36 ans après l’attentat de Bologne
Hivers 1985, l’Italie est sous la neige comme l’ensemble de l’Europe. Au cours d’un voyage scolaire à Venise et en transit à la gare de Bologne, (en fait cela doit être en 1987 pour nous rendre à Ancône… car sinon le transit à Bologne s’explique mal…) je remarque une horloge un peu « décalée » par rapport à un bâtiment moderne et dont l’heure reste figée. A mes demandes d’explication, mon professeur d’Italien me parle de l’attentat le plus meurtrier de l’après guerre.
Dédicace à tous les profs qui emmènent leurs élèves en voyage donc :
ll est 10h 25 en ce matin du 2 août 1980 lorsqu’une bombe explose dans la salle d’attente de la gare de Bologne ; explosion qui fait 85 morts et 200 blessés. L’attentat de Bologne serait le fait d’une association subversive composée de milieux d’affaire, de l’extrême droite, de services de renseignement détournés (des services vraiment secrets… cf.Les services de renseignement italien et les mafias), de franc-maçonnerie clandestine qui n’en avait que le nom (la loge P2) et de groupes criminels (la bande della Magliana et acteurs mafieux).
Récemment, le film Romanzo Criminale a consacré une scène à cette évènement. Dans cette vidéo, on notera que le poseur de bombe est assassiné dans la foulée… à la minute 2.22 🙂
PS : deux officiers des services de renseignements ont été condamnés par la justice italienne pour avoir corrompu l’enquête. Combien de pays arrive à condamner des agents de ce type?
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Malheureusement ici en Italie le 2 aout fut encore et une nouvelle fois une de ces nombreuses journées qui qu lieu d’etre dédiées à la mémoire nationale fut dédiée à un ensemble de discours et de polémiques sans signification profonde. En mémoire aux victimes de la strage di Bologna, strage di Stato et en mémoire de toutes celles et ceux qui furent victimes des rapports entre services secrets, mafias et institutions. Plus de 20 ans après ces dures années la situation n’a pourtant pas beaucoup évoluée…alors qu’un témoin d’excellence se livrait à faire le jour sur ces relations entre l’Etat, les services secrets et la mafia, une fois de plus la vérité peine à trouver sa place. Massimo Ciancimino, fils de Vito Ciancimino, annonce qu’il met à la collaboration avec la justice ainsi qu’à ses interventions en public, suite aux menaces destinées à son fils de 5 ans. Une véritable guerre entre l’Etat juste et l’Etat criminel.
C’est un lieu de « pélerinage » obligatoire pour moi, chaque fois que je suis à Bologne, je vais à la gare et je regarde: l’horloge,la plaque comémorative ou l’étrange archéologie du malheur italien qui « protége » du temps qui passe les dégats causés par la bombe du 2 Aout 1980 dans la salle d’attente.
C’est décidément un drôle de pays l’Italie. Certains le baptisérent pendant les années de plomb » le laboratoire de l’Europe « . Je ne sais pas. J’éspére que non. Les sociétés civiles sans états stables, sans véritable puissance publique, sans culture institutionnelle sont vouées à l’échec.
L’Italie du nord a beau être aussi riche que la Baviére, elle a bel et bien échoué. A ce jour elle est sécessioniste, populiste et acculturée.
L’année derniére la comémoration de l’attentat de la gare de Bologne fut particuliére et ce, pour deux points particuliers:
– Ce fut la comémaration des 30 ans
– Le 3 Aôut 2010 Valério Fioravanti fut mis en liberté conditionnelle.
Drôle de pays et drôle de mécanique symbolique.
J’aime ce pays.Je l’aime du Nord au Sud, mais aujourd’hui je n’y suis plus chez moi.L’impossibilité du deuil des années sombres à rendu l’Italie sans mémoire collective.
« Bisogna voltare pagina, ci si ripete. Prima di voltare pagina, pero, bisogna leggerla » Predrag Matvejevic (Pris dans le préambule du livre de Paolo Cucchiarelli » Il segreto di Piazza Fontana »)