Justice « escargot » ou classe politique défaillante?
Le 15 avril, 22 personnes proches du clan Strisciulglio, un des plus importants de la ville de Bari dans la région des Pouilles (le talon de la botte), ont été libérés en dépit de leur condamnation en première instance. Le 16 janvier 2008, après des années d’enquêtes, la justice avait, au cours d’un « maxi-procès », condamné en première instance, 161 personnes. Depuis, le magistrat, seul pour écrire les 161 motivations de la sentence, n’a pas pu assurer cette obligation. En droit les condamnations ne sont donc pas effectives. En conséquence de quoi, les délais de la détention provisoire des prévenus condamnés à des peines inférieurs à dix ans d’emprisonnement courent toujours. Le terme de la détention provisoire étant dépassés, les magistrats sont contraints de libérer les prévenus pourtant condamnés pour association mafieuse ou trafic de stupéfiants en bandes organisée. L’Italie est un état de droit démocratique. Il accepte que le droit triomphe sur l’arbitraire même lorsqu’il s’agit de libérer des mafieux patentés. Deux d’entre eux, très dangereux, risquent de se livrer à la latitanza (la cavale) pour réorganiser le clan. L’espoir demeure cependant. Une fois que le juge aura rendu ses motivations, le procès en appel pourra commencer et les policiers rattraperons les fuyards comme ils l’ont fait pour Giuseppe Riina (« La magistrature ne sert à rien! » ) et Salvatore Caramuscio ( De la scu à l’Etat de droit ).
Les « libérations » légales mais contraintes de mafieux dangereux pose un problème. (Libérations de mafieux dans la région des Pouilles). Elles ridiculent l’Etat de droit aux yeux de la population déjà sujette à accepter la loi du clan plutôt que celle de l’Etat. Comme à chaque fois, les politiciens, en particulier de droite, en profitent pour fustiger « le magistrat escargot »… un comble pour une classe politique davantage habituée à reprocher aux magistrats de faire correctement leur travail contre la corruption des élus… En effet, le magistrat responsable est défendu par ses collègues : « on ne pas demander à un magistrat une obligation de résultat humainement impossible ». L’inaction de ce juge ne peut-être comparée à d’autre coupable (Huit ans pour une sentence! ). 161 motivations à écrire seul et avec d’autre dossiers nous oblige à remettre la faute sur les députées italiens, les mieux payés d’Europe, qui n’augmentent pas les crédits de la justice ( Des statistiques à la réalité de la lutte antimafia ).
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