalistes menacés dans leur pays et c’est ce que fait l’ONG Flare, le premier réseau de la société civile contre contre le crime organisé (cf. Lobbying antimafia à Bruxelles)
La bande annonce
Fortapàsc / Bande-Annonce
envoyé par LE-PETIT-BULLETIN. – Court métrage, documentaire et bande annonce.
La mafia japonaise : un paradigme
Au mois d’octobre, la presse japonnaise par l’intermédiare du site Crimorg.com.com nous apprend que Préfecture de Hyogo (région du Kansai sur l’île d’Honshu à l’est du pays) a voté une loi interdisant aux chefs mafieux d’installer leurs bureaux ou leurs domiciles dans des zones résidentielles ou à moins de 200 mètres d’établissements scolaires. Des amendes et des peines de prison sont prévues en cas de non respect de cette loi.
A Japon, les organisations mafieuses se nomment les Boryokudans. Illégales depuis 1992, elles ont encore pignon sur rue en particulier à Kobe (en photo), principal port du Japon (comme Palerme, Naples, New-York, Gioia Tauro…cf. Dans le port de la mafia calabraise). On comprend que cette décision concerne essentiellement le cartel Yamaguchi-gumi.
L’étude comparée des mafias japonaises et italiennes révèlent plusieurs thèmes intéressants :
Les mafias sont nées au 19ème siècle de la transition (ratée?) d’une société féodale à une économie de marché.
Les mafias ne sont pas le fruit d’une société arrièrée (comprenez que ce ne sont pas les Italiens du Sud qui sont responsables du phénomène) car dans le cas contraire, il n’y aurait pas de mafia dans l’un des pays les plus riche du monde…
En échange d’impunité, elles ont servi de forces d’endiguement du communisme pendant la guerre froide.
En dépit d’une impunité contenue (bcp de mafieux en prison), elles font parties intégrantes de la société comme en témoigne ce reportage français :
Mafias : ancrage local, pouvoir transnational
Mafias.fr devient une bibliothèque universitaire 🙂
L’étude du phénomène mafieux amène à penser les notions de territoire et d’expansion. On constate souvent qu’une mafia ne peut se démunir du contrôle d’un territoire donné (cf. ‘Ndrines, armes et contrôle du territoire) mais tire aussi profit de la mondialisation (cf. Vengeance transversale ou conséquence de la mondialisation?) au point d’être une force transnationales (cf. ‘Ndrines transnationales).
Nous publions ici un mémoire universitaire (résumé et texte intégral en PDF) qui traite de cette dualité. Il est écrit par Céline Torrisi, diplômé de l’IEP de Grenoble et actuellement en master 2 recherche « Administration, Droit et Développement Territorial » à la faculté de droit de Grenoble. Celine Torrisi prépare un doctorat (quelle idée! cf. Mafias italiennes et relations internationales) en co-tutelle avec l’université Federico II de Naples sur un des deux thèmes suivants: « Etat, mafia et territoire: la structuration territoriale de l’Etat à l’épreuve du crime organisé, l’exemple de l’Italie » ou sur « le phénomène des infiltrations mafieuses au sein des administrations locales. » Sur le plus long terme, Céline pourrait préparer les concours de la magistrature en Italie (elle doit être subversive puisque d’après le président du Conseil, les magistrats sont dans la logique du coup d’état). Celine Torrisi est retournée vivre en Italie depuis 4 ans, ( aucun avenir pour elle donc 🙂 ), ce qui n’a fait que confirmer sa passion pour la vie politico-institutionnelle de ce pays (irrécupérable!).
Résumé :
Depuis le 11 septembre 2001, les démocraties occidentales n’ont de cesse de focaliser leur attention sur un élément qu’elles considèrent comme leur plus grande menace : le terrorisme. De cette façon elles semblent laisser de côté un autre danger : la criminalité organisée. Le choix des mots n’est pas anodin. L’effet que l’on désire susciter est altéré selon que l’on parle de criminalité organisée ou de mafia. En effet parler de la criminalité organisée confère davantage de pesanteur au discours et peut être davantage de crédit. Cependant parler de la mafia fait souvent sourire, ou suscite une certaine fascination chez les individus. Pourtant ces deux expressions désignent un même phénomène, bien plus redoutable qu’on ne se l’imagine et ce pour plusieurs raisons. D’une part parce que la mafia n’apparaît que comme un mythe pour la grande majorité des individus. D’autre part parce que la lutte contre la criminalité organisée est devenue un objectif secondaire tant au sein des Etats occidentaux qu’au sein des organisations internationales. Enfin parce que contrairement à ce qu’on pourrait nous laisser croire les mafias ont su parfaitement s’adapter au processus de la mondialisation. Ce dernier a même accentué le danger qu’elles représentent. Si la criminalité organisée n’a jamais été un phénomène purement et uniquement sicilien, il n’empêche que le processus de mondialisation, compris comme un processus neutre de diffusion de certaines normes traduites au niveau local par l‘ Etat, a largement favorisé la criminalité organisée lorsqu’il ne l’a pas renforcé. La facilitation des communications et des déplacements, la déréglementation de l’économie, la création d’un espace mondial ouvert ont eu des conséquences néfastes dont le renforcement et l’expansion des mafias.
Affirmer que le processus de mondialisation a eu des effets négatifs ne doit pas être interprété comme relevant d’un dialogue altermondialiste. Notre but n’est pas d’expliquer exhaustivement le processus de mondialisation de la criminalité organisée mais d’essayer de voir en quoi la mondialisation a fait des mafias des puissances capables de contrôler un territoire local tout en rayonnant sur la scène de l’illégalité transnationale. Ainsi nous partirons d’un constat : la criminalité organisée est aujourd’hui un phénomène transnational. Mais les mafias présentent une caractéristique particulière : pour exister elles ont besoin d’un ancrage local sans lequel elles sont comme la pieuvre sans la tête, vide de toute capacité d’action. Ce n’est que par souci d’étendre leur puissance qu’elles se sont mondialisées. On se demandera alors comment il est possible qu’une organisation transnationale, illégale, menace d’envergure pour les démocraties les plus solides, organisation à l’origine de nombreux détournements de fond, de catastrophe sanitaire telle la crise des déchets à Naples, retienne si peu l’attention des organisations internationales, des Etats, et des individus ? Selon nous, les mafias sont aujourd’hui des réalités qui ont su tirer profit de la mondialisation mais dont la nature réelle est voilée par la persistance d’un mythe au sein de l’imaginaire collectif. Aussi nous semble-t-il que les mafias opèrent un va et vient constant entre mondialisation et ancrage territorial. Or les Etats et les organisations internationales sont impuissants face à au nouveau visage de la
criminalité organisée.
En s’appuyant sur l’exemple de la crise des déchets à Naples, symbole de la puissance de la Camorra et de la faiblesse de l’Etat italien on s’attachera à démontrer que la mondialisation permet à la mafia de s’ériger en puissance transnationale en intégrant illégalement l’activité légale(I). Mais elle lui permet également de renforcer sa territorialisation par le contournement discret des normes internationales et nationales (II). Ce contournement est d’autant plus dangereux que les Etats et les individus ne semblent s’attacher qu’aux phénomènes visibles et exceptionnels et non aux phénomènes invisibles et constants comme la criminalité organisée (III).
Le mémoire :
Le bras droit du président du Conseil condamné en appel
Le 28 juin 2010, le sénateur Marcello Dell’Utri, a été condamné à 7 ans de prison pour complicité externe en association mafieuse cf. Un sénateur condamné par une justice italienne sophistiqué).
L’accusé qui considère le mafieux Mangano comme un héros (cf. Vittorio Magano « le héros »…) avait été condamné à 9 ans de prison en première instance, (cf. thèse les mafias italiennes et la fin du monde bipolaire Mafias italiennes et relations internationales : extrait
» Le 11 décembre 2004, la deuxième section du tribunal de Palerme a condamné en première instance le sénateur Dell’Utri, à neuf ans de réclusion. Le chef d’inculpation était « concours externe à une association mafieuse ». Dans les motivations de leur sentence déposée au mois de juin 2005, les juges ont reconstruit près de trente années des fréquentations illégales de la part du bras droit de Silvio Berlusconi (le texte intégral des motivations de la condamnation de Marcello Dell’Utri sont disponibles sur le site www.narcomafie.it). Pour la justice, Marcello Dell’Utri a été l’intermédiaire entre l’organisation mafieuse sicilienne et Silvio Berlusconi. « La médiation des accusés constituait un canal de liaison entre l’entrepreneur milanais [Silvio Berlusconi nda] et l’organisation mafieuse Cosa nostra, représentée par Stefano Bontate »(Extrait de la décision de justice du 11 décembre 2004).
En deuxième instance, le Parquet avait réclamé 11 ans mais les magistrats du siège ont écarté la thèse d’un « pacte électoral » entre Berlusconi et Cosa nostra, estimant que les rapports entre Dell’Utri et la Mafia ont cessé en 1992…. Une décision que ressemble fort à celle concernant Giulio Andreotti qui avait été condamné pour ses agissements pro-mafieux avant 1980 (prescrits par ailleurs) mais acquitté pour ses actes commis aprés 1980… (cf. Hommage à Carlo Alberto Dalla Chiesa)
Cela fait maintenant 15 ans qu’il existe des élements matériels qui tendent à prouver que les attentats de 1993 à Rome, à Milan et à Florence (en photo à droite) seraient le fruit d’un « deal » entre Cosa nostra sicilienne et Forza Italia, parti fondé par Dell’Utri…. mais cela est une autre histoire (cf. 12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993).
Le sénateur Dell’Utri a décidé de se pourvoir en Cassation.
Coupe du monde : mafia 1 – Etat italien 0
La coupe du monde de football débute en Afrique du Sud. Dans cet état de droit dont la cohésion nationale repose sur la réconcilation, se cache Vito Palazzolo (cf. English biography), Affilié à Cosa nostra, il est en « cavale » depuis 30 ans dans la ville du Cap ! wikipedia.it.
Ce « parrain arc-en-ciel » fait figure d’icône de la transnationalité mafieuse (cf. thèse de science politique Mafias italiennes et relations internationales ). Il incarne la mafia présente sur tous les continents afin de faire fructifier les revenus du crime, afin de s’approvisionner en produits illicites ou dans le but d’échapper à la justice de leur pays d’origine.
Vito Roberto Palazzolo est né en 1947 à Terrasini dans la province de Palerme. Il grandit dans cette région à forte densité mafieuse aux côtés de Peppino Impastato. Ce dernier, issu d’une famille mafieuse, renonce à cet héritage et il sera assassiné par la mafia en 1978. Vito Palazzolo, quant à lui, intègre la mafia mais son baptême a lieu dans le nord de l’Italie, un signe avant coureur de sa carrière internationale…. à suivre
Antimafia à Paris : le 22 mai hommage à Giovanni Falcone
Samedi 22 mai à 10h, le ciné-club Anteprima consacre une séance spéciale sur la Mafia. A l’occasion du dix-huitième anniversaire de l’assassinat du juge Giovanni Falcone (le 23 mai 1992 cf . Bon anniversaire Giovanni) sera projeté « Placido Rizzotto » (syndicaliste assassiné par la mafia) de Pasquale Scimeca (2000, 110’, VO sous-titrée en anglais).
Le film sera suivi d’un débat avec Mario Vaudano, magistrat italien ami et ancien collaborateur de Giovanni Falcone.
Cette séance est organisée en collaboration avec les associations : « Libera / Flare (Freedon Legality and Rights in Europe) », « Collettivo 5.12 (un gruppo di organizzatori del No B Day parigino) » et l’« Associazione Democratici Parigi ».
S’agissant d’un film inédit en France, une enveloppe sera donc à l’entrée pour ceux qui souhaiteraient contribuer aux frais de transport de la copie importé d’Italie pour l’occasion.
N’ayant pas trouvé d’extrait correct, je vous propose un extrait (en italien) du téléfilm « capo dei capi » avec trois scènes :
1. Les syndicalistes et les payans chassés par les forces de l’ordre
2. Le tête à tête avec les mafieux Michele Navarra (le vieux MEDECIN au chapeau), Luciano Liggio et le jeune Toto Riina
3. L’enlèvement et l’assassinat du syndicaliste Placido Rizzotto :
Article sur les femmes et la mafia
Les femmes et la mafa, article paru dans FEMMES 3000 mars 2010, numéro 40, sur le net (Femmes 3 000)
Les mafias italiennes sont toutes des sociétés machistes. Et pourtant, les femmes y sont de plus en plus nombreuses à faire parler d’elles. Si certaines se font plus mafieuses que les mafieux, d’autres se rebellent contre le système, faisant montre d’un courage hors du commun. Exploration de ces sociétés glauques avec Fabrice Rizzoli*.
« Une approche des femmes au sein de la mafia,met d’emblée en évidence trois catégories : les épouses traditionnalistes, qui sortent de l’ombre pour accomplir de plus en plus de tâches au profit de la mafia ; les femmes chefs de clan, rares encore ; les femmes devenues collaboratrices de justice, terme improprement traduit par ‘repenties’, explique Fabrice Rizzoli.
« Tout mafioso se doit d’être marié et d’avoir des enfants, des garçons de préférence. L’épouse traditionnelle parfaite est celle qui ‘sert, obéit, ne voit rien, ne dit rien, mais sait tout’, pour paraphraser Claude Ducouloux-Favard**. Un rôle moins passif qu’il n’y paraît, car, les hommes étant le plus souvent ‘au-dehors’, elles ont tout pouvoir sur les enfants auxquels elles transmettent les codes culturels mafieux : se défier de l’État et de la Justice, conférer le privilège du pouvoir aux hommes, savoir garder le silence, ne jamais transgresser l’omertà, savoir exercer la vengeance. Bien des femmes de mafieux restent attachées à cette culture qu’elles ont inculquée à leurs enfants. Certaines d’entre elles – appelées les ‘veuves noires’ en Campanie – n’hésitent pas à organiser une ‘vendetta’ pour venger leur homme ou un fils assassiné. Et beaucoup se désolidarisent de leur mari ou de leurs fils quand ils passent dans le camp des collaborateurs de justice. Pour se protéger d’éventuelles représailles, peut-être, mais par fidélité à leur mode de vie aussi, sans doute.
« Car elles sont de plus en plus actives dans le monde criminel. Ainsi, les femmes prennent soin des hommes en cavale, qui sont de plus en plus nombreux, compte tenu de l’amplification de la lutte anti-mafia en Italie. Ce sont elles aussi qui véhiculent la drogue. Il faut savoir que, dans les années 70, jamais un policier américain n’aurait fouillé au corps une Sicilienne, courrier de la Cosa Nostra, toute de noir vêtue. Maintenant, il y a des femmes-policiers, ce qui change la donne… Ce sont elles également qui, à Naples ou à Palerme, transportent les armes lors des règlements de comptes. Souvenez-vous, de cette première scène du film Gomorra, un contrat dans un salon de beauté : les armes des tueurs sont déposées dans le sac de la jeune fille, leur complice, ce qui limite les risques de fouille. Et puis, quand les hommes sont en prison et qu’il s’agit de ‘boss’, ce sont les femmes qui font circuler l’argent, qui prennent les ordres et les répercutent sur leur territoire. Car il faut bien que ‘le business’ continue !
« Comme il y a de plus en plus de mafieux en prison, comme certains boss sont à l’isolement, ces femmes en viennent à prendre des initiatives, y compris celle de donner l’ordre de tuer, comme des écoutes téléphoniques en apportent la preuve. Ces femmes qui prennent le pouvoir sont filles ou sœurs d’un boss, plus rarement une épouse ».
[Les femmes chefs de clan sont rares encore. « Mais terribles ! », rapporte Claude Ducouloux-Favard dans son livre. Ont beaucoup fait parler d’elles : Angela Russo, dite ‘Nonna Eroina’, la mamie de l’héroïne, organisatrice d’un trafic à 80 ans ; Anna Maza, veuve d’un boss, entourée d’un staff entièrement féminin, protégée par des femmes gardes du corps. Le clan d’Anna Maza était plus préoccupé de bien gérer ses « entreprises » que de prendre le pouvoir sur d’autres clans. Mais ses membres ont eu recours au crime quand il leur a fallu se préserver de réseaux concurrents, tous masculins. En 2008, aucune des femmes chefs de clan arrêtées, n’était devenue collaboratrice de justice, contrairement à bien des hommes.]
« Enfin, poursuit Fabrice Rizzoli, il y a des femmes battues par leur mafioso, des femmes trompées, alors que le code de la mafia impose qu’une épouse soit respectée et que sur le territoire où il exerce, on ne doit pas connaître de maîtresse à un mafioso. Il y a des filles qui se sentent dépréciées par rapport à leurs frères parce qu’on ne leur laisse pas accéder à des études supérieures alors qu’on pousse les garçons. Il y a des femmes qui ne supportent plus l’accumulation des deuils autour d’elles. Il y également des épouses amoureuses de leur mafioso et qui ne se détournent pas de lui lorsqu’il passe dans le camp des collaborateurs de justice. En bref, pour des motifs de révolte divers, des femmes sortent de la mafia en se plaçant sous la protection de la Justice avec laquelle elles acceptent de collaborer.
« Une telle démarche représente une rupture totale avec la famille, le milieu, l’obligation de changer de nom, de devenir une autre. Si Margherita Gangemi et son mari, Antonio Calderone, un repenti, ont fini par se rejoindre aux États-Unis pour commencer une vie nouvelle, la jeune Rita Adria s’est suicidée, éperdue de solitude, après l’assassinat du juge Paolo Borsellino, un drame qui a servi de trame au film La Sicilienne. cf. La Sicilienne rebelle
[Rappelant le cas de Margherita Gangemi, Claude Ducouloux-Favard rapporte que le juge Giovanni Falcone se trouvait pour la première fois face à une Sicilienne, épouse d’un mafioso, attachée à son mari auquel elle se montrait soumise, mais également en opposition au monde de la mafia. Et cette universitaire ajoute : « le juge réalisait que 1968 était passé par là et que des femmes pouvaient défier la mafia ».]
« Sans nul doute, la lutte exemplaire de l’Italie contre la criminalité organisée, avec, surtout, confiscation des biens des mafieux, réduit le pouvoir d’intimidation de ces derniers et favorise le développement d’une résistance jusque dans la société civile », tient à souligner Frabrice Rizzoli. Il faut relever à ce propos, l’action de trois femmes, Giovanna Terranova, Caterina Mancusa et Rita Costa, veuves de juges assassinés : elles ont été à l’origine d’une pétition officielle contre Cosa Nostra qui, en 1980, a recueilli environ 30 000 signatures en Sicile. Dans la foulée de ce succès, a émergé la première association de femmes à Palerme : l’Associazione donne contro la mafia. Des femmes qui, dans la société civile, ont su vaincre la peur.
Monique Raikovic
*Fabrice Rizzoli, Docteur en Sciences politiques, a consacré sa thèse à l’étude des mafias italiennes (cf.Mafias italiennes et relations internationale)
**Claude Ducouloux-Favard – « La Mafia italienne – Des vergers d’agrumes aux marchés globalisés »,, éd. Arnaud Franel- avril 2008. (cf. Le livre pour les étudiants)
Anniversaire…
Il y a deux an, le nouveau président du Conseil avait donné le ton juste aprés sa troisième élection en menacant une journaliste.
Le 18 avril 2008, en Sardaigne, lors d’une conférence presse avec Vladimir Putin, une journaliste russe pose une question embarassante concernant la vie privée du Premier ministre russe. Silvio Berlusconi mime alors le geste de la mitraillette. Le futur représentant de l’Italie dans le monde sait-il que les journalistes gênants sont assassinés en Russie? Ou alors, ce geste, de manière plus subtil, est destiné à ceux qui s’obstineront à révéler ses liens avec la mafias (cf. biographie)
Voir aussi :
12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993)
ou
Jeunesse et hérédité de Silvio Berlusconi
et
Eglise et mafia
La Conférence Épiscopale Italienne, réunie à Assises, a déclaré que les membres d’organisations mafieuses sont automatiquement excommuniés de l’Église catholique. Cela voudrait dire que les mafieux sont excommuniés sans qu’il y ait besoin d’autres actes de la part de l’Église. Et bien, Non! L’église doit excommunier les mafieux et leur complice en motivant sa décision.
Le problème est que l’Église et la mafia partagent une valeur commune (une seule), celle de croire à un ordre supérieur, au dessus de l’état de droit. Ainsi, de nombreux prêtres acceptent les confessions des mafieux sans les inciter à changer de style de vie. Car quitter la mafia veut dire collaborer avec la justice et devenir un citoyen c’est à dire accepter la laïcité, l’avortement, la pillule, le préservatif… et cela l’église n’y croit pas.
De nombreux prêtres se taisent face aux mafieux. Certains les marient (cf. Bénédiction vaticane à la ‘Ndrangheta). D’autres mènent un combat social contre la mafia. Ils sont en premières lignes, sont assassinés (Pino Puglisi en 1993 et Don Diana en 1994) et sont peu soutenus par le Vatican.
Tant que le Vatican, en plus de faire le ménage dans ses banques (cf. scandale), n’acceptera pas la supériorité de la loi des hommes sur la loi divine, il ne pourra pas donner à ses prêtres des consignes antimafias sans ambiguités.
Ndr : Le 9 mai 1993, le Pape Jean-Paul II avait condamné la mafia lors d’une messe à Agrigente. Cosa nostra sicilienne répond le 28 juillet 1993 en posant deux bombes à Rome, visant l’église Saint Georges du Vélabre et surtout la Basilique Saint Jean de Latran (siège ecclésiastique officielle du Pape et considérée comme la « mère de toutes les églises du monde »). Ces attentats font parti d’un plan de déstabilisation globale de l’Etat (cf. 12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993).