Azzardopoli : à quand la carte des machines à sous en France?
Pompé, faute de temps, sur le site crimorg.com (dont je recommande la lecture chaque matin pour décrassage 🙂
L’association antimafia Libera a publié l’étude « Azzardopoli » sur les activités de jeux illégaux en Italie, un marché estimé à 10 milliards d’euros. L’association a recensé 41 clans mafieux actifs dans ce secteur :
– Camorra : Misso, Mazzarella, Bidognetti, Crimaldi, Di Donna, Gionta-Gallo-Cavaliere, La Torre, Tavoletta, Amato-Belforte, Vollaro, Brandi, Cava, Grimaldi, Terracciano, Moccia, Schiavone, Zaza, D’Alessandro, Fabbrochino, Mallardo ;
– Cosa Nostra : Inzerillo, cosca de Villabate, Lo Piccolo, Madonna, D’Agati-Villabate, Aparo, Santapaola, Madonia, Bottaro-Attanasio ;
– ‘Ndrangheta : Pelle-Gambazza, Condello, Libri-Zondato, Mancuso, Labate ;
– Sacra Corona Unita : Vicientino-Pasimeni-Vitale-Penna, Parisi-Capriati, Tornese, Strisciuglio ;
– ancienne Bande de la Magliana (Rome).
Arte se déchaine
Soirée thématique en trois parties Dans les griffes de la Mafia les 8, 15 et 22 janvier :
08.01 : 20h40 Le Parrain
Film de Francis Ford Copppola, USA, 1971, avec Marlon Brando, Al Pacino, Robert Duvall…
Quand Vito Corleone, à la tête d’un puissant empire mafieux, s’efface pour laisser le pouvoir à son fils… L’une des plus grandes sagas de l’histoire du cinéma.
23h40 Une histoire de la Mafia (1ère partie)
documentaire de Bernhard Pfletschinger, All, 2010
En Italie, les mafias contrôlent un tiers du pays et leur chiffre d’affaires s’élève à près de 150 milliards d’euros pas an. Retour sur leur incroyable ascension depuis le milieu du XIXe siècle.
15.01 : 20h40 Le Parrain II
Film de Francis Ford Copppola, USA, 1974, avec Al Pacino, Robert Duvall…
De l’ascension du petit Vito à l’empire de la terreur bâti par son fils Michael.
0h05 Une histoire de la Mafia (2ème partie)
22.01 : 20h40 Le Parrain III
Film de Francis Ford Copppola, USA, 1990, avec Al Pacino, Diane Keaton…
Où Michael Corleone tente en vain d’échapper à son destin.
23h25 La Mafia, organisation parasite
Documentaire de Carmen Butta, All, 2010
Comment Cosa Nostra la sicilienne a su profiter de la mondialisation pour étendre son empire.
Vous trouverez plus d’informations sur le site http://www.arte.tv/ rubrique programmes.
L’Italie : son cinéma, son antimafia
Une lecture antimafieuse de « Une vie Tranquille » et d’autres films récents.
Le 29ème festival du cinéma italien d’Annecy a primé des films délicieux, tous avec de très fortes dimensions sociales (cf. Mafias.fr au Festival du cinéma italien à Annecy). Dans «Sette opere di misericordia» et «Sulla strada di casa», les protagonistes luttent pour la survie : un entrepreneur fait même la mule pour une organisation criminelle… Annecy a mis les documentaires à l’honneur avec «Il valzer dello zecchino» qui raconte la participation de trois enfants de différentes origines sociales et géographiques à un célèbre concours de chansons. Dans «Italia : love it or leave it», premier prix du jury jeune, deux Italiens sont contraints de quitter leur appartement romain. Pourquoi ne pas tenter l’aventure à l’étranger ? Partir ou rester ? Une question qu’ont du se poser nombre de lecteurs de ce papier… « Scuola di uomini » de Tommaso Cotronei n’a pas été récompensé, mais il a reçu une ovation du jury pour avoir filmé dans une Calabre abandonnée des dieux, le quotidien répétitif des enfants qui grandissent à la ferme.
On a pu voir aussi «Il gioiellino» sur le crack Parmalat avec Tony Servillo, brillant de justesse, mais c’est «Tatanka» qui a séduit le grand public. Le film, vif et haut en couleurs, charge littéralement le spectateur, tel un bison, avec ce boxeur qui n’arrive pas à sortir de son milieu empli de Camorra… Après «Gomorra» ou «Fortapasc’», la mafia napolitaine serait encore source d’inspiration du cinéma italien.
La suite dans la Revue FOCUSin
« Bourgeoisie mafieuse » : définition
Les mafieux (appartenant à l’organisation par affiliation) ne sont rien sans leurs complices. Le pouvoir de la mafia réside dans ce corps social composé de mafieux et de complices. Umberto Santino du Centre Impastato parle depuis le début des années 70 de « bourgeoisie mafieuse », seul concept capable d’expliquer la pérennité du phénomène mafieux, définition :
« Le système relationnel mafieux est composé de rapports de parenté, d’amitié, d’intérêt, de contiguïté et de complicité. Ce réseau s’affirme dans des conditions de développement comme de sous-développement économique. Ces relations composent un corps social hiérarchiquement organisé. Les catégories sociales les plus pauvres représentent le bassin de recrutement de la main-d’œuvre pour les mafias. Les sommets de l’organisation mafieuse sont capables de sceller un pacte scélérat avec les plus hautes sphères du pouvoir politique et économique, la haute société».
Le tout forme un corps social, un club « privé », que le sociologue Umberto Santino qualifie de « bourgeoisie mafieuse » in Dalla mafia alle mafie. Scienze sociali e crimine organizzato, Rubbettino, Soveria Mannelli 2006.
Pour plus d’information en français Umberto Santino
Dans la vidéo en français, le collaborateur de justice (appelé à tort « repenti ») utilise aussi ce concept 🙂
Concours externe d’association mafieuse… ou complicité…
La police italienne a lancé une vaste opération contre un clan Caridi de Reggio en Calabre, un clan affilié à la « ndrine Libri. Pour les affiliés, l’accusation est association malfaiteurs à des fin d’extortion et détérioration. Par l’application de la violence programmée, ils rackettaient les commerces dans les quartiers Ciccarello, Modena et San Giorgio Extra.
Cette opération fait suite à celle d’avant avec 21 arrestations avec cette fois des accusations d’association mafieuse, extorsion, usure, elle même dans la continuation de l’opération ”Alta Tensione” qui concernait 33 personnes dont Giuseppe Plutino, 47 ans et conseil municipal de Reggio. Ce dernier est accusé de concours externe en association mafieuse. Toutes les explications dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia…
Revue de presse
L’express nous offfre un beau papier sur la mafia italienne mais aussi sur l’Antimafia. Ne sont cités, ni mafias.fr, ni FLARE, ni Ethicando qui distribue en France les produits Libera Terra (issus des terres confisquées aux mafieux). Sans compter qu’une petite présentation du Petit dictionnaire énervé de la mafia aurait été fort à propos 🙂
Un jour peut-être 🙂
En attendant voici les liens de l’Express
Le combat d’une fille contre la mafia
Mafia, un curé contre la Camorra
Mafia: Chemin de croix pour le capitaine
Le café de Paris remis en Liberté!
Souvenez vous, le 26 novembre 2008, es enquêteurs signalaient que le « café de Paris » à Rome était entre les mains de la ‘Ndrangheta (cf. La folle semaine…). Puis, le 22 juillet 2009, la Garde des finances mettait sous sequestre ce commerce (cf. 200 millions d’euros saisis). Les enquêteurs avaient en effet démontré les propriétaires formaient une association criminelle autour de la ‘ndrine (nom donné aux familles mafieuses calabraises) Alvaro (violence programmée). Enfin, une procédure administrative a enteriné la confiscation (un procédé expliqué dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia à paraître ou Contre le crime organisé : pour une confiscation-redistribution)
En ce mois décembre, Libera, le cartel d’association antimafia, a fêté cette décision en dégustant des produits Libera Terra issus des terres confisquées à la mafia : l’huile calabraise de la plaine de Gioia Tauro, le vin de la coopérative « Cento Passi » fait à Corleone, les pâtes de Don Peppe Diana de la province de Caserta et la sauce tomate des terres confisquées à la Sacra Corona Unita.
Terre brûlée autour du boss Matteo Messina Denaro
« tu vois, depuis deux ans qu’il est maire combien on a économisé? Aprés les élections, il [le maire nda] m’a dit : chère madame, tant que vous allez voir l’oncle Nunzio [le boss incacéré dans le Nord de l’Italie nda], vous ne payez plus les billets. Je lui téléphone, je commande les billets et je passe les prendre ». La femme du boss au téléphone avec son mari en prison
Le 16 décembre 2011, les magistrats antimafias siciliens ont arrêté 11 personnes dont le capo famiglia de Campobello di Mazarà Leonardo Bonafede et Filippo Greco, un entrepreneur installé Gallarate dans la province de Varese (dans le Nord) considéré comme le financier de la cosca (famille mafieuse sicilienne).
Plus énervant, la magistrature a aussi arrêté le maire de centre gauche dont les écoutes téléphoniques révèlent de manière évidente la complicité envers la famille mafieuse de la zone. Les magistrats considèrent le premier des élus comme « l’expression politique locale de la coterie mafieuse« ! Ciro Caravà est un digne représentant du « ransformisme » typiquement sicilien. Ancien communiste, il passe au Parti socialiste trés affairiste puis à Forza Italia le parti de Marcello Dell ‘Utri, bras droit du président du Conseil condamné en appel, avant de rejoindre le Parti Démocrate de gauche).
Plus intéressant, Ciro Caravà mène une politique de duplicité. D’un côté, il se porte partie civile pendant les procès de mafia ou bien il inaugure des restitutions à la société de biens confisqués aux mfieux. (cf. L’arme qui peut tuer la mafia : la réutilisation des biens confisqués). De l’autre, il fournit les appels d’offre aux entreprises du clan. Pus mesquin, il offrait des billets d’avions pour que les proches du chef mafieux puissent visiter ce dernier incarcéré dans le Nord de l’Italie. Enfin, un messager du boss fait référence à cette duplicité somme tout bien jouée et classique (le président de la région Sicile disait que la mafia le dégoutait mais Vasa Vasa est en prison). Dans une écoute, le soldat dit au chef : « Je lui ai apporté un sac de voix. L’autre soir à la télé, je l’ai entendu le maire. Minchia, si je le connaissais pas… »
Tout cela se passe dans la région de Matteo Messina Denaro qui n’a plus trés longtemps à tenir face aux Catturandi (reportage). Le cercle se ressère autour de Matteo Messina Denaro mais cela fait un an que je le dis… je commence sérieusement à me tromper 🙂
La bourgeoisie mafieuse des Casalesi mise à mal
Cette semaine, les forces antimafias ont arrêté Michele Zagaria le dernier grand parrain des Casalesi, un cartel de clans de la mafia napolitaine (cf. bunker et consensus social). L’interview de Roberto Saviano, auteur du livre Gomorra, est intéressante car il se concentre sur les complictés qui permettent à la mafia de perdurer. Il cite notamment le policitien Nicola Cosentino (cf. Gomorra au gouvernement?). Voici son interview traduite en français : EURONEWS.
Roberto Saviano a tout à faite raison mais il aurait pu rendre à César… 🙂 en citant le concept de la bourgeoisie mafieuse d’Umberto Santino du Centre Impastato) et même évoquer les rencontres entre les Casalesi et Pietro Lunardi : ministre des travaux publics du dernier gouvernement Berlusconi.
Définition de la bourgeoisie mafieuse à retrouver dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia :
La vidéo de Roberto Saviano en français :
‘Ndraquila
Le titre de ce billet est composé du début du mot ‘Ndrangheta (la mafia calabraise) et du titre du film Draquila (sorte de mot valise pour « Dacula » et la ville d’Aquila).
Cette semaine, la magistrature antimafia de la région des Abruzzes a procédé à l’arrestation de 4 acteurs économiques qui seraient liées à la ‘ndrine (famille mafieuse calabrese « Caridi-Zindato-Borghetto » de Reggio.
L’opération Lypas du nom d’une des entreprises qui se revèle proche des clans comme le démontre les enquêtes patrimoniales mais aussi classiques (écoutes téléphoniques, interceptions de discussion, photographies prises en mai 2010 dans un hotel d’Aquila).
Les entrepreneurs en question sont accussé de concours externe (complicité) d’association mafieuse, ce qui est asez rare sur les territoires d’elections des mafias.
Cette affaire démontre l’intérêt des clans calabrais (aprés ceux de la Camorra et de Cosa nostra) pour la reconstruction d’immeubles privés dans une ville détruite depuis le tremblement de terre en 2009 ; immeubles qui ne sont pas soumis aux normes antimafias comme le sont les édifices publics « Accessoirement, » la magistrature à saiisi cinq immeubles, 8 engins de travaux, quatre sociétés et 25 comptes bancaires pour une valeur de plus d’un million d’euros (cf. L’arme qui peut tuer la mafia : la réutilisation des biens confisqués).
ps : si je suis le premier pour » ‘Ndraquila » alors il s’agit d’une marque déposée :-), sinon tant pis 🙁
Vidéos italienne :