Archive pour la catégorie ‘‘Ndrangheta, mafia calabraise’

24 ans, chef mafieux, 6 mois de « cavale » puis il se rend!

Vendredi 29 mai 2009, le téléphone sonne au commissariat central de Crotone. Francesco Monti, appartenant à la ‘ndrine (la famille mafieusue calabraise) Megna de Papanice dans la province de Crotone veut se rendre aux autorités! Il n’est plus en mesure d’assurer sa « cavale » et de faire face à la pression policière. Les hommes de la police judiciaire de Crotone vont le chercher dans son fief, à Papanice, dans l’arrière-pays du chef lieu de la province.
A 24 ans, Francesco Monti, surnommé « il bandito« , tennait déjà les rennes d’une importante famille mafieuse en raison des nombreuses arrestations ayant eut lieu depuis deux ans. En effet, depuis ce jour de mars 2008, les deux cartels de ‘ndrines, les « Megna » et les « Ruselli » sont en guerre. Les magistrats antimafias avaient procédé à l’arrestation de 24 personnes appartenant aux deux clans. Francesco Monti avait réussi à fuire alors qu’il était accusé d’association mafieuse, de trafic de stupéfiant en bande organisée, d’extortion et de détention d’arme.
D’après les enquêteurs, Francesco Monti participait activement aux activités de la famille mafieuse de Luca Megna (assassiné le 22 mars 2008) et dont il était le cousin. Avant le meurtre de Luca, Francesco était le trésorier du clan, celui qui récupérait les sommes d’argent provenant des extortions et de la vente de drogue. Par exemple, le 27 mars dernier, les policiers de Papanice ont saisi 1 273 plants de « marijuana. » Puis le 27 mars 2008, ils ont retrouvé 9 kilos d’herbes dans un magasin. Le propiétaire du magasin déclare avoir loué son bien à Giuseppe Cavallo. Mais après l’assassinant de ce dernier le 24 mars 2009, le propiétaire aurait loué son bien à Francesco Monti (celui dont je vous parle au début de cette article).

Suivez mon raisonnement:

– Le 22 mars 2008, les « Ruselli » tuent un « Megna » ( La guerre des ‘ndrines de Crotone n’épargne pas les enfants ).
– Le 25 mars 2008, les « Megna » se vengent en tuant un des « Ruselli » (Guiseppe Cavallo qui loue un magasin entreposant de l’herbe).
– Le 25 mars au soir, les « Megna » s’emparent du magasin d’un de leurs ennemis, les « Ruselli ».
– Le 27 mars 2008, les policiers trouvent 9 kilos d’herbe dans le magasin en question.
– Le 24 novembre 2008, la magistrature arrête 24 membres des deux clans.
– Le 29 mai 2009, un jeune chef des « Megna » (à qui été loué le magasin contenant de l’herbe) se livre à la police.

Premièrement, la mafia calabraise est la « numéro un » de la cocaïne ( ‘Ndrines transnationales ) mais l’herbe c’est bien aussi…
Deuxièmement, les mafieux ne perdent pas le nord : on se vengent en tuant mais aussi en prenant le biens du rival.
Troisièmement, la mafia n’est plus ce qu’elle était. La police est tellement puissante en Italie ( L’Italie : ce pays modèle ) que les mafieux se rendent à 24 ans alors que Pasquale Condello a été arrêté après plus de 15 ans de cavale ( L’arrestation de Pasquale Condello ; le dernier grand parrain calabrais ? ).
Il reste à se demander si les intêrêts des clans de la ‘Ndrangheta : mafia « numéro un » ne sont dans les circuits internationaux de blanchiment…

La taxe mafieuse sur les contrefaçons

Le 30 mai 2009, les carabiniers des opérations spéciales contre le crime organisé (ROS) ont arrếté 12 personnnes (8 italiens et 4 ressortissants tchèques) accusées de faire partie d’un réseau transnational d’importation de produits contrefaits avec des ramifications en Italie, en République Tchèque et au Viethman. Les forces de l’ordre ont saisi neuf conteneurs contenant 90 000 chaussures d’une célèbre marque américaine qui vend ses chaussures plus de cent euros sans en faire profiter les travailleurs américains (les chaussures sont fabriquées en Asie). La valeur marchande des contrefaçons avoisinerait 10 millions d’euros. Le réseau importait d’Asie les contrefaçons dans le port d’Hambourg et dans le port de Gioia Tauro en Calabre ( Le port-conteneur de la ‘Ndrangheta ). Là, des ilaliens, dont un agent des douanes qui a été arrếté, expédaient la marchandise à Rome par le biais d’une société d’import-export créee pour cette mission. En République tchèque, les documents étaient falsifiés afin de faire transiter les contrefaçons qui alimentaient les pays d’Europe centrale, Allemagne inclue.
En Calabre, les ‘ndrines (familles mafieuses calabraises), imposaient une taxe aux importateurs de contrefaçons pour avoir le droit de faire entrer les produits par le port de Gioia Tauro ( Ecomafia de Bari au Pakistan en passant par Gioia Tauro ) en raison de la règle du contrôle du territoire qui régit la vie des associations mafieuses.


Au conseil municipal : « tous mafieux »

Au mois de mai 2009 le ministère de l’Intérieur italien a dissous le conseil municipal de Taurianova, une petite ville de la province de Reggio en Calabre. (le long de la mer thyrénienne dans l’arrière-pays de Gioia Tauro sur la carte) Le conseil municipal de Taurianova avait déjà été dissous en 1991, l’année de la mise en place de ce dispositif législatif qui permet de lutter contre les relations politico-mafeuses (les complictés entre élus et mafieux). En 2008 une commune proche de Taurianova a connu le même sort ( Le port-conteneur de la ‘Ndrangheta )

Lorsqu’un conseil est dissous, les citoyens ne retournent pas aux urnes immédiatement. En l’occurence, la commune est placée sous la responsalbilité de commissaires d’état venus de Rome pour les 18 mois à venir. Le ministre de l’Intérieur justifie cette décision : « le danger que les clans de la mafia calabraise conditionnement de la libre expression du vote est trop grand« . En effet, un rapport d’un commissaire enquêteur est sans appel :  » au sein de conseil municipal : tous ou presque sont mafieux!« . Au cours des élections municipales de 2007, le maire adjoint promettait des faveurs au chef mafieux de la zone, avantages qui ont tous été accordés depuis. En échange, le mafieux a activement participé à la campagne électorale. Il faut dire que le maire de la ville est le même que celui qui était en poste quand le conseil municipal fut dissous une première fois…

La commune aurait été très peu regardante en matière de constructions abusives de la part de citoyens ayant des liens de parenté avec la mafia. Par ailleurs, une des employés de la mairie a falisifé les rapports afin de montrer que des travaux publics étaient conformes à des appels d’offres publics alors qu’en réalité, ils ont tous été attribué à des sociétés dont les propiétaires sont proche du clan.

Régidé à partir des informations de Monica Centofante de http://www.antimafiaduemila.it/


Opération Isola

– Depuis un an, les forces de l’ordre ont découvert de multiples arsenaux appartenant au clans de la mafia calabraise (Un arsenal de la mafia calabraise découvert).

– La mafia calabraise dispose d’importants réseaux de complicité comme en témoigne l’arrestation d’un membre des forces l’ordre (L’avocate suisse et l’absence d’impunité en Italie..)

– Enfin, les ‘ndrines sont fortement présentes dans le Nord de l’Italie ou banquiers, entrepreneurs sont complices (Exécution mafieuse en Lombardie ).


L’avocate suisse et l’absence d’impunité en Italie

 Il était une fois une avocate suisse en cavale en Italie. Martina N., 47 ans, arrive dans un  hôtel de luxe Florence. Elle prend une des plus belles chambres, celle utilisée par le président du Conseil lors d’un récent voyage. Pas de chance ! L’établissement en question, qui accessoirement accueillait un colloque contre l’usure en présence du procureur de Florence Quattrocchi, collabore, comme 2 500 autres à Florence, avec la préfecture pour la communication « one line » des données des clients. A une heure du matin, le voyant rouge s’allume à la préfecture. Martina N. est une criminelle en col blanc en cavale ! En 2005, elle a été condamné par la Cour d’appel de Reggio en Calabre. Pourquoi ? Elle a été condamné à deux ans de prison pour association de malfaiteur. Elle était une « taupe » au sein d’une banque allemande pour le compte de la très puissante ‘ndrine (une famille mafieuse calabraise) Morabito. En 2000 , le magistrat antimafi Gratteri l’a accusé être l’insoupçonnable « terminal » de la « section informatique « des trafics illicites. Elle auraient fourni en temps réel des informations sur des titres de crédits émis par l’un des principaux instituts bancaires européens.
A 6h du mat, les policiers de la police judiciaire l’ont réveillé et ont perquisitionnée sous les yeux ébahis de son compagnon.

Dans la mafia, vaut mieux être en haut de la « pyramide » pour ne pas subir la répression de la magistrature.
La mafia calabraise est la mafia numéro un, elle possède une bourgeoisie mafieuse dont cette avocate est l’exemple.

En Italie, il existe quatre mafias mais il existe aussi les meilleurs outils pour lutter contre ce phénomène comme ne témoigne le dispositif mis en place à Florence.
L’avocate aurait du « descendre » dans un palace parisien, elle ne risquait rien…

Gambizzazione

Le 10 avril 2008, un employé de la municipalité de Reggio en Calabre récupère sa voiture après une journée de travail. Soudain, des inconnus surgissent sur un scooter et tirent 7 projectiles dont trois atteignent le fonctionnaire aux jambes. Il arrive cependant à conduire son véhicule pour se rendre à l’hopital.

Les tireurs ne sont pas doués? Non, en réalité, la victime vient être « gambizzato » (de « gamba »: « jambe » en italien). La « gambizzazione » c’est à dire le fait de commettre une blessure à la jambe avec une arme à feu (mais aussi avec une arme blanche) est une étape dans l’application de la « violence programmée » par la mafia ( Violence programmée ). Il s’agit très certainement d’une tentative d’intimidation, un avertissement pour que la victime se plie aux demandes du clan de la zone; prochaine étape la mort.

Le fonctionnaire est responsable des programmes de construction et des de travaux publics, une des activités fondamentales pour les clans mafieux ( Un chantier de travaux publics saisi en Calabre ). Cette agression très grave fait suite à d’autres. Ces derniers mois, la voiture d’un chef d’entreprise et d’un architecte, lui aussi fonctionnaire chargé de l’urbanisme à la mairie, ont été brûlée.

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Fin de la faida de San Luca

Le 13 mars 2009, la police hollandaise avec la coopération de la police de Reggio en Calabre, a arrêté Giovanni Strangio. Ce mafieux calabrais de 30 ans est le présumé chef de groupe qui a assassiné six calabrais le 15 août 2007 à Duisbourg en Allemagne ( De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta ).

Au moment de la tuerie, Giovanni Strangio était le chef du « locale » (une circonscription mafieuses calabraise) de Duisbourg. En « cavale » depuis 2007, il résidait dans la banlieue d’Amsterdam avec son beau-frère, Francesco Romeo. Ce dernier est aussi un mafieux de haut rang et en fuite (retrouvez les photos en cliquant sur ce lien du quotidien de la Repubblica). Les deux compare en fuite vivaient une vie normale avec leur femme et leur enfant mais se travestissaient avec des péruques et des lunettes. Dans l’appartement, les policiers ont saisi un million d’euros en liquide, des faux passeports et une machine pour fabriquer des faux documents.

Si les deux fuyards possédaient un million d’euros en liquide, cela signifie que leur patrimoine est 10 à 20 fois supérieur ( Des statistiques à la réalité de la lutte antimafia )

En outre, comme à chaque arrestation, policiers et magistrats rappellent que les écoutes judiciaires (téléphoniques et à distance) ont été capitales pour la réussite des opérations.

Or le gouvernement de centre-droit veut limiter les écoutes et la saisis des biens mafieux. En 2005, le gouvernement Berlusconi avait proposé que les biens saisis à un clan mafieux puissent être rachetés en priorité par les membres de la famille du mafieux…

Enfin, les enquêteurs ont précisé que l’épouse et le fils de Giovanni Strangio « étaient très choqués ». La femme n’a rien dit aux enquêteurs, a reçu une assistance de la part de la police hollandaise et ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire.

Rendez-vous donc dans dix ans pour savoir si le phénomène mafieux est un perpétuel (re)commencement ( Joyeux Noël ).

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L’Italie et les stéréotypes

Le 29 janvier 2009, l’Etat italien a gagné 3 millions d’euros. En effet, le centre opérationel de la Direction des enquêtes contre la mafia de Reggio a confisqué (à titre définitif) le patrimoine d’Antonio Crea, 45 ans, un boss de la ‘ndrine Crea. Les biens mafieux sont estimés à 3 millions d’euros. Les magistrats ont révélé que l’entreprise mafieuse Crea s’imposait sur le marché par le biais de l’intimidation afin d’exclure les concurrents ou en investissant des capitaux illégaux. Les enquêtes pointues des policiers ont permis de mettre en évidence la différence entre les revenus déclarés et le patrimoine mafieux. Antonio Crea a été mis en cause dans le cadre de plusieurs enquêtes antimafias. Deux collaborateurs de justice (des « repentis ») ont signalé le rôle hierarchique important de ce mafieux. Antonio Crea serait un « vangelo « ou « evangelista » Antonio Crea est le cousin de Teodoro Crea, chef de la ‘ndrine, la famille mafieuse de Rizziconi qui a fait l’objet d’un excellent reportage diffusé sur arte. Dans ce documentaire, on peut suivre le quotidien des policiers qui enquêtent pendant 7 ans sur la famille mafieuse Crea. En sept ans : un seul meurtre et la construction du plus grand supermarché de Calabre.
Afin de ne pas faire de l’Italie un stéréotype criminel, il convient de signaler que l’enseigne de cette grande surface n’est pas italienne…

Fin de l’esprit de Noël

Le 04 janvier 2009, à Roggiano Gravina, dans la province de Cosenza en Calabre, deux personnes sortent d’une brasserie sur la place principale et s’apprêtent à monter dans leur véhicule quand surgissent deux tueurs (douilles de deux calibres). Les cibles esssuient un déluge de projectiles et meurent sur le coup. Il semble s’agir d’un meurtre de ‘Ndrangheta. L’une des victimes, Vincenzo Chimenti, 52 ans surnomé « pettinicchio » (petit peigne) en raison de l’attention particulière qu’il portait à sa coiffure, avait un rang important au sein d’une ‘ndrine, une famille mafieuse calabraise… la suite bientôt.

La folle semaine de la ‘Ndrangheta et de ses complices…

2. Un vote = 40 euros

Toujours le 25 novembre, dans le cadre de l’opération Perseus, les magistrats ont apporté des éléments de preuve concernant les complicités politiques dont bénéficient les mafieux. En effet, d’après plusieurs collaborateurs de justice, le chef mafieux Francesco Russelli, aurait appuyé un homme politique au cours des dernières élections locales de 2006. Dans le secteur de Panapice, le clan aurait scellé un accord avec le candidat Giuseppe Mercurio (Democratici di Sinistra) qui a été élu sur une liste par 450 voix de préférence (l’électeur italien peut choisir des noms sur une liste selon ses préférences…). A chaque fois que le candidat obtenait 50 voix, le clan était rémunéré de 2 000 euros soit 40 euros pour chaque vote. Ce procédé est réprimé par la loi, article 416 ter du code procédure pénale italien. Le délit d’échange électoral politico-mafieux a été voté en 1992 après la chute de l’Urss. L’Etat italien, qui n’avait plus besoin de la force électorale mafieuse qui avait permis de contenir le communisme pendant 50 ans, fit un geste symbolique.

En réalité, ce délit est rarement constaté par la justice. Les mafieux font élire des hommes politiques qui, une fois élus, attribuent des appels d’offre aux entreprises contrôlées par les clans. Peut-être s’agissait-il de vérifier que les mafias sont toujours capables de faire élire un politicien ? Pari gagné.

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