Archive pour la catégorie ‘‘Ndrangheta, mafia calabraise’
300 arrestations : voir reportage de France 24
Près de 3 000 policiers italiens ont mené une vaste opération contre la ‘Ndrangheta à travers l’Italie. Plus de 300 personnes ont été arrêtées, dont le patron présumé de la pègre calabraise, notamment pour meurtre, détention et trafic d’armes. Par Gaëlle LE ROUX (texte) et Alexis MASCIARELLI , correspondant à Rome (vidéo) : cliquez France 24
300 arrestations : voir article du Figaro
Quelque 320 personnes soupçonnées d’être liées à la ‘Ndrangheta, dont certaines appartiennent à la « bourgeoisie mafieuse », ont été interpellées mardi à l’occasion d’une opération dont l’ampleur est sans équivalent depuis les années 90… L’enquête débuta par l’assassinat d’un capo-bastone à Milan puis par une Exécution mafieuse en Lombardie
lire l’article de Marie Herbet, le Figaro
Pour info : « la bougeoisie mafieuse » = réseaux : mafieux + complices
Chaque mafieux agit au sein d’un ensemble de relations complices. L’ensemble forme, pour chaque mafia, un réseau qui représente environ une centaine de milliers de personnes. Celles-ci appartiennent au monde de la politique, de l’entreprise et des professions libérales :
« Le système relationnel mafieux est composé de rapports de parenté, d’amitié, d’intérêt, de contiguïté et de complicité. Ce réseau s’affirme dans des conditions de développement comme de sous-développement économique. Ces relations composent un corps social hiérarchiquement organisé. Les catégories sociales les plus pauvres représentent le bassin de recrutement de la main-d’œuvre pour les mafias. Les sommets de l’organisation mafieuse sont capables de sceller un pacte scélérat avec les plus hautes sphères du pouvoir politique et économique, la haute société ».
Le tout forme un corps social, un « club privé », que le sociologue Umberto Santino qualifie de « bourgeoisie mafieuse ».
Santino (Umberto), L’alleanza e il compromesso (mafia e politica dai tempi di Lima e d’Andreotti ai nostri giorni), éditions Rubbettino, Soveria Manelli, 324 pages, 1997, pp. 5-9.
« Victor : nettoyeur »
« Les cochons dévorent rapidement les corps à condition de les mettre à la diète pendant une semaine«
Depuis 2001, un tueur de la ‘Ndrangheta collabore avec la justice. Il est donc un collaborateur de justice et non un « repenti » puisqu’il ne se repent de rien. Il change de vie et passe du côté de la légalité et de l’état de droti. Cela se révèle utile car depuis 2001, on connaît les secrets des ‘ndrines (familles mafieuses calabraises) de Cosenza (cf. Opération Terminador).
Entre 1998 et 2000, des chefs de famllies de la zone décidèrent de s’unir en confédération afin de se répartir les appels d’offre de l’autoroute A3 (en photo) et de faire le mènage. La nouvelle stratégie avait obtenu l’aval de la ‘ndrine Mancuso de Limbadi très influente dans la région (cf. ‘Ndrines, armes et contrôle du territoire). Il s’agit encore d’une information précieuse obtenu grâce à un colloborateur de justice, le « contabile » (« comptable » de l’organisation en question).
Les ‘ndrines faisaient appel à des tueurs professionels. En 2000, le tueur collaborateur de justice en question a participé à un massacre à la kalashnikov sur la place d’un village (deux morts et un blessé). En 1998, il avait assassiné un jeune vendeur de drogue « nommé Chiarello » puis l’avait découpé en morceau à la hache. Le soldat de la mafia était devenu « un ange de la mort » capable de désosser les cadavres, les dissoudre dans l’acide ou de les faire rôtir dans des barils de naftaline. Mais le meilleur moyen de ne pas laisser de trace était l’utilisation des cohons!
« Ils mangent tout y compris les cheveux, en une demi heure, il ne reste plus rien« .
Heurseusement que « Victor le nettoyeur » (Nikita) est devenu collaborateur…
Fait à partir de l’article d’Arcangelo Badolati de la Gazzetta del sud
4. Organisation mafieuse : « j’appelle la Province »
Poursuivons l’analyse des écoutes judiciaires avec le thème de l’organisation mafieuse. Les clans calabrais sont souvent décrits comme des entités autonomes. Saut que depuis 1991, les ‘ndrines (familles mafieuses calabraise) dans la province de Reggio (voir la carte) se sont doté d’une « commission » (comme en sicile cf. Opération Persée, le dieu qui décapita la méduse…), une chambre de compensation chargées de régler les litiges entre les clans.
Ici, les mafieux nomment cet organe d’arbitrage « la province » confirmant ainsi que les mafias sont des acteurs politiques…
P.G.: « Les choses ne sont pas bien avancés »
M.R.: Eh!
P.G.: « Nous on est (inaudible), on leur a dit que nous on a avait les choses comme ils faut ».
M.R.: Eh!
P.G.: « Et alors, on leur dit, asseiez vous que je dois te dire, là, l’histoire c’est cà,… et si cela ne vous convient pas , on en parle et on fait une (inaudible) [ même si je pense qu’il parle d’une « réunion » ndr]
M.R.: « C’est claire »
P.G.: « On en parle où il y a d’autres hommes [d’honneur – mafieux ndr] ».
M.R.: « C’est claire »
X : (inaudible)
M.R.: « Mais, si ils veulent parler, on appelle LA PROVINCIA comme responsable et on parle »
P.G.: (inaudible)
M.R.: « Et celui qui a raison... »
P.G.: (inaudible)
Voix non comprhéensibles
M.R.: « Avec les hommes [entre mafieux ndr]… »
P.G.: « Avec LA PROVINCE, on a le le responsable [autorité compétente pour arbitrer les litiges ndr]… » »
FIN
PS : ces écoutes sont disponibles sur le site du journal laRepubblica (http://www.repubblica.it/cronaca/2010/05/18/news/boss_intercettati-4145994/) ce qui démontre que l’Italie est une démocratie transparente. Mieux, elle est un état de droit qui dispose des meilleurs outils juridiques pour lutter contre le crime organisé (cf. Lobbying antimafia à Bruxelles).
Attention, le gouvernement actuel veut limiter les écoutes judiciaires (article du Point) car « les mafieux aussi ont droit à une vie privée » Daniela Santanche, membre du gouvernement.
2. Leçon d’autorité mafieuse
Fasant suite au premier billet (cf.1. « Dessine moi un bunker »), je vous propose un deuxième thème contenu dans les écoutes effectuées par les policiers.
Le boss Giuseppe Pelle donne ici une leçon d’obéïssance, de « respect » :
Pelle Giuseppe : « Et alors, vous étes qui des hommes responsables, quand vous etes autour de la table pour discuter et que vous parlez… si moi, compare (ici mafieux), quand j’avais mon frère Salvatore là à table, ou si il y avait mon père, moi je parlais pas… vous avez pu le voir! »
Pendant toutes ces années je me suis tu, vous avez vu, parce que si il y a un plus ancien que moi, plus responsable… c’est lui qui parle!!
Quand il y a les responsables, les petits doivent se la fermer! comme quand c’est moi qui parle, mes frères doivent se taire et ils le font… si j’ai tort, si je me suis trompé, on en parle quand on est à trois, là on peut faire ce que l’ont veut…. »
Là, si on a pas compris qui commande!
Vous pouvez écouter ces 38 secondes :
PS : ces écoutes sont disponibles sur le site du journal laRepubblica (http://www.repubblica.it/cronaca/2010/05/18/news/boss_intercettati-4145994/) ce qui démontre que l’Italie est une démocratie transparente. Mieux, elle est un état de droit qui dispose des meilleurs outils juridiques pour lutter contre le crime organisé (cf. Lobbying antimafia à Bruxelles).
Attention, le gouvernement actuel veut limiter les écoutes judiciaires (article du Point) car « les mafieux aussi ont droit à une vie privée » Daniela Santanche, membre du gouvernement.
1. « Dessine moi un bunker »
Le 22 avril dernier, les carabiniers du Ros ont mené une opération contre le clan Pelle de San Luca (cf. De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta). Giuseppe Pelle était devenu le chef le plus important de la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) depuis l’arrestation de son père (cf. Le quotidien de l’Etat contre la ‘Ndrangheta) et de son frère (cf.Arrestation de la « mamma »).
Plus croustillant : les enquêteurs avaient placé des micros dans la maison du capobastone (chef mafieux) qui discutaient avec d’autres mafieux. Les propos tenus par ces derniers sont très intéressants.
Les mafieux aiment leur territoire puisque pour échapper aux forces de l’ordre, ils s’enterrent dans des bunkers (dans la vidéo, on peut voir un bunker). Giovanni Ficara demande à Giuseppe Pelle :
« Je dois faire un bunker : vous m’aidez? » (« devo fare un bunker mi auitate? »).
Comme une ritournenelle « dis; dessine moi un mouton »…
Les images des bunkers :
PS : ces écoutes sont disponibles sur le site du journal laRepubblica (http://www.repubblica.it/cronaca/2010/05/18/news/boss_intercettati-4145994/) ce qui démontre que l’Italie est une démocratie transparente. Mieux, elle est un état de droit qui dispose des meilleurs outils juridiques pour lutter contre le crime organisé (cf. Lobbying antimafia à Bruxelles).
Attention, le gouvernement actuel veut limiter les écoutes judiciaires (article du Point) car « les mafieux aussi ont droit à une vie privée » : Daniela Santanche, membre du gouvernement.
Arrestation du « boss » Tegano et du consensus social
Le 26 avril, la police a arrêté un superboss de la ‘Ndrangheta (la mafia calabraise). Giovanni Tegano, 70 ans, figurait parmi les 30 personnes les plus recherchées en Italie. Après, la vague d’arrestation qui a suivit le massacre de Duisbourg (cf. De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta) et l’arrestation de Pasquale Condello (cf.L’arrestation de Pasquale Condello ; le dernier grand parrain calabrais ?), il s’agit d’une belle victoire pour l’Etat titalien (cf.Italie : état de droit!). Il fait reculer l’impunité, une impunité incarnée par le fait que les mafieux se livrent à de longues « latitanza » (fugue, cavale). En effet Giovanni Tegano était recherché depuis 17 ans. Au moment de son arrestation, Giovanni Tegano était à Reggio en Calabre, armé et en compagnie de 5 personnes.
La victoire est entaĉhée… Au moment de sa sortie du commissariat, une foule attendait le boss pour l’applaudir. Des personnes, en partculier des femmes criaient « Giovanni, uomo di pace! (tu es un homme de paix) » (sur les femmes et la mafias, cf. Pas de femme, pas de mafia et Article sur les femmes et la mafia).
Un des pilliers du pouvoir mafieux est le consensus social (cf. Les ‘ndrines et le consensus social). Au quotidien, les mafieux distribuent des faveurs et des emplois en raison d’un « sous developpement organisé » qui règne en Italie du Sud (cf. La mafia taxe l’eau et l’electricité des plus défavorisés)
On peut voir la photo et la vidéo ci dessous. :
De l’inéficacité de la vidéo-surveillance
Lamezia terme, dans le centre de la Calabre. Ce mercredi 31 mars, le tueur est embuscade avec pistolet muni d’un silencieux. Puis, il entre action. et tire 7 projectiles dans le dos de la victime (5 dans le dos, 2 dans les jambes) pour la faire tomber puis 5 dans la tête à bout touchant.
Giuseppe Chirumbolo, 33 ans, a été assassiné de douze coups de pistolet. Les modalités du meurtre laisse peu de place au doute. Il s’agit d’une exécution mafieuse. Les enquêteurs ont procédé à des interrogatoires jusqu’à 5 du matin.
La victime avait un casier judiciaire : possession de drogue (72 grammes) et agressions. Il avait menacé un jeune à qui il avait envoyé un sac contenant un tête d’agneau, des cartouches de fusil et une lettre de menace.
Par ailleurs, les limiers de la Garde des finances (Guardia di finanza) ont signalé aux enquêteurs que Giuseppe était affiliée au clan Giampà. La victime a donc rencontré la violence mafieuse programmée. Son meurtre est le fruit d’une décision juridique prise par un clan qui se considère comme une institution. (cf. Violence programmée).
PS : la maison de la victime avait des vitres anti-projectiles et un système de vidéo-surveillance… quand je vous dis que la vidéo-surveillance n’est pas efficace…
Billet rédigé à partir de l’article de Giuseppe Natrella Gazzetta del sud in http://www.calabrianotizie.it
En avril ne te découvre pas d’un fil… surtout celui qui te tient en vie
Le 2 avril dernier, il fait nuit à Monasterace (dans la province de Reggio en Calabre sur la carte) quand Angelo Rozzelo sort de ses chez ses parents. Deux sicaires l’attendent et tirent plusieurs coups de feu. Angelo n’a plus d’ange gardien et il meurt sur le coup. Angelo avait 26 ans et il était commercant.
Les enquêteurs suivent toutes les pistes mais ils savent que la victime avait un casier judiciaire. En 2007, il avait été déjà mis en examen pour détention d’arme de guerre et explosif. Les forces de l’ordre le tenait à l’oeil en raison de ses fréquentations avec la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) Ruga-Metastasio. Le défunt est aussi le fils de Vicenzo arrêté en 1994 pour association mafieuse.
Bref, cela sent la « violence programmée »; cliquez sur les liens suivants :
Tir aux pigeons ou violence programmée?
Violence programmée
Violence programmée à Scilla en Calabre
Trahi par Facebook
Le 16 mars 2010, les policiers de Crotone jubilent. Ils viennent d’arrêter Pasquale Manfredi, 33 ans, un soldat de la ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) Nicoscia-Manfredi d’Isola Capo Rizzuto. Il figurait sur la liste des cents « latitante » (en cavale) les plus recherchés. Et pour cause, il est accusé d’association mafieuse, de détention d’armes de guerre. Il se serait entraîné dans la région de Pavie (dans le nord de l’Italie) pour assassiner le capo bastone Carmine Arena (décédé dans sa voiture blindée après un tir de bazooka (cf. La guerre des ‘ndrines s’étend à la province de Crotone?). Cela illustre le goût des mafieux calabrais pour les armes de guerre et la présence mafieuse dans le nord de l’Italie :
Cliquez sur les lien suivant ;
Exécution mafieuse en Lombardie
Les policiers le décrivent comme « froid et cruel ». Froid mais pas très malin ; les policiers l’ont repéré a l’aide de sa connection (clef 3G) à Facebook et sous le pseudonyme « Scarface » !