Archive pour la catégorie ‘Histoire’
Les narco-comptoirs des mafias italiennes en Amérique latine
Les narco-comptoirs des mafias italiennes en Amérique latine
Quelques éléments historiques de géopolitique
Par Fabrice Rizzoli
Les acteurs criminalisés qui prospèrent dans certains territoires précis dérogent totalement aux règles du système légal. Pour contrôler le secteur concerné, ils imposent mêmes leurs règles à la collectivité.
Cependant leurs réseaux et les flux de diverses natures qu’ils véhiculent s’articulent, et sont relayés, bien au-delà des frontières de ces espaces de non-droit, capables même de se projeter et d’opérer à l’échelle transnationale. C’est ce qu’illustre l’article de Fabrice Rizzoli sur les « narco- comptoirs » latino-américains des mafias italiennes.
La série de visuels de cette enquête principalement historique met en évidence la persistance dans le temps entre organisations mafieuses des deux côtés de l’Atlantique, et l’étendue des liens tissés depuis des dizaines d’années. Cliquez : Revue OGC
La revue n°6 de l’OGC en ligne !
L’Observatoire Géopolitique des criminalités (OGC) sort le sixième numéro de sa revue ! Le sommaire est, comme d’habitude accessible ici gratuitement, afin que vous puissiez (encore une fois) constater de la diversité des sujets traités ou encore de la précision et de la pertinence avec lesquels ils sont étudiés.
Au sommaire de cette sixième revue, un gros morceau consacré à l’Amérique Latine et le Narcotraffic avec par exemple les orphelins du crime organisé au Mexique ou encore l’excellent article/enquête de notre intervenant FLARE France, Fabrice Rizzoli sur la question des narco-comptoirs des mafias Italiennes en Amérique Latine.
Si cette revue vous a intéressé, n’hésitez pas à vous inscrire à la lettre d’information de l’OGC pour vous tenir au courant de toutes leurs actions.
Parole d’honneur : la mafia au théâtre
Parole d’honneur
en FRANCAIS
Salle Vicky Messica du 12 février au 23 mars à du mardi au samedi 18h.
Parole d’onore en italien : 14, 28 février et 14 mars
Words of Honour en anglais : les 21 février, 7 et 21 mars
Un voyage au cœur de l’une des plus anciennes et secrètes organisations : La Mafia.
Résumé :
Le comédien italien Marco Gambino révèle les paroles des puissants parmi les grands chefs de la mafia (Toto Riina, Tomasso Buscetta, Michele Greco) telles que les a retranscrites, à l’état brut, le journaliste d’investigation Attilio Bolzoni. Glanées lors des procès ou au fil des interviews qu’il mène depuis trente ans, ces sentences sans fioritures nous plongent au cœur même du raisonnement mafieux qui n’est pas seulement une langue ou un code, mais un exercice d’intelligence, une exhibition permanente du pouvoir.
Soirée mercredi 19 décembre : journalisme d’investigation
FLARE / CF2R et Ethicando avec le soutien de Reporters Sans Frontières
vous invitent au débat :
Journalisme d’investigation : ça existe toujours?
Mercredi 19 décembre 20h à 23h
Chez Ethicando 6 rue de la Grange aux Belles 75010 Paris Métro Bonsergent
Frank Garbely, venu de Suisse et Pierre Abramovici discuteront du sujet.
Après la diffusion d’un extrait de Témoin C, un documentaire sur un agent iranien basé en Suisse responsable de terrorisme d’Etat, il sera débattu des conditions de travail des journalistes alors qu’il est toujours plus difficile d’enquêter sur les services secrets comme sur les secteurs illégaux en particulier les mafias. (cf. rapport RSF main basse sur l’information)
En la mémoire de Veronica Guerin, Ilaria Alpi (cf. FLARE et le Prix du Journalisme Ilaria Alpi) …. et à tous les autres…
Pas de collaborateur de justice : pas de lutte antimafia
Le mari, la mafia et la mamie
Cinq balles. Trois dans le corps, deux en pleine tête. Dont une tirée à bout portant dans la nuque. La marque d’un professionnel. Un contrat. À Paris ou à Marseille, cela n’aurait rien eu de vraiment surprenant. À Clermont-Ferrand, c’est autre chose. Surtout lorsque la victime est une femme. Françoise Ferreyrolles est abattue le 26 novembre 1991, peu après 7 heures du matin, sur le pas de sa porte, rue des Recollets. À deux pas de la cité administrative. Elle avait 43 ans. Elle était contrôleur à la direction départementale du Travail…
Elle voulait de l’argent, une prestation compensatoire, pour leur divorce. Lui, ne voulait pas payer. Alors, il a décidé de la supprimer. Et pour réussir le crime parfait, Bernard Rouhalde a invité la mafia italienne au fin fond de l’Auvergne !
Au point de déclencher un témoignage déterminant…. Celui de Salvatore Caruso, qui se présente aux carabiniers en demandant à bénéficier de la loi sur les repentis (terme journalistique impropre)
Les tueurs ? Trois Calabrais. de Taurianova (cf. Tir aux pigeons ou violence programmée?) Rouhalde a demandé à une amie, une veuve au-dessus de tout soupçon, de les héberger dans son village de 300 habitants. Le temps de préparer et de commettre leur crime. Ce qu’il ignorait, c’est qu’un mafioso est parfois plus bavard qu’une « mamie » auvergnate !… la suite
PS : la chronique de Dominique Rizet porte sur le « repentis ». Ces informations sur les collaborateurs de justice sont très bonnes (sources). Je demande bien qui a pu lui fournir 🙂
Faites entrer l’accusé :
Un grand personnage de l’Antimafia s’en va
Pier Luigi Vigna, grand magistrat antimafia a succombé à une tumeur à l’âge de 79 ans.
Toscan et magistrat depuis 1959, il enquête sur les terrorismes et rencontre donc la mafia lors de l’attentat traiin « Rapide 904 Naples-Milan » qui fait le 23 décembre 1984 près de Florence 17 morts (de 4 à 67 ans) et 266 blessés! L’enquête met en cause l’extrême-droite associée des membres de la Camorra et de Cosa nostra en particulier le boss Pippo Calo de Porta Nuova référent de Dell’Utri (cf. Le lien organique du président du Conseil avec les organisations mafieuses)
Per Luigi Vigna devient procureur antimafia en Toscane et enquête sur des trafics d’arme et de drogue. En 1992, il recueille les informations du collaborateur de justice Gaspare Mutolo ce qui va donner donnant les clefs de lecture des attentats commis par Cosa nostra sicilienne à Milan, Rome et Florence de 1993.
Entre 1997 et 2005, Pier Luigi Vigna devient le procureur national antimafia coordonnant enquêtes contre les organisations criminelles qui a permis à un étudiant français dés 2002 de publier un article, certes mal écrit :), sur la réalitié des attentats de 1992-1993 et les complictés politico-administratives in « L’Etat italien face au terrorisme mafieux« , Etat et terrorisme, actes du colloque de Paris organisé par Démocraties, éditions Lavauzelles, 2002.
Mafias.fr rend hommage à ce grand personnage de l’antimafia sans qui la thèse Mafias italiennes et relations internationales n’aurait pas pu être aussi fournie.
Une pensée également pour ses proches.
3 septembre : Carlo Alberto Dalla Chiesa
En effet, pourquoi Salvatore Riina, le nouveau chef de Cosa nostra aurait-il fait tuer un préfet débarqué à Palerme depuis trois mois? Les thèses s’affrontent. Riina (cf. Leçon de communication mafieuse par Toto Riina), en guerre contre d’autres familles mafieuses aurait agi pour montrer sa puissance à ses rivaux. Ou alors, les enquêtes et le travail auprès de la population de la part du préfet mettaient en danger l’organisation mafieuse. Ces mobiles sont importants mais ils ne suffisent pas à expliquer la prise d’une telle décision. En réalité, Riina avait déjà presque terminé « l’extermination » des familles mafieuses rivales et n’avaient donc pas besoin d’assoir son autorité avec un tel geste.
– Le crash suspect, en 1962, de l’avion d’Enrico Mattei (Président de la compagnie des hydrocarbures),
– Le meurtre du journaliste Mauro de Mauro en 1970 et celui de Mimo Pecorelli en 1979,
– L’enlèvement et le meurtre du Président de la Démocratie Chrétienne Aldo Moro en 1978,
– L’implication de la loge clandestine P2 dans la vie politique
De là à penser que le chef de la mafia sicilienne a rendu un service aux politiciens corrompus (cf. Il Divo) en échange de l’impunité, il n’y a qu’un pas.
Italie, l’omertà d’État au secours de Cosa Nostra
L’idée que l’état a négocié avec le mafia en 1992/1993 est déjà prouvé d’un point de vue historique. Dans cette article dés 2002 12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993. et dans une thèse dont vous trouverez un extrait Le terrorisme mafieux dans la crise du système politique italien.
Mais en ce moment, la justice italien tente de prouver dans un tribunal que la négociation est venue de l’Etat et non de la mafia qui en assassinant Lima, Salvo et Falcone ne faisait que punir ces anciens allée (Lima et Salvo) et ses ennemis (Falcone) pour avoir mené à terme le maxi-procès le 30 janvier 1992 (cassation).
Il est pour le moins singulier que certains s’emploient à nier le travail des magistrats. Enrico Porsia de Bakchich info (cf. La mafia calabraise vue par Bakchich-info décode :
« L’Etat italien a bien négocié avec la mafia pour que cesse la vague d’attentat du début des années 90. Des tractations, jonchées de cadavres, et couvert du sceau du secret. Que des magistrats, souhaitent, vingt ans après faire sauter.
Il y a 4 ans le parquet de Caltanisetta avait réouvert l’enquête sur les assassinats des juges Falcone et Borsellino et le parquet de Palerme celle concernant les tractations entre l’État et la Mafia.
Le 24 juillet dernier, le parquet de Palerme a demandé que 12 personnes soient renvoyées devant les juges pour répondre «d’attentat à un corps politique de l’Etat »…
La suite : Enrico Porsia
Sensibilité mafieuse… et série télévisée
Risquons nous à un billet original. Je suis en train de lire le compte rendu de la déposition du collaborateur de justice Gaspare Mutolo au procès Mori (cadre des Carabiniers accusé d’avoir favorisé la mafia). Mutolo est un collaborateur de justice de la première heure qui a expliqué Cosa nostra et la politique (cf. Mafias italiennes et relations internationales).
Gaspare Mutolo rapporte une scène des premiers jours de juillet 1992. Le juge antimafia Borsellino l’interroge à Rome depuis des heures, décontracté, quand le téléphone sonne. C’est le Ministre de l’intérieur. Le magistrat se rend alors au ministère et revient blême et très nerveux. Le mafieux collaborateur de justice lui fait remarquer qu’il fume deux cigarettes en même temps : une dans la bouche, une dans la main. Rires partagés. Le magistrat explique alors l’effroyable message qu’il vient de recevoir :
Bruno Contrada, le responsable des services de renseignement civiles (SISDE) vient de lui dire (au magistrat) : « si Mutolo a besoin de quelque chose, je suis à disposition«
Vous comprenez le problème?
L’interrogatoire du mafieux normalement ultra secret est en fait connu dans tout Rome…
Problème? Le contexte de 1992 ou le tournant du siècle (cf. Le terrorisme mafieux dans la crise du système politique italien)
Le 30 janvier 1992, la Cour de cassation vient de confirmer le verdict du maxi-procès de 1987 et la condamnation de 300 mafieux de Cosa nostra. La mafia sicilienne dirigée par les Corléonnais déclare la guerre à l’Etat (cf. colloque sur les attentats de 1992-1993), tue Salvo Lima et Ignazio Salvo référents politiques de la DC en Sicile, puis le juge Giovanni Falcone le 23 mai (cf. Bon anniversaire Giovanni).
Paolo Borseillino est le prochain. il est un cadavre ambulant. Il le sait. Mais ce qu’il découvre c’est que des fonctionnaires des plus hautes sphères de l’Etat joue contre lui. Le magistrat Borsellino est contre une négociation avec la mafia, d’autres fonctionnaires si… ‘Pour plus d’info voir « N ». Négociation dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia en vente chez Ethicando – 6 rue de la Grange aux Belles 75010 Paris- ou sur Amazon.
Imaginez la scène. le chef des services secrets qui lui balance en langage codé : « je sais que tu interroges le repenti Mutolo« . C’est une menace à peine déguisée. C’est une scène digne de série télévisée quand l’inspecteur met le suspect en position de coupable. Un peu comme les scènes finales de Columbo ou de NY section criminelle. Vous savez, avec une musique… sauf que là c’est le gentil qui se subit un « stress position« .
Oui, ce jour là, le sol s’est dérobé sous les pieds de Paolo Borsellino. La phrase de Bruno Contrada lui a sectionné les jambes et elle annonce les bombes de juillet contre Paolo Borseillino (en photos cf. Sicile 4 : bon anniversaire Paolo)
PS : Bruno Contrada a été condamné à 10 ans pour complicité avec la mafia 🙂
Attentat à Brindisi : tribune Atlantico
Il est 7h50 samedi dernier, quand des élèves du lycée de Brindisi subissent une explosion qui fait un mort et plusieurs blessés dont certains très grièvement. L’Italie se réveille ans la peur de revivre les années de Plombs qui voyait se déchaîner un terrorisme politique de tous les extrêmes.
A ce moment, aucun élément tangible ne permet d’imputer cet attentat… mais faisons comme si.
D’abord, balayons les stéréotypes : la mafia ne touche pas aux enfants ou la mafia n’a pas besoin de faire des attentats. En réalité, la mafia tue père et mère si la survie du clan en dépend. Les massacres d’innocent sont fréquents dans la mafia comme ceux de 1947 ou on tira sur la foule de militants de tous âges à Portella della Ginestra : 11 morts et 65 blessés. Enfin, il y a deux ans, des clans calabrais ont disposé une voiture avec des explosifs (sans mis amorce possible) sur le parcours du président de la République. Enfin, la mafia est capable d’atteindre le stade ultime de la violence politique puisqu’elle à posé des bombes à Palerme, Florence, Milan et Rome entre1992 et 1993.
L’attentat a lieu dans le Sud, territoire d’élection des mafias italiennes et en particulier dans les Pouilles, territoire de la Sacra Corona Unita, 4ème mafia née dans les années 1980 et qui doit son envol à l’éclatement des Balkans…la suite sur Atlantico