Libérations de mafieux dans la région des Pouilles
Le 26 juin, Armando Libergolis (en photo à gauche) et quatre autres tueurs de la mafia des Pouilles ont été libérés. Les Pouilles sont la région que l’on assimile au talon de la botte italienne (carte en bas). Une fois sorties de prison, ces personnes pourraient former à nouveau leur clan et s’entretuer avec leurs rivaux. En effet, depuis trente ans, à Monte Sant´Angelo sul Gargano, dans la province de Foggia, une faida, c’est à dire une série de meurtres liés à la notion de vengeance, fait rage. Tout commence en 1978. La famille Primosa aurait fait paître son troupeau sur un terrain appartenant à la famille Libergolis (ou l’inverse…). Puis, les bergers sont devenus des mafieux de la Sacra corona unita (Scu), la quatrième mafia d’Italie. Les clans se sont enrichis à l’aide de la contrebande de cigarettes et du trafic de drogue. Depuis 1978, la police a recensé 35 homicides et autant de disparus. Les deux clans regroupent une centaine de personnes et une vingtaine de familles. Les membres d’un clan ont fréquemment des liens de parenté avec les rivaux. Il n’est pas rare qu’une personne tue un membre de sa famille parce que ce dernier avait rejoint l’autre faction. En 2000, un fils a tué son père pour cette raison.
En 2004, les forces antimafias avaient arrêté 123 personnes : des membres du clan Libergodis et Primosa mais aussi des affiliés aux clans Ciavarella et Tarantino. Ces deux derniers clans sont responsables d’au moins quarante homicides dans le cadre d’une autre faida, celle de la petite ville de San Marco in Lamis.
Les mafieux libérés se défendaient devant la Cour d’assise de Foggia mais les délais de leur détention provisoire sont dépassés. Le procès dure depuis trois ans et il y a déjà eu 96 audiences ! De nombreuses écoutes téléphoniques doivent être traduites du dialecte de la région en Italien…
Pour expliquer ces libérations, on évoque la lenteur de la justice italienne. L’Italie fait face à quatre organisations mafieuses et la corruption y est plus importante qu’au Botswana (d’après les statistiques de Transparency international). Il conviendrait donc d’augmenter le budget de la justice.
Le gouvernement actuel a préféré suspendre 100 000 procès en appel ! Heureusement, il s’agit d’accusés qui risquent seulement dix ans de prison…