Soyons clairs : pour beaucoup de Corses le rapport de forces n’est pas pour l’instant en faveur de l’Etat, affaibli par un manque flagrant de résultats et par la perte de confiance dans les institutions après la calamiteuse affaire du préfet Bernard Bonnet [il avait été condamné à trois ans de prison, dont un ferme, le 15 janvier 2003, pour avoir ordonné en 1999 de mettre le feu à deux paillotes construites illégalement sur le domaine public].
En face, le crime organisé jouit d’une impressionnante impunité, dispose de moyens financiers importants et sa puissance de feu est de nature à dissuader les plus courageux. Difficile dans ces conditions d’attendre de la population qu’elle s’engage : d’autant que les messages de scepticisme diffusés par des personnalités parmi les plus influentes, dans la société civile comme dans la sphère politique, sont de nature à pousser une population pauvre et désespérée plutôt dans les bras des voyous, pourvoyeur d’emplois dans les secteurs qu’ils contrôlent, que dans le giron de l’Etat.
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