Archive pour 2011
Quitter le programme de protection : mauvaise idée!
« Monsieur le juge, vous savez que je devais vous assassiner«
Vincenzo Calcara au juge Borsellino en 1991
Au mois de mars 2011, deux hommes, âgés d’une quarantaine d’années frappent à la porte d’une petit maison du Piemont. Une femme ouvre et les deux hommes en dialecte sicilien lui disent : « Où est Vincenzo ? » ; « Dis lui de rester muet »… Ils viennent dans le plus pur style mafieux de menacer Vincenzo Calcara, homme d’honneur de la famille de Matteo Messina Denaro (cf. La mafia et les énergies renouvelables). Vincenzo Calcara devait assassiner le juge Paolo Borsellino mais il a préféré rencontrer le juge et collaborer avec la justice de 1991 à 1998 ; un peu comme Rita Atria (cf. La Sicilienne rebelle).
Vincenzo, aprés avoir témoigné et fait son temps de prison, sorti du programme de protection des « repentis » un lourd à supporter. Il n’en empêche, le lieu d’habitat devait quand même rester secrêt. Soit, il y a eu une fuite au sein des services protection, soit les mafieux l’on suivit aprés une des apparitions car Vincenzo multiplie les interventions publiques pour dénoncer la Mafia. En décembre dernier, il était dans son village de Castelvetrano pour faire un débat avec les lycéens mais le proviseur avait refusé de faire venir les élèves (cf. Salle vide pour Borsellino au pays du boss). Aucun élève ne s’est présenté et c’est finalement avec l’ancien maire de la commune, connu pour ses acquaintances, que Calcara avait affrontait (cf vidéo en italien) .
La femme et le fils de Calcara ont été rapidement pris en charge par les forces de l’ordre et envoyés dans un autre endroit. L’enquête est en cours pour déterminer comment le lieu de résidence a été identifié.
Sortir du progrmame de protection des collaborateurs de justice est déconseillé (cf. Le jeune Castello échappe à une mort certaine). L’Etat italien a protégé environ 6 000 mafieux depuis 1991 (je n’arrive pas à avoir le chiffre exacte 🙂 ) et aucun d’entre eux n’a été assassiné (cf. Un nouveau collaborateur de justice pour l’Etat italien). En revanche, ceux qui quittent le programme… lLannée dernière, une jeune femme ne supportant plus de voir son enfant est retrourné voir son « ex » membre de la ‘Ndrangheta « mafia number one » et avec ces complices, ile compagno l’a assassiné et dissous son corps dans l’acide (cliquez).
Second politic killed in Corsica
The 22th of april, Jeanne-Marie Bozzi, 55, mayor of Grosseto-Prugna from 2001 to 2008, was shot eight bullets of 9 mm Porticcio by two men on a motorcycle. This is the second political murdered in Corsica this year and already 15 deaths due to the phenomena of organized crime. There would be a thirty year murder in Corsica for less of 300 000 inhabitants, a rate much higher than in southern Italy …
Un deuxième élu assassiné en Corse
Marie-Jeanne Bozzi, 55 ans, maire de Grossetto-Prugna de 2001 à 2008, a été abattue de 8 balles de 9 mm à Porticcio par deux hommes à moto. C’est le deuxième élu assassiné en Corse cette année et déjà 15 morts dus aux phénomènes du crime organisé (cf. Double assassinat en Corse : indifférence générale et Violence programmée en Corse. Il y aurait une trentaine de meurtre par an en Corse pour moins de 300 000 habitants, c’est un taux bien plus élevé qu’en Italie du Sud…
Mafia : entre illégalité et légalité…
Le clan Giuliano qui s’est offert des funérailles grandioses composé par les frères Guglielmo, Salvatore, Raffael et Nunzio régnait sur le quartier de Forcella dans les années 80 et 90. Dans les années 2000, il était en baisse de régime car il était dirigé par le beau frère Luigi (devenu « repenti » en réalité collaborateur de justice).
Plus intéressant encore, la « success story » des Giuliano commence dans les année 50 quand les producteurs de tabacs américians décident de se séparer de leur stock. Pour cela, les sociétés légales du tabacs livrent aux contrebandiers leur marchandise hors taxe dans le port francs de Tanger. Avec l’indépendance du Maroc dans les années 60, le port de Tanger n’est plus « free duty » et c’est Naples qui devient la plaque tournante de la contrebande de tabac sous le contrôle des clans sciliens implanté sà Naples. Devenus riches et indépendants, les clans de la Camorra napolitaine ont investi dans la drogue très rentable grâce à la prohibition et dans les appels d’offre « grâce » au tremblement de terre de 1980. On peut quand même dire que les producteurs de tabacs ont payé une partie de cette enterrement 🙂
Aujourd’hui : » l’Ukraine, elle, se révèlerait être l’une des plaques tournantes européennes. Phillip Morris, Japan Tobacco, Imperial Tobacco et British American Tobacco -quatre leaders mondiaux- produisent et importent dans le pays 30 milliards d’excédents de cigarettes chaque année -l’équivalent de 2 milliards de dollars. Celles-ci seraient écoulées clandestinement à travers toute l’Europe. Tandis que les usines du Paraguay produiraient 20 fois plus que ce que le pays consomme. Les 90% de sa production, soit l’équivalent de 1 milliard de dollars, se volatilisent dès la fabrication achevée… la suite.
Conclusion, les secteurs légaux (les compagnies de tabacs) produisent de l’illégalité (la contrebande) et enrichissent les mafias.
Les funérailles grandioses : démonstration de pouvoir
Au mois de mars avait lieu les funérailles d’Amalia Stolder, 51 ans. Elle était la femme du boss de Forcella de la Camorra napolitaine. Dans le quartier Forcella de Naples règne le clan des Giuliano et le convoi mortuaire était composé d’un « carrosse funéraire » tiré par 6 chevaux noires. Amalia Stolder était aussi la sœur du boss Raffaele Stolder, libéré en mars 2008 après 17 ans de prison pour trafic de stupéfiants et arrêté à nouveau en octobre 2009. On notera qu’ici la femme du clan obtient les honneurs, très certainement pour avoir joué un rôle important quand les hommes étaient en prison (cf.Pas de femme, pas de mafia). Ce type de funérailles serve à démontrer le pouvoir du clan et obtenir du consensus social (cf. Arrestation du « boss » Tegano et du consensus social) et les mafias italiennes ne sont pas les seules à utiliser cette arme.
Au mois décembre 2010, un biker d’Amsterdam était abattu à coups de calibre (cf. To be mafia or not to be), voilà comment la communauté Hells a réagi : une centaine de membres de toute l’Europe ont défilé en moto (photo à droite)
C dans mafias.fr
Tous à vos postes pour l’émission pour C’est Dans l’Air sur Berlusconi et la place des femmes dans la société italienne. En complément de cette émission, les articles de mafias.fr sur les femmes face à la mafia (cf. Journée de la femme 2011 : le courage de collaborer avec la justice).
Enfin, il convient de rappeler que le président du Conseil n’est que l’émanation d’une criminalité systémique dont les femmes sont les objets. Dans le cas des filles mises a disposition (plus d’une dizaine qui auraient pratiqué des relations sexuelles contre de l’argent ou des avantages), on notera que:
– Les jumelles Eleonora et Imma De Vivo qui bénéficient d’un appartement dans le complexe immobilier Milano 2, construit par Fininvest, la société de Berlusconi mais vit à Naples avec Massimo Grasso. Ce dernier, entrepreneur et ancien conseiller municipal de Forza Italia, est mis en examen ’association mafieuse et entendu par un tribunal dans une affaire de machines à sous illicites, placées par la société de de son frères sous le contrôle des clans napolitains. Accessoirement, l’immeuble où habite le couple appartient à la société « Le Mimose », placée sous séquestre dans le cadre d’une autre enquête.
– Noémi Letizia qui a invité le président du Conseil pour ses 18 ans est la fille d’ Elio Letizia mis en examen pour extortion en lien avec le clan du Secondigliano de la Camorra (cf. Camorra Murder : number 26 )
– Barbara Montereale, 23 ans en 2008, est liée au clan parisi de figure de la mafia de Bari et à la députée Elvira Savino, également lise en examen pour blanchiment( cf. article 4Italie : état de droit!)
– Sabina Began est la compagne de Bashkim Neziri, proche de l’UCK (Armée de Libération du Kosovo), était recherché pour trafic international de drogue.
– Perla Genovesi et Nadia Macri servaient de « mules » pour un réseau de trafic de cocaïne dirigé par des clans siciliens. Perla, ancienne assistante parlementaire d’un sénateur, a admis avoir participé à des fêtes avec des hommes politiques, avec son amie Nadia, escort girl. C’est durant ces fêtes (avec sexe, alcool et stupéfiants) qu’elles auraient rencontré Silvio Berlusconi.
Bonne émission
La caravane passe et la mafia trépasse
La caravane antiamafia partie d’Italie passe en France sous la direction du festival transméditéranée, à Bastia (Corse Matin), à Grasse et à Marseille puis se rendra en Suisse...
A Marseille, samedi 16 avril, le programme suivant
Centre Culturel Louis Aragon
Septême les Vallons
9h30 Ouverture Paul EUZIERE, Président du Festival TransMéditerranéeTable ronde 1 : l’expérience française et italienne
Modérateur Fabrice Rizzoli, docteur en sciences politiques, secrétaire général de « l’Observatoire Géopolitique des Criminalités » et représentant de FLARE (Freedom Legality And Right in Europe)
Maria Ferrucci, maire de Corsico dans la province de Milan Mario Vaudano, Fonctionnaire de l’OLAF Office de la Lutte Anti Fraude de la Commission Européenne, ancien magistrat italien
Alessandro Cobianchi, juriste, ARCI
Déjeuner
Table ronde 2 : Le renforcement des contrôles, le rôle des élus, les perspectives, l’éducation à la citoyenneté »
Fabrice Rizzoli, FLARE-OGC « le phénomène des infiltrations mafieuses au sein des collectivités territoriales et la loi sur la dissolution »
Pierpaolo Romani, Coordinateur National d’Avviso Pubblico
Paul Euzière, Président du FTM, auteur, collaborateur à « La Pensée » et « Recherches Internationales »
Conclusion
20h30 Projection Débat de « Fortapacs » de Marco Risi
Puis départ pour la Suisse :
Café : enjeu statégique pour les mafieux
Au mois de mars 2011, la presse américaine révèlait que le syndicat Laborers Internation Union of North America (LIUNA) avait placé la section 6A (employés de la construction) sous contrôle direct car elle veut isoler Ralph Scopo, manager proche de La Cosa Nostra (cf. De La Cosa Nostra (LCN) : une mafia américaine!) ; information obtenue grâce à Dino Calabro, un capo (chef d’équipe) de la Famille mafieuse des Colombo. Ce mafieux a expliqué que contrôler le syndicat permettait de bénéficier d’emplois fictifs et même de détourner les fonds de la vente de cafés sur les chantiers….
En Italie, au mois de septembre 2010, on apprend que le clan camorriste des Casalesi, (cf. Une victoire de l’Etat contre les Casalesi) en réalité un cartel de clans dans la province de Casal di principe contragnaient les établissements de débit de boisson et d’alimentation à acheter une marque de café. Les magistrats procureurs ont émis 11 mandats d’arrêt dont Giuseppe Setola, le leader du commando du jeudi noir (cf. « Jammuncenne »).
Le café est donc stratégique pour les mafias des deux cotés de l’Atlantique. Et en France?
Education à la soumission dans les bacs à sable
«O pagate o qui non ci potete stare, capito?».
Le journal il mattino à Naples rapporte que des bandes d’adolecents rackettent des parents sur des aires de jeu dans certains quartiers de Naples. Selon les cas, les racketteurs demandent entre 1 et 5 euros pour utiliser balançoires, tourniquets, toboggans et autres chevaux à ressort. Quand les honnêtes citoyens ne payent pas, les représailles fusent contre les enfants et les mères. Ces jeunes de 15 ans , appelé aussi des baby gangs et qui appliquée la violence programmée (cf.il pestaggio), sont liés aux clans mafieux de la zone qui testent les jeunes et éduquent les populations à la soumission. On peut aussi considérer qu’il s’agit d’une énième privatisation. En effet, l’eau, le gaz… tout est privatisé, pourquoi pas les aires de jeux?
Côte d’azur mon amour 2
Un ami a retrouvé cette article intéressant (de Roger-Louis Bianchini dans Le Point.fr – Publié le 15/08/1998)
Les habits neufs de la Mafia
Son cadavre avait été découvert par un amateur de VTT, en bordure du Var, près de Nice, en novembre 1994. (cf. Côte d’azur mon amour). Ce promoteur et marchand de biens cannois, président d’un club de tennis, avait disparu une vingtaine de jours auparavant. Sa mort demeura longtemps mystérieuse lorsque d’une discussion à bâtons rompus entre policiers français et italiens jaillit la lumière…
Les enquêteurs de la PJ apprirent ainsi que leurs collègues, enquêtant sur un trafic de drogue, avaient intercepté une conversation téléphonique dans laquelle il était question que deux hommes de la ‘Ndrangheta export, la mafia calabraise, se rendent à Antibes pour « faire un coup de cent bâtons ». (cf.Infiltrations mafieuses en France) Or, justement, l’homme d’affaires cannois était allé, ce jour-là, dans cette localité pour effectuer une opération de change occulte portant sur cette somme. Les policiers apprirent que c’était un ami, ancien conseiller financier dans une banque de Monaco, qui l’avait incité à rencontrer « des Italiens » prêts à lui faire gagner 20 % sur le taux officiel (cf.Bourgeoisie mafieuse dans le Nord ). Mais les changeurs étaient des killers à la mode calabraise ; ils conduisirent leur client dans un lieu désert, le tuèrent d’un coup de barre de fer (cf. Violence programmée : définition), l’enterrèrent et disparurent après l’avoir délesté de son trésor, sans doute de l’argent dissimulé au fisc. Son corps n’aurait jamais été retrouvé sans les crues exceptionnelles qui ravagèrent, quelques jours plus tard, le lit de ce fleuve….