Archive pour la catégorie ‘mafia’
Encore un attentat contre un magistrat déjoué
“Dés que l’arme arrive, dans quelques jours, on le fait. La dernière fois, on est pas passé à l’action parce qu’il pleuvait«
C’est à l’écoute de ces mots que les magistrats ont décidé de procéder à l’opération “Tsunami”, pour arrêter 11 personnes appartenant à la ‘ndrine (famille famille calabraise) Abbruzzese actif sur dans la province de Cosenza, en particulier sur le haut de la côte ionnienne (carte à gauche). La ‘ndrine projettait d’assassiner le magistrat de la direction des enquêtes antimafias de Catanzaro. C’est en enquêtant sur un trafic de drogue que les policiers sont tombés sur des déclarations entre les membres du clan.
C’est le troisième attentat déoué en 3 ans en Calabre (cf.La folle semaine de la ‘Ndrangheta). Ils ont été déjoué grâce aux déclarations de collaborateurs de justice et aux écoutes judiciaires.
Il est donc naturel que le gouvernement en place tente de limitter la pratique des écoutes judiciares et décrédibilise les « repentis ». A cela s’ajoute, le manque de fonds pour la magistrature qui affaibli cette institution et qui envoit un message de « feu vert » au clan, comme c’est expliqué dans cette vidéo :
2011, crise des déchets à Naples : comment ça marche
Le 28 juin 2011, le Courrier international s’intéresse à la crise des déchets (cf. « l’Italie, ses déchets, son béton, ses mafias ») :
« Ces quinze derniers jours, 2 100 tonnes de déchets ont été incendiées à Naples et dans sa région par des citoyens excédés, libérant d’importantes quantités de dioxine dans l’air, souligne La Repubblica. D’après l’Agence d’hygiène urbaine, la quantité de dioxine serait supérieure à celle d’un incinérateur d’une ville de 55 000 habitants en activité depuis dix ans. La dioxine est particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes – elle peut entraîner des malformations –, les enfants, les personnes âgées et toute personne souffrant de problèmes respiratoires. D’après le journal de gauche, la Camorra serait impliquée dans ces incendies systématiques.. «
Au mois d’avril 2008, l’émission C’est dans l’air avait traité l’info
2011, toujours la crise des déchets à Naples : le dossier
Les Napolitains, pas si fous, vient d’élire Luigi de Magistris, ancien magistrat, à la tête de la mairie. Ils savent que les promesses de Berlusconi en 2008 n’étaient que des « balle » (cf.Berlusconi : lapsus contre référundum). Ils croulent toujours sous les déchets. Voici, le résumé en français d’un dossier écrit par Céline Torrisi (cf. Mafias : ancrage local, pouvoir transnational)
La crise des déchets à Naples.
Le Cavaliere et « l’emergenza rifiuti » : analyse du travail de légitimation et de résolution des conflits.
Qui ne se rappelle pas des images diffusées par les médias du monde entier montrant Naples et sa Région enfouies sous des tonnes de déchets? Nous sommes en 2007-2008 sous prétexte d’une grève des éboueurs les ordures s’empilent dans les rues de Naples et de la Campanie. L’incompréhension gagne les esprits des européens qui se demandent comment une des plus grandes métropoles européennes peut se retrouver dans une telle situation.
Une nouvelle fois la crise des déchets touche Naples. Cette situation n’est pas nouvelle puisque la situation d’urgence est déclarée depuis 1994! 1994? (cf. 12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993). N’est-ce pas la période à laquelle M. Berlusconi entre en politique? (cf. Biographie Berlusconi). Ainsi, comme Silvio Berlusconi, cette crise apparait comme un leitmotiv dans l’histoire récente de l’Italie. En jetant un rapide regard sur la carrière politique du Cavaliere et sur l’histoire de la crise, on pourrait presque affirmer que Silvio et la « Crisi dei rifiuti »1 sont deux « compagnons de route ». C’est en remportant les élections législatives du 27 mars 1994 que Silvio Berlusconi apparaît véritablement sur la scène politique italienne. C’est la « la discesa in campo », « la descente ». Un mois plus tôt, la même année, est déclaré l’état d’urgence pour la ville de Naples qui ne parvient plus à évacuer ses déchets. Certes le premier gouvernement Berlusconi tombe en janvier 1995 et résoudre la crise en un an est chose particulièrement difficile. En juin 2001 le Cavaliere reconquit le pouvoir. C’est le gouvernement « Berlusconi bis », connu en Italie pour avoir été le plus long gouvernement de l’après-guerre. Le Président du Conseil se trouve une fois de plus confronté à la « crisi dei rifiuti » de Naples. En effet, au début de l’année 2001, on assiste de nouveau à une lourde crise à Naples. Pour y faire face, on procède à la réouverture des décharges de Serre et de Castelvolturno, et on envoie des milliers de tonnes de déchets vers d’autres régions italiennes, telles que la Toscane, l’Emilie-Romagne, ou à l’étranger vers des pays comme l’Allemagne. Au cours des deux années successives, 2002 et 2003, entrent en fonction sept appareils de production de combustibles dérivés des déchets. Cependant ces mesures sont largement insuffisantes et la Campanie ne parvient pas à traiter de manière efficace les milliers de tonnes annuels de déchets. En 2006 le gouvernement « Berlusconi bis » tombe et Naples est toujours en état d’urgence. En 2007 la crise connaît un nouveau pic. Le gouvernement Prodi est contraint à intervenir sans plus attendre. Il définit alors de nouveaux sites destinés à accueillir des décharges et propose comme solution la régionalisation du traitement des déchets. Cependant le 6 février 2008, le gouvernement tombe pour la deuxième fois en 650 jours alors même que la situation à Naples tend à s’accentuer. Comme chacun le sait, les élections des 13 et 14 avril 2008 portent au pouvoir Silvio Berlusconi. Une fois n’est pas coutume, le Cavaliere entame son troisième mandat avec pour fidèle « compagnon » la crisi dei rifiuti di Napoli. Si nous avons retracé très brièvement le parcours politique de Silvio Berlusconi c’est pour souligner le fait que, la crise existe à Naples depuis que Berlusconi existe sur la scène politique italienne. Bien évidemment ceci est une simple observation vide de tout lien de causalité.
C’est donc ce constat qui nous a conduits à orienter notre analyse de la crise des déchets à Naples, non sur la crise en soi mais bien sur l’existence d’un lien entre la crise et le retour du Cavaliere. Il s’agit alors de nous pencher de plus près sur la nature même du lien que l’on suppose exister entre le nouvel épisode de la crise des déchets à Naples et le retour de Silvio Berlusconi sur la scène politique italienne. Dans quelle mesure peut-on dire que, dans le contexte électoral de 2008, la crise des déchets à Naples a servi le travail de légitimation du Cavaliere, à la fois dans sa conquête du pouvoir et dans ses prises de décision?
Le travail de légitimation pré-électoral s’est effectué par une véritable instrumentalisation de la crise des déchets (I), qui a été définie comme un enjeu électoral (Section 1) autour duquel S. Berlusconi a construit son discours et son programme politique ( §1) et grâce auquel il a su réaffirmer et reconstruire sa position de leadership (§2).
Cependant une fois l’élection remportée, le travail de légitimation s’est révélé être d’un tout autre aspect. C’est autour de la capacité à résoudre la crise qu’il devait se réaliser. La résolution de la crise se présentait alors comment un enjeu à la fois national et local (Section 2). Malgré des décisions effectives mais hautement symboliques (§1), le Cavaliere a finalement été contraint de suivre le chemin tracé par son prédécesseur (la notion de path dependancy) (§2). On peut expliquer ceci en partie par l’analyse du rôle des mouvements sociaux. Ainsi,l’épisode 2008 de la crise des déchets à Naples illustre bien l’idée selon laquelle une légitimité obtenue par le vote n’induit pas forcément une légitimité dans l’action (II). Les mouvements sociaux se sont ainsi posés en frein au travail de légitimation du Cavaliere (Section1). Malgré une mobilisation immédiate (§1) des faiblesses propre à la nature de ces mouvements viennent en limiter la portée de l’action (§2). On est alors amené à s’interroger sur la pertinence, voir sur l’existence effective d’une société civile napolitaine/italienne (Section 2). On observe alors que la crise des déchets « version 2008 » ne serait autre que « l’explication globale d’une réalité » (§1) où l’intérêt général n’existe plus que dans de lointains écrits et où guette la menace du triomphe de la microsociété que constitue la mafia (§2).
Le dossier :
Violence programmée et mémoire longue
En ce 24 juin, dans la ville de Foggia, deux sicaires à moto avec un casque intégrale s’approche du voiture et les coups de feu explosent. Michelle « Lilino » Mansueto, 57 ans, ancien chef du clan Mansueto-Trisciuoglio-Prencipe leader de la mafia de Foggia appelée la « Societa Foggiana », va mourir.
C’est le 13ème homicide dans la province et le huitième dans la ville de Foggia en 6 mois (cf. Violence programmée dans les Pouilles)
Les enquêteurs vont se creuser la cervelle tête pour résoudre ce meurtre car la victime appartenait au passé. Chef dans les années 80, il avait perdu une guerre de mafia entre 1998 et 1999 (35 morts). Il n’avait même pas de batterie (nom des cellules criminelles de la Scu) à sa disposition. Deux de ses complices ont aussi été assassinés récemment. Les clans de l’Hinterland reprennent peut-être le contrôle de la ville de Foggia (cf. Libérations de mafieux dans la région des Pouilles). Il est aussi probable que la violence programmée ait la mémoire longue.
Passion fatale : la moto
En ce 29 mai à Gênes, pittoresque ville portuaire (cf. La mafia japonaise : un paradigme), le boss embarque pour la Sardaigne. Il va à un rendez-vous important… une course de moto (en photo la sienne)! Les policiers connaissant sa passion pour le deux roues avaient fait une enquête et l’embarque. Le mafieux en question est en cavale (cf. latitanza) depuis l’opération « Il crimine 2 » (cf. ‘Ndrangheta export).
Il ocupait une place importante dans la hierarchie en Suisse (cf.L’avocate suisse et l’absence d’impunité en Italie)
Et oui les mafieux son des hommes, ils ont des passions comme les réseaux sociaux (cf. Trahi par Facebook) en plus de la Violence programmée.
Violence programmée dans la province de Vibo
Sur route Nicotera Vibo Valentia, dans un virage, on on est contrait de ralentir, un scooter surgit et le plombs parle. Domenico Campisi, 45 ans assis à la place du mort et « connu des services » va mourir. Le conducteur n’a pas un gramme de plomb dans le corps : du travail de pro ! La victime liée au trafic de stupéfiant de coca colombiene pour le compte de la « ndrine Mancuso (cf. ‘Ndrines, armes et contrôle du territoire) était soumis à des contrôles strictes par la police. Le défunt n’avait pas le droit de conduire, c’est pourquoi il avait un jeune chauffeur. Déjà une autre personne que conduisait le jeune a disparu, certainement vicitme de la lupara bianca (cf. Le « repenti » rétablit l’Etat de droit en Italie. Enfin, d’autres membres du clan Mancuso ont été victimes de la violence programmée, Cosma Congiusti en novembre, 2010 Vincenzo Barbieri, assassiné au mois de mars 2011 mais aussi Giuseppe Prostamo (cf. Guet-apens contre la ‘ndrine Mancuso).
Le dernier des juges
Les éditions de La contre allée, propose petit livre riche, dense inversement proportionnel au prix (7 euros) relatant un entretien avec Roberto Scarpinato (présent dans ce reportage Vengeance transversale ou conséquence de la mondialisation?)
Roberto Scarpinato est « le dernier des juges », dernier survivant de la génération des juges Falcone et Borsellino, brutalement assassinés par la mafia en 1992 (cf. Bon anniversaire Giovanni). Il est l’un des procureurs du procès Andreotti (cf. Le divin Giulio Andreotti), et a instruit les plus importants procès menés contre la mafia et ses liens au sein du monde politique et institutionnel (cf. 12 janvier 2002, un étudiant et un colloque sur les attentats de 1992-1993). Sous protection policière depuis plus de vingt ans, mémoire historique de la justice anti-mafia, Roberto Scarpinato balaie de ses réflexions les lieux communs sur la justice, le pouvoir et la religion (cf. Le Vatican et la mafia : le compte n’y est pas!). À travers le prisme d’une vie que la violence mafieuse a irrémédiablement bouleversée, il nous livre un entretien inédit, porté par une voix aussi vigoureuse qu’inspirée.
Cet entretien a été mené et traduit de l’italien par Anna Rizzello, qui fera la connaissance de Roberto Scarpinato à l’occasion d’une conférence donnée pour l’édition Citéphilo 2008, à Lille. Elle y sera son interprète. Depuis, les rencontres se succèdent, tissant une relation de confiance et d’estime mutuelles.
Letizia Battaglia est l’auteure de la photographie de couverture. En guise de conclusion à cet ouvrage, elle nous restitue l’histoire de ce portrait saisissant.
Contre les réformes libérales et le pizzino à la dynamite : le référundum
Au mois de mars 2011, à Bivona dans la province d’Agrigento, au cours d’une conférence sur la légalité, le magistrat antimafia Salvatore Vella (en photo à gauche) retourne à sa place aprés une petit pause ; un petit pizzino l’attend dans son agenda : « il y a une bombe sous la voiture« . Pas de témoin…
Alors que M. Berlusconi accuse les magistrats de faire une « guerre civile, » d’être « antropologiquement » différent des autres êtres humains, les magistrats reçoivent quotidiennement des menaces. Alors que le gouvernement n’a cessé de réduire leur escorte (de policiers pas de professionnelles) et tente de réduire l’indépendance des magistrats par des réformes dites « libérales », les magistrats italiens ne cessent de réduire le pouvoir mafieux (cf.Pourquoi la mafia perdure en dépit de l’opiniâtreté des magistrats?)
Heureusement, les Italiens ont voté massivement pour la fin de l’impunité du président du Conseil (cf. Le lien organique du président du Conseil avec les organisations mafieuses) au référendum de la pentcôte.
Présences mafieuses en France
Le 25 mars dernier, le tribunal de Toulon a jugé plusieurs camorristes pour détention d’armes (découverts enterrées dans un jardin de La Seyne-sur-Mer) et de trafic de véhicules en bande organisée entre Toulon et l’Italie. Le chef serait un Italien de 30 ans, condamné à 8 ans de prison et sous le coup d’un mandat d’arrêt européen de la part de l’Italie pour association mafieuse, détention d’armes et extorsion qui agissait au sein d’un réseau de complicité (compagnes, parents… eux aussi condamnés). Un membre du clan Sena de la Camorra doit encore être jugé alors qu’il est incarcéré à Naples où il purge une perpétuité.
Le 09 juin, la police italienne en collaboration avec la PJ de Nice a arrêté un français d’origine italienne résident à Vallauris (Côte d’azur mon amour). En 2010, un mandat d’arrêt international avait été délivré à l’encontre de compare condamné à 10 ans de prison (Nice Matin)
Enfin, le 10 juin, la police a arrêté en France (Le Progrès), un homme complice des ‘ndrines calabraises dans le cadre de l’opération « Crimine » version Piémont : 180 mises en examen. Il semble être un digne représentant de la bourgeoisie mafieuse.
Cf. Infiltrations mafieuses en France
Cf. Arrêté grâce aux écoutes… il se cachait à Marseille
Cf. Joint venture grand-banditisme français-Camorra
Cf. La Camorra à Paris : quand le boss roulait en Lamborghini sur les Champs
Cf. Arrestation de mafieux en France, rien de plus…
« Crimine » version Piémont : 180 mises en examen
Juillet 2009, un mafieux écouté par la police : « Pourquoi pas à Turin?… ils l’ont bien en Lombardie et en Ligurie, non? Nous sommes 9 « locali« . Réponse du compare : « c’est une chose qu’on doit faire » à propos de la commission provinciale
Après l’opération Crimine de juillet 2010 avec 300 arrestations, c’est au tour du Piémont de se réveiller avec l’information selon laquelle la mafia calabraise a colonisé le territoire.
Grâce à deux collaborateurs de justice (cf. le choix de vivre), l’état de droit a mis fin à l’activité d’une centaine de compare (mafieux calabrais) qui s’adonnaient à l’extorsion, à l’organisation de jeux de hasard et au trafic de drogue.
L’enquête révèle que dans la province de Turin, il y aurait 9 « locali » (circonscription mafieuse équivalent du mandamento en Sicile) avec une cinquantaine de soldat chacun. Il y aurait aussi un groupe « Crimine » chargé des actions violentes et une « batarde » c’est à dire une ‘ndrine (famille mafieuse calabraise) « détachée » et non autorisée. L’organisation est une vraie priorité chez les mafieux comme en témoigne les écoutes judiciaires. Les mafieux se demandent pourquoi dans la province de Turin, il n’y pas « a provincia« , une commission comme il est existe à Reggio, à Milan et à Gênes (cf. Bourgeoisie mafieuse dans le Nord) et qui permet d’aplanir les conflits entre « locali ». Cette chambre de compensation permettrait de gagner en autonomie vis à vis de la Calabre (cf. 4. Organisation mafieuse : « j’appelle la Province »). Tout transnational qu’il est, le phénomène mafieux est fondé sur le contrôle du territoire (cf. ‘Ndrines, armes et contrôle du territoire). Avec la ‘Ndrangheta tout se décide en Calabre, come à Duisburg (cf. De San Luca à Duisburg, la faida et la ‘Ndrangheta) où les ordres sont partis de San Luca. Et gare à celui tente de s’affranchir de la maison mère : l’assassinat d’un capo-bastone à Milan.
La justice a saisi 70 millions d’avoirs dont 20 000 euros en liquide à Modène. Bien que pas mis en exemen, 7 hommes politiques dont deux conseillers régionaux sont cités dans les actes de procèdure pour être en contact avec les mafieux arrêtés.