Archive pour la catégorie ‘Antimafia’
Séminaire de recherche : l’Italie et l’Europe
Groupe de recherche sur l’Italie contemporaine (GRIC)
Marc Lazar, Professeur d’ Histoire et de sociologie politique à SciencesPo
Marie-Anne Matard-Bonucci, Professeur d’Histoire à Grenoble, CRHIPA et Centre d’histoire SciencesPo
Dominique Rivière, Professeur de Géographie à Paris Diderot (UMR, Géographie-Cités)
Jeudi 16 février 18h à 20h
La mémoire du juge Falcone dans la lutte contre la mafia
Intervenante : Charlotte Moge (Université de Grenoble)
Centre d’Histoire de Sciences-Po
Sujet de thèse de la discutante:
La construction d’une mémoire publique de la lutte contre la mafia de 1982 à 2002 autour d’un martyrologe : Pio La Torre, Carlo Alberto Dalla Chiesa, Giovanni Falcone e Paolo Bordellino. Entrer la fin des années 1970 et le début des années 1980, la mafia sicilienne voit sa puissance financière s’accroître énormément grâce au trafic de drogue. Dans ce contexte, le clan des Corléonais provoqua la deuxième guerre de mafia visant à redéfinir les équilibres internes. Cosa nostra décide également de déclarer la guerre à l’Etat en s’attaquant à des figures essentielles de l’antimafia : policiers, juges, hommes politiques…. L’année 1982 constitue le pic de cette crise de violence mafieuse : l’assassinat de Pio Latorre et du général Dalla Chiesa.
Une partie de la société exprime son rejet des institutions et provoque la naissance d’une conscience civile et républicaine. Ce nouveau souffle antimafia se répercute au niveau judiciaire, les juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino sont les symboles de la première offensive qui se solde par la première victoire pénale contre la mafia.. Mais en 1992 les deux juges sont assassinés. Les protestations sont nombreuses et par conséquent le mouvement antimafia connaît un grand essor.
Cependant l’antimafia est encore un secteur inexploré par les historiens et les chercheurs en sciences sociales. Ce sujet de thèse se situe à la croisée de trois chantiers historiographiques : l’histoire de Mezzogiorno, l’histoire de la violence politique et sociale et l’histoire de la construction d’une ou de plusieurs mémoire(s) nationale(s) de l’Italie républicaine.
Ethicando : l’Antimafia s’installe à Paris
Ethicando
6, rue de la Grange Aux Belles
75010 PARIS
Métro: République ou Jacques Bonsergen
Caterina Avanza Ludovica Guerreri : 01 84 06 18 43
Ethicando est une vitrine pour des coopératives sociales italiennes qui se battent contre les méfaits des économies criminelles et pour un retour à la « légalité » : L’arme qui peut tuer la mafia : la réutilisation des biens confisqués
Les produits présentés par Ethicando sont ainsi les fruits du travail de jeunes en difficultés cultivant les terres confisquées aux mafias, de détenu(e)s et ex détenu(e)s en processus de réinsertion, de groupes de femmes au chômage de quartiers sensibles ou encore de personnes fragiles psychiquement. Exemple
Nos produits sont sélectionnés pour leur style, leur gout et leur qualité bio.
Ce qui les rassemble et les rend uniques, c’est avant tout cette valeur sociale de la légalité : ETHICANDO
Toxic Europe : le journalisme qu’il vous faut
«Toxique Europe» c’est Biutiful cauntri (documentaire sur le trafic de déchets dans la région de Naples) mais à l’échelle de l’Europe. 27 min pour montrer les quantités, les mécanismes et le flux du traitement illégal de déchets dangereux (cf. « l’Italie, ses déchets, son béton, ses mafias ». Le trafic de déchets est l’une des écomafias qui, depuis 20 ans, est l’une des principales sources de profits des mafias. Il se répand actuellement, suivant la mode économie mondialisée, à tout le reste de l’Europe. L’enquête soutient qu’une combinaison de phénomènes ont contribué à cette expansion : recherche de nouveaux clients, nouvelles routes et nouvelles décharges illégales font que des tonnes de déchets dangereux se déplacent sans contrôle adéquat.
Toxic Europe co-produit par le www.dailyblog.it (journal en en ligne) et l’Associazione di Giornalismo Investigativo a été sélectionnés par FLARE, par l’associazione Ilaria Alpi et Novaïa Gazeta avant de gagner le « Best International Award criminalité organisée rapport de 2011 » (cf. FLARE et le Prix du Journalisme Ilaria Alpi)
Vous pouvez maintenant voir la version italienne sur le net ICI. Il existe une verison anglaise à commercialiser. Une version française serait souhaitable 🙂
Voici la version anglaise
TOXIC EUROPE from Toxic Europe on Vimeo.
Alerte : un journaliste menacé par la mafia
Giovanni Tizian : ghost of the civil dead
de Guillaume Origoni
Giovanni Tizian est un journaliste italien qui enquête depuis plus de cinq ans sur l’extension territoriale des réseaux mafieux. Ce métier est dangereux, mal payé et socialement sous évalué. Récemment menacé, il vient rejoindre le lot des journalistes vicitmes du crime organisé comme le rappelle le rapport de RSF (cf.“Crime organisé, main basse sur l’information”)
La vie de Giovanni Tizian est une histoire qui commence mal. La suite n’est guère plus réjouissante. En 1994 alors qu’il devait avoir approximativement 9 ans, son père est assassiné par la ‘Ndrangheta La famille quitte alors la Locride en Calabre pour Modena, en Emilie Romagne. En 2006, Giovanni devient journaliste et enquête sur les ramifications de la criminalité organisée dans le Nord de l’Italie. Son travail contribuera à l’établissement d’une cartographie précise des clans, notamment en Emilie.
Il est déterminé, rigoureux, précis et fait face à un ennemi tout aussi déterminé, rigoureux et précis. Tout laisse à penser que la publication récente de son livre : « Gotica ‘Ndrangheta, mafia e camorra oltrepassano la linea » est très renseignée. L’Etat Italien a décidé de le protéger 24h/24 et 7/7.
La mise en place d’une protection rapprochée pour un journaliste est toujours difficile à concevoir dans un Etat de droit. Pourtant, nous ne relatons point des faits émanant du Mexique ou de la Colombie, mais bel et bien de la région de Bologne où Giovanni Tizian avait, depuis peu, accepté la charge de prendre la direction de Libera Radio, la radio anti-mafia du réseau associatif éponyme.
Federico Lacche, rédacteur en chef de Libera, a fait part à mafias.fr de sa « vive inquiétude devant la prolifération incontrôlé des réseaux mafieux en Emilie Romagne et dans le Nord du pays. Nous ne pouvons pas encore parler de colonisation, qui serait un prélude au contrôle du territoire, mais nous craignons que cette phase soit en cours d’élaboration par les clans (voir l’article en italien « 1250 opérations bancaires suspectes en Emilie Romagne au cours des 6 derniers mois ».).
Le phénomène mafieux est endogène, même si le second conflit mondial servira de catalyseur à son enracinement par le biais de James Jesus Angleton (cf. Mafias italiennes et relations internationales), les anti-viraux que sécrètent le corps social italien le sont tout autant. Les difficultés de Giovanni Tizian ont provoqué une réponse citoyenne sous l’impulsion de l’association da Sud qui a mis en place un réseau d’escorte civile et populaire.
Le journaliste doit également faire face à une difficulté supplémentaire, celle d’être un journaliste précaire, enchainant les piges mal payées malgré le sérieux de ses enquêtes. Ce qui le place de facto dans une situation d’insécurité sociale extrême : démuni, isolé et condamné à mort par la mafia la plus puissante au monde (cf. ‘Ndrangheta « mafia number one »).
Good night and good luck …
Son ITW sur Libera Radio ici
L’alerte lancée par Antonella Beccaria : ici
PS : de Guillaume Origoni
Le renseignement contre les mafias)
« La plage » : un film de Guillaume Origoni avec Antonino Agostino…
Azzardopoli : à quand la carte des machines à sous en France?
Pompé, faute de temps, sur le site crimorg.com (dont je recommande la lecture chaque matin pour décrassage 🙂
L’association antimafia Libera a publié l’étude « Azzardopoli » sur les activités de jeux illégaux en Italie, un marché estimé à 10 milliards d’euros. L’association a recensé 41 clans mafieux actifs dans ce secteur :
– Camorra : Misso, Mazzarella, Bidognetti, Crimaldi, Di Donna, Gionta-Gallo-Cavaliere, La Torre, Tavoletta, Amato-Belforte, Vollaro, Brandi, Cava, Grimaldi, Terracciano, Moccia, Schiavone, Zaza, D’Alessandro, Fabbrochino, Mallardo ;
– Cosa Nostra : Inzerillo, cosca de Villabate, Lo Piccolo, Madonna, D’Agati-Villabate, Aparo, Santapaola, Madonia, Bottaro-Attanasio ;
– ‘Ndrangheta : Pelle-Gambazza, Condello, Libri-Zondato, Mancuso, Labate ;
– Sacra Corona Unita : Vicientino-Pasimeni-Vitale-Penna, Parisi-Capriati, Tornese, Strisciuglio ;
– ancienne Bande de la Magliana (Rome).
L’Italie : son cinéma, son antimafia
Une lecture antimafieuse de « Une vie Tranquille » et d’autres films récents.
Le 29ème festival du cinéma italien d’Annecy a primé des films délicieux, tous avec de très fortes dimensions sociales (cf. Mafias.fr au Festival du cinéma italien à Annecy). Dans «Sette opere di misericordia» et «Sulla strada di casa», les protagonistes luttent pour la survie : un entrepreneur fait même la mule pour une organisation criminelle… Annecy a mis les documentaires à l’honneur avec «Il valzer dello zecchino» qui raconte la participation de trois enfants de différentes origines sociales et géographiques à un célèbre concours de chansons. Dans «Italia : love it or leave it», premier prix du jury jeune, deux Italiens sont contraints de quitter leur appartement romain. Pourquoi ne pas tenter l’aventure à l’étranger ? Partir ou rester ? Une question qu’ont du se poser nombre de lecteurs de ce papier… « Scuola di uomini » de Tommaso Cotronei n’a pas été récompensé, mais il a reçu une ovation du jury pour avoir filmé dans une Calabre abandonnée des dieux, le quotidien répétitif des enfants qui grandissent à la ferme.
On a pu voir aussi «Il gioiellino» sur le crack Parmalat avec Tony Servillo, brillant de justesse, mais c’est «Tatanka» qui a séduit le grand public. Le film, vif et haut en couleurs, charge littéralement le spectateur, tel un bison, avec ce boxeur qui n’arrive pas à sortir de son milieu empli de Camorra… Après «Gomorra» ou «Fortapasc’», la mafia napolitaine serait encore source d’inspiration du cinéma italien.
La suite dans la Revue FOCUSin
« Bourgeoisie mafieuse » : définition
Les mafieux (appartenant à l’organisation par affiliation) ne sont rien sans leurs complices. Le pouvoir de la mafia réside dans ce corps social composé de mafieux et de complices. Umberto Santino du Centre Impastato parle depuis le début des années 70 de « bourgeoisie mafieuse », seul concept capable d’expliquer la pérennité du phénomène mafieux, définition :
« Le système relationnel mafieux est composé de rapports de parenté, d’amitié, d’intérêt, de contiguïté et de complicité. Ce réseau s’affirme dans des conditions de développement comme de sous-développement économique. Ces relations composent un corps social hiérarchiquement organisé. Les catégories sociales les plus pauvres représentent le bassin de recrutement de la main-d’œuvre pour les mafias. Les sommets de l’organisation mafieuse sont capables de sceller un pacte scélérat avec les plus hautes sphères du pouvoir politique et économique, la haute société».
Le tout forme un corps social, un club « privé », que le sociologue Umberto Santino qualifie de « bourgeoisie mafieuse » in Dalla mafia alle mafie. Scienze sociali e crimine organizzato, Rubbettino, Soveria Mannelli 2006.
Pour plus d’information en français Umberto Santino
Dans la vidéo en français, le collaborateur de justice (appelé à tort « repenti ») utilise aussi ce concept 🙂
Revue de presse
L’express nous offfre un beau papier sur la mafia italienne mais aussi sur l’Antimafia. Ne sont cités, ni mafias.fr, ni FLARE, ni Ethicando qui distribue en France les produits Libera Terra (issus des terres confisquées aux mafieux). Sans compter qu’une petite présentation du Petit dictionnaire énervé de la mafia aurait été fort à propos 🙂
Un jour peut-être 🙂
En attendant voici les liens de l’Express
Le combat d’une fille contre la mafia
Mafia, un curé contre la Camorra
Mafia: Chemin de croix pour le capitaine
Le café de Paris remis en Liberté!
Souvenez vous, le 26 novembre 2008, es enquêteurs signalaient que le « café de Paris » à Rome était entre les mains de la ‘Ndrangheta (cf. La folle semaine…). Puis, le 22 juillet 2009, la Garde des finances mettait sous sequestre ce commerce (cf. 200 millions d’euros saisis). Les enquêteurs avaient en effet démontré les propriétaires formaient une association criminelle autour de la ‘ndrine (nom donné aux familles mafieuses calabraises) Alvaro (violence programmée). Enfin, une procédure administrative a enteriné la confiscation (un procédé expliqué dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia à paraître ou Contre le crime organisé : pour une confiscation-redistribution)
En ce mois décembre, Libera, le cartel d’association antimafia, a fêté cette décision en dégustant des produits Libera Terra issus des terres confisquées à la mafia : l’huile calabraise de la plaine de Gioia Tauro, le vin de la coopérative « Cento Passi » fait à Corleone, les pâtes de Don Peppe Diana de la province de Caserta et la sauce tomate des terres confisquées à la Sacra Corona Unita.
La bourgeoisie mafieuse des Casalesi mise à mal
Cette semaine, les forces antimafias ont arrêté Michele Zagaria le dernier grand parrain des Casalesi, un cartel de clans de la mafia napolitaine (cf. bunker et consensus social). L’interview de Roberto Saviano, auteur du livre Gomorra, est intéressante car il se concentre sur les complictés qui permettent à la mafia de perdurer. Il cite notamment le policitien Nicola Cosentino (cf. Gomorra au gouvernement?). Voici son interview traduite en français : EURONEWS.
Roberto Saviano a tout à faite raison mais il aurait pu rendre à César… 🙂 en citant le concept de la bourgeoisie mafieuse d’Umberto Santino du Centre Impastato) et même évoquer les rencontres entre les Casalesi et Pietro Lunardi : ministre des travaux publics du dernier gouvernement Berlusconi.
Définition de la bourgeoisie mafieuse à retrouver dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia :
La vidéo de Roberto Saviano en français :