Mafias.fr sur C dans l'air

Rome capitale de la mafia?

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Mafias.fr sur M6

Mafias.fr sur M6

Choc après les funérailles d'un "parrain" mafieux à Rome « J’ai conquis Rome, je vais désormais conquérir le paradis. » La citation s’inscrit en lettres sombres, devant un décor kitsch montrant dans le couchant le pont Saint-Ange, le Colisée et la basilique Saint-Pierre, et, incrusté dans le coin droit, un portrait ...

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Mafias.fr sur France 2 : « Casal de Principe, berceau de la mafia italienne »

Mafias.fr sur France 2 : Casal de Principe, berceau de la mafia italienne

Le 28 juillet dernier, Fabrice Rizzoli, auteur de "La mafia de A à Z", est intervenu dans l'émission Télé-Matin diffusée par France 2 sur le thème "Casal de Principe, berceau de la mafia italienne". Il avait rencontré le maire, Renato Natale, de cette commune lors de la conférence à Bruxelles (en ...

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Salon – Des livres et l’alerte 3

Salon - Des livres et l'alerte 3

PROCHAINE ÉDITION : LES 2 ET 3 DÉCEMBRE 2017 La Maison des Métallos - 94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris - Métro : Couronnes (ligne 2) ou Parmentier (ligne 3) / ENTRÉE LIBRE ET GRATUITE / Réservation possible : reservation@maisondesmetallos.org Cliquez : DELIVREZ l'ALERTE

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Mafias. à Nevers

A l'invitation du sénateur Gaetan Gorce et de l'association "Prenons parole", l'auteur de "la mafia de A à Z", a répondu à de nombreuses questions d'un public passionné. Les comparaisons France-Italie allait bon train! Dans le café des Halles de Nevers, récupérant les questions écrites tenues par des pinces à linge, ...

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23 mai 1992 : la mafia tue Giovanni Falcone

Giovanni Falcone mafiaJe crois que c’était un vendredi… Le 23 mai 1992 à 17h, Cosa nostra fait assassiner le magistrat Giovanni Falcone (10 ans aprés Carlo Alberto Dalla Chiesa . Les soldats de Salvatore Riina, le chef de la mafia sicilienne de l’époque, ont utilisé des planches à roulettes pour disposer 500 kilos d’explosifs dans un tunnel creusé sous l’autoroute (cf. Leçon de communication mafieuse par Toto Riina .
Sans Giovanni Falcone, il n’y aurait pas eu de maxiprocès en 1986. La mafia sicilienne serait peut-être encore une organisation mystérieuse. Giovanni Falcone a donc été puni pour avoir révélé les arcanes de Cosa nostra. De nombreux spécialistes continuent de penser que Zu Toto Riina (oncle Toto) n’a pas agi seul (cf. Italie, l’omertà d’État au secours de Cosa Nostra). Il y aurait donc des commanditaires externes à la mafia. Mais qui a eu intérêt à détruire la mémoire de l‘Antimafia, sinon les complices de la mafia (cf. Les derniers mots de Falcone et Borsellino)
Vous pouvez voir un trés bon documentaire en français qui explique le maxi-procés et l’importance de la décision su 31 janvier 1922 de la Cour de cassation qui a fait l’objet d’une thèse (cf. Mafias italiennes et relations internationales et d’articles (cf. Le terrorisme mafieux dans la crise du système politique italien et 12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993
Tous les mots en gras sont dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia en vente sur Amazon.

Rap Antimafia

Mafias.fr récidive sur Radio Canada

mafia rizzoli antimafiaRadio Canada interroge Mafias.fr sur les actions antimafias du nouveau pape. (cf. Radio Canada s’intéresse à l’Antimafia, Mafias.fr sur Radio Canada )

Le 13 mars, le pape François célébrait son premier anniversaire de pontificat. Ce pape qui ne semble rien faire comme les autres pourrait devenir un joueur majeur dans la lutte antimafia. Le politologue Fabrice Rizzoli, l’un des plus grands spécialistes de la criminalité et représentant en France l’ONG Flare, porte un regard historique et politique sur les relations entre le Vatican et la mafia.  

D’abord faire le ménage dans ses propres rangs : le pape François participe activement à la lutte antimafia d’une part en imposant une transparence aux institutions financières du Vatican, et d’autre part en se rapprochant des prêtres qui luttent contre le consensus social qu’exercent les mafieux sur le territoire.
AUDIO FIL : Entrevue avec Fabrice Rizzoli : Le pape François et la mafia 

Revoir une partie de l’émission « C dans l’air sur le sujet » :

Trafic de déchets en France

Au mois de mars 2014, douze personnes ont été placés en garde à vue en région parisienne dans une affaire d’extorsion de fonds et de dépôt illégal de déchets. Parmi elles figurent Jean-Claude Hornec et son fils Loune, deux membres d’une famille dont certains sont considérés comme les parrains de la pègre parisienne. Les douze interpellés sont soupçonnés d’extorsion de fonds en bande organisée, association de malfaiteurs et dépôt illégal de déchets, dans une affaire de fraude à l’environnement, précise une source judiciaire. (cf. Affaire Guérini : des peines de prison ferme dans le volet « Queyras »)

Il leur est notamment reproché d’avoir organisé frauduleusement l’emploi de déchets non-recyclables dans des chantiers de remblaiement. Les enquêteurs ont également mis au jour des malversations. Il s’agit d’une «vaste affaire de fraude à l’environnement en bande organisée et d’extorsion de fonds», a précisé une source policière…. la suite Ile-de-France : vaste coup de filet pour une fraude à l’environnement et cette vidéo de complément d’enquête :

Contre la mafia : le Centre Impastato

Voir "impastato" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia

M& Madame Santino

Pour commémorer la mort de Giuseppe Impastato le 9 mai 1978, nous publions à nouveau ce post

Pour lutter contre la criminalité la plus aboutie, il faut l’étudier !

Depuis plus de 30 ans, le « must » en matière d’étude du phénomène mafieux c’est le « Centre Sicilien de Documentation Giuseppe Impastato », une organisation reconnue d’utilité publique. Et pour cause :

De 1977 à 2011 : 34 années d’activités contre la mafia et pour la paix par le biais de la mémoire de la recherche et de l’engagement dans la société civile

Introduction :

Rappelons que le nom du centre est dédié à Giuseppe Impastato, jeune homme issu d’une famille mafieuse qui s’en détache, milite au sein des forces de gauche, crée une radio libre en 1976. Au cours de ses émissions,  Peppino dénonce la mafia de Cinisi avec autant de précision et de dérision (et les mafieux n’aiment pas la dérision cf. Giulio Cavalli : acteur menacé par la mafia napolitaine). C’est ce qui lui vaut d’être assassiné en 1978 alors que tout est fait pour faire croire à un suicide (une vie qui sera assez bien  incarnée dans le film « I cento passi« .)

Rappelons que c’est grâce à l’obstination de la famille d’Impastato (sa mère et son fils  cf. le site) et des ses amis que les meurtriers Gaetano Badalamneti et Vito palazzolo (cf. Coupe du monde : mafia 1 – Etat italien 0) seront condamnés en 2001.

On comprend dés lors la colère des proches d’Impastato contre Roberto Saviano qui dans son dernier ouvrage « La parola contro la camorra » raconte que c’est grâce au film « Les cent pas » sorti en 2000 que les procès contre les meurtriers ont été réouverts.

En réalité, il n’en est rien.  En 1998, la commission parlementaire antimafia enquêtait déjà sur  les « dépistage » qui avaient jusqu’ici empêché la tenue d’un procès contre des mafieux et en 2000, le procès contre Vito Palazzolo et Gaetano Badalamenti était déjà en cours. Roberto : (cf. « Pauvre » Saviano) :  « ta vie est déjà assez difficile, il te suffit de faire amende honorable comme moi cf.Restons « ZEN » 🙂

L’apport scientifique du Centre

Du point de vue de la connaissance, Umberto Santino et Anna Puglisi offrent une multitude de sources riches et denses. Umberto Santino est l’inventeur du concept de la « Bourgeoise mafieuse », seule définition qui permet de comprendre la longévité du phénomène mafieux.

Cliquez pour des informations en français

Les livres lus par l’auteur de mafias.fr :

– F. Bartolotta Impastato, La mafia in casa mia. Intervista di A. Puglisi e U. Santino. La Luna, Palermo, 1986. Ristampa 2000, 2003. 69 pagine. Eu. 9.

– G. Chinnici, U. Santino, La violenza programmata. Omicidi e guerre di mafia a Palermo dagli anni ’60 ad oggi. F. Angeli, Milano, 1989. 410 pagine. Esaurito.

– U. Santino, La democrazia bloccata. La strage di Portella della Ginestra e l’emarginazione delle sinistre, Rubbettino, Soveria Mannelli, 1997. 234 pagine. Eu. 13,43.

– Santino (Umberto), L’alleanza e il compromesso (mafia e politica dai tempi di Lima e d’Andreotti ai nostri giorni), éditions Rubbettino, Soveria Manelli, 324 pages, 1997,

– Santino (Umberto), Mafia e Globalizzazzione (mafia, antimafia e dintorni), éditions Di Girolamo, Trapani, 241, 2007,

– Santino (Umberto), Don Vito a Gomorra (mafia e antimafia, tra papelli, pizzini e bestseller), edionts Riuniti, Roma, 247 pages, 2011,

Tous les autres : Index

PS : en ce mardi 12 juillet, après m’être perdu deux heures  en voiture dans Palerme, je ne regrette pas la rencontre avec Umberto et Anna 🙂

Don Vito a Gomorra
Mafia e antimafia tra papelli, pizzini e bestsellerD

Boom Boom à Toronto : le revanche Rizzuto en marche?

24 avril 2014, Carmine Verduci, 56 ans, sort sur le parking du « Regina Sports Café » de Woodbridge dans la banlieue de Toronto. Le café est connu depuis plus de 20 ans pour être un lieu fréquenté par la mafia. . Des sicaires l’abattent froidement.

Verduci né à Oppido Mamertina (Calabre) où règne le clan Mammoliti (cf. Le triomphe de l’omertà?) était de nationalité canadienne. Il s’agit d’un boss de la mafia italo-canadienne de la branche calabraise (cf. Article Wiseguy)

Il faisait la jonction entre les clans canadiens et la Calabre mais il avait du interrompre ses déplacements entre les 2 pays après l’opération « Crimine 2 » menée en mars 2011 (cf.300 arrestations et Thunder bay . La justice recherchait Verduci pour association mafieuse en Italie mais sa nationalité canadienne empêchant toute extradition. Parce qu’un pays ne reconnaît pas le délit d’association mafieuse (cf. explications), il refuse d’extrader ses ressortissants accusé de ce crime dans un autre pays (cf. . La justice mafieuse vient de passer plus vite que la justice de l’Etat de droit.

Il s’agit certainement d’une vengeance du clan Rizzuto :

Vito Rizzuto transgresse une règle de La Cosa Nostra

Moomba!

Extermination suite et fin?

ITV le Petit Nicois

La pègre n’a plus de secret pour lui. Fabrice Rizzoli, docteur en science politique et représentant de FLARE, réseau européen de la société civile contre le crime organisé transnational, est aujourd’hui l’un des plus grands experts en la matière. Du Mexique en passant par l’Italie, le monde entier s’arrache ses conseils avisés.

Le Petit Niçois : Quelle est votre propre définition du mot mafia ?
Fabrice Rizzoli : La mafia est une entité politique qui exerce une souveraineté sur un territoire. S’adaptant aux changements socio-économiques, elle structure et perpétue à partir de cette « seigneurie territoriale » un système fondé sur une violence systémique qui lui permet de contrôler le territoire. La mafia gère un réseau vaste et ramifié de complicités au point de former un corps social : la bourgeoisie mafieuse. Elle anime un code culturel enraciné mais souple et jouit d’un relatif consensus social de la part de la population….

L.P.N. : Avez-vous été surpris en apprenant l’arrestation, la semaine dernière, de camorristes à Nice et d’un membre de la ‘Ndrangheta à Menton ?
F.R. : Non. Tous les ans, des chefs mafieux sont arrêtés en France et en particulier sur la Côte d’Azur, lieu d’implantation historique des mafias italiennes. Si la France accepte de livrer les mafieux italiens, en revanche, que fait-elle contre le blanchiment ?
Pour mémoire, il aura fallu attendre 10 ans de procédure avant que la justice italienne ne puisse saisir la villa au Cap d’Antibes ( en photo sur la version papier ) du trafiquant de drogue, Biagio Crisafulli ! Ce puissant soldat de la mafia sicilienne avait été arrêté à Nice en 1995.

L.P.N. : Qu’est devenu ce bien immobilier ?
F.R. : Je m’y suis rendu l’été dernier pour le voir de mes propres yeux. La maison a été revendue. La question que je me pose est donc la suivante : pourquoi aucun journaliste n’a daigné faire un papier sur cette villa qui aurait pu devenir un centre contre la corruption ?

La suite : Petit Niçois


"Le clan des calabrais" (EDR – 24.05.2013) par france3cotedazur

1er mai 1947 : Portella della Ginestra, 11 morts

Voir "antimafia", "Libera" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia

Niccolo Mignemi

 Afin de commémorer cette date, nous publions à nouveau

L’héritage de Placido Rizzotto : les luttes pour la « roba »

Niccolò Mignemi

Docteur en histoire, ami du Centre Impastato et militant de Libera (voir Libération « Saisonniers : l’Europe des exploités agricoles ») et « La réutilisation à des fins sociales des biens mal acquis en Italie : de l’informel mafieux au formel citoyen«  avec Fabrice RIZZOLI, docteur en sciences politiques.

Le deuil a enfin commencé

Voir "antimafia", "Libera" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafiaJeudi 24 mai 2012, soixante-quatre ans après sa mort, les funérailles de Placido Rizzotto ont finalement eu lieu. Placido est un syndicaliste tué par la mafia le 10 mars 1948, en raison de son engagement aux côtés des paysans pauvres luttant pour obtenir le droit de travailler la terre.

Pour lui rendre officiellement hommage, le président de la République et les représentants du gouvernement, de la politique et des syndicats se sont rendus dans sa ville natale de Corleone, universellement connue en tant que capitale de la mafia, mais aussi comme un haut lieu de l‘antimafia. Assassiné, le corps de Rizzotto avait été jeté dans une crevasse parmi d’autres cadavres d’hommes et d’animaux. Déjà en 1948, le capitaine des carabiniers Carlo Alberto Dalla Chiesa dont nous commémorons l’assassinat par la mafia en 1982 en tant que préfet de Palerme – avait localisé le lieu de la « sépulture », mais les analyses de l’ADN n’ont permis que récemment l’identification du corps.

Voir "antimafia", "Libera" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafiaDans les années soixante, Danilo Dolci avait publié le récit de son père dans Gaspillage. Plusieurs livres racontaient sa vie et depuis 2000, un film de homonyme de Pasquale Scimeca popularise un peu cette figure du syndicaliste et dont mafias.fr a déjà fait la promotion cf.Antimafia à Paris : le 22 mai hommage à Giovanni Falcone et Le cinéma antimafia arrive à Paris). A chaque fois, l’engagement politique à côté des faibles, payé de sa vie, et l’injustice de l’acquittement des responsables du meurtre par manque de preuve deumeure au centre des récits. Mais sa vie est exemplaire pour bien d’autres raisons

Une vie exemplaire

Fils de paysan, après l’armistice de septembre 1943, Placido Rizzotto intègre la Résistance au sein des brigades garibaldiennes dans le nord-est du pays. Revenu en Sicile à la fin de la guerre, il milite au Parti Socialiste. En tant que secrétaire du syndicat local, il est à la tête des paysans qui occupent les latifundia, qui revendiquent une réforme agraire, ainsi que meilleures conditions de vie et de travail, en opposition aux grands propriétaires et à leurs contremaîtres. Il lutte donc contre la mafia dans un moment historique où celle-ci devient le bras armé des forces conservatrices en premier lieu les, propriétaires terriers. Or, lutter contre la mafia en 1948 n’est pas simple. D’après les notables et l’église, la mafia n’est qu’une « invention des communistes », alors qu’une bourgeoisie mafieuse puissante règne sur la transition de l’après-guerre. Pensez que le jeune berger qui avait assisté par hasard à l’assassinat de Placido Rizzotto sera lui aussi assassiné par Michele Navarra, médecin et chef mafieux local.

La vie de Rizzotto est donc symbole d’émancipation individuelle et humaine qui devient expérience de libération sociale par le biais de l’engagement politique dans les luttes du mouvement paysan. Il n’est, en fait, qu’un des trente-six (36!) syndicalistes tombés sous les coups de la mafia en Sicile dans l’immédiat après-guerre, plus précisément entre juin 1945 et le 18 avril 1948, date des premières élections législatives, largement remportées par la Démocratie chrétienne. La géographie, la temporalité de ces meurtres ainsi que les cibles choisis ne sont pas fortuites. Au contraire, les 36 assassinats de syndicalistes sont le fruit d’une stratégie de violence programmée, destinée à briser la mobilisation des paysans pauvres qui aspirent à mettre fin à un système séculaire de pouvoir et d’exploitation.

D’ailleurs, moins d’une année plus tôt, le 1er mais 1947, avait eu lieu le massacre de Portella della Ginestra, dont les responsabilités n’ont jamais vraiment été éclairées et qui reste encore aujourd’hui un des « grands mystères » de l’histoire italienne. Réunis dans un lieu traditionnel du socialisme sicilien, les paysans fêtaient les occupations des latifundia et la récente victoire de la coalition des partis de gauche aux élections régionales siciliennes du 20 avril 1947, quand les hommes de la bande de Salvatore Giuliano aux mains de la mafia et avec au moins l’appui d’éléments conservateurs, leur tiraient dessous, tuant onze personnes, pour la plupart femmes et des enfants.

Le président de la République a aussi rendu hommage à ces victimes après les funérailles de Rizzotto en visitant au mémorial construit sur le lieu du massacre. Mais cette mémoire partagée ne ressoude pas tous les problèmes.

Une vie riche d’enseignement présent

Voir "antimafia", "Libera" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafiaEn Italie, comme ailleurs peut-être, on adore commémorer les martyrs. Leur sacrifice nous rassure davantage que la complexité des témoignages inscrits dans leurs parcours de vie. Si le rituel officiel a une valeur indiscutable, il faudrait aussi prendre en compte ce que les expériences du passé pourraient enseigner au présent. L’histoire de ces hommes, leur engagement dans les luttes du mouvement paysan nous parle d’une lutte acharnée contre la mafia : un engagement concret et quotidien autant fondé sur des principes qu’un attaque frontale au système de pouvoir et aux intérêts matériels qui l’alimentent. C’est d’abord la manifestation d’une volonté et d’une action directe pour se réapproprier de la roba – c’est-à-dire des patrimoines, selon l’expression de Giovanni Verga – soustraite à la collectivité et destinée à l’enrichissement privé des mafieux.

Aujourd’hui, dans la lutte contre la criminalité organisée, cet enjeu demeure central, mais il faut dûment le doter des instruments nécessaires à garantir son efficacité. Certaines personnalités – je pense notamment au ministre de l’intérieur Cancellieri – en plus d’être présent dans ces occasions, devraient, dans ces actes, respecter la mémoire de Rizzotto et celle des victimes de Portella. Madame la Ministre pourrait par exemple reconsidérer sa proposition de vendre les biens confisqués aux mafieux (cf. La confiscation : enjeu politique majeur). On ne parle pas ici des biens meubles (voitures de luxes et autres yacht) qui sont revendus car ils sont trop chers à entretenir et n’ont pas de portée sociale). Nous parlons ici des immeubles tels que les terrains agricoles ou les villas de boss, qui constituent une source potentielle de revenus. (cf.L’arme qui peut tuer la mafia : la réutilisation des biens confisqués)

Il y a 82.000 biens confisqués et tous ne sont pas réutilisés, loin de là. Mais les vendre reviendrait à les remettre dans les mains de la bourgeoisie mafieuse. Il serait, encore une fois, la réaffirmation de l’ancien principe de socialisation des pertes et de privatisation des profits.

Voir "antimafia", "Libera" dans le Petit dictionnaire énervé de la mafia

Cooperative Placido Rizzotto

Refuser de vendre les biens immobiliers confisqués à la mafia n’est pas une position idéologique contre ce qui ressemble à du pragmatisme d’experts. Il s’agit davantage de la reconnaissance d’un principe de justice et de dédommagement qui aujourd’hui ne peut pas s’incarner autrement que par la réutilisation à des fins sociales.

Comme l’expérience des coopératives du projet Libera Terra le démontre, la confiscation et la redistribution sociale de ces patrimoines ne sont pas simplement un acte pour réaffirmer la souveraineté de l’État, là où elle a été écornée. Redonner ces biens à l’intérêt général constitue avec force une occasion de croissance économique pour ces territoires, fondée sur un projet « autre », inspiré aux principes de l’économie sociale et solidaire (en photo à gauche).

PS : Tous les mots en gras sont dans le Petit Dictionnaire Enervé de la mafia

2 articles : l’organisation de la transgression : formaliser l’informel ?

mafia rizzoli antimafiaLes actes de la journée d’étude du 29 mars 2013 au CNAM le vendredi 29 mars, est sorti. Vous pouvez l’acheter ICI

Cette journée traitait de l’organisation de la transgression : formaliser l’informel ?

The organisation of transgression: formalising the informal?

Mafias.fr participa à deux communications :

–  La réutilisation à des fins sociales des biens mal acquis en Italie : de l’informel mafieux au formel citoyen avec Fabrice RIZZOLI, docteur en sciences politiques et Niccolò MIGNEMI, docteurs de l’EHESS (CRH – ERHIMOR).

Le cannabis social club (club privé de consommateurs : un exemple intelligible de régulation de l’informel ? avec Fabrice RIZZOLI,  docteur en sciences politiques et Laurent APPEL, membre de l’Observatoire Géopolitique des Criminalités, coordinateur pour la réforme de la politique des drogues de l’association 2013 ASUD mais aussi avec la précieuse contribution de Sonny Perseil.

Le bras droit de Berlusconi interpellé au Liban

rizzoli mafia mafia

Factotum

Le 8 avril 2014, la Cour de Cassation a rendu définitive la condamnation le principal lieutenant de Berlusconi (cf.Le lien organique du président du Conseil avec les organisations mafieuses). Marcello Dell’Utri, fondateur du parti Forza Italia avait déjà été condamné en appel. Il est donc condamné à 7 ans de prison pour concours externe en association mafieuse (cf. Concours externe d’association mafieuse… ou complicité…).

La justice italienne, avec ses procureurs indépendants (pas comme en France, cf. l’impossible justice contre les puissants) vient donc de donner une vérité judiciaire. L’homme le plus important pour Berlusconi « dealait » avec des mafieux (cf. Le terrorisme mafieux dans la crise du système politique italien  et 12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993.

Il s’agit là de la fin d’un épisode qui voit le sommet de la bourgeoisie mafieuse enfin mis sous les verrous (cf. La radio suisse donne la parole au spécialiste français de la negociation « Etat-mafia »). Quand bien des spécialistes n’osaient expliquer les connections mafieuses, d’autres en parlaient à la télévision dés 2006 :

 

La mafia de A à Z
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