Rita Gigante : la fille du « oddfather »
Rita Gigante est la fille du célèbre parrain, Vincent « The Chin » Gigante, « Parrain » officiel de la famille Genovese (cf. La Cosa aux Etats-Unis). Son règne dura plus de 24 ans, de 1981 à 2005. Pendant cette longue période, le boss de la famille Genovese inventa un stratagème pour éviter toutes poursuites pénales. Il commença à jouer la comédie en 1969, Vincent Gigante risquait une lourde peine de prison pour corruption et il l’évita en feignant la maladie mentale. Les différents psychiatres du gouvernement étaient tous d’accord pour dire que Vincent Gigante était « schizophréne« , qu’il était atteint de « démence », de « psychose« , et d’autres troubles d’ordre psychiatrique. Même quand il n’était pas inculpé, Vincent Gigante préparait ses futurs mise en accusation. Surveillé en permanence par le FBI, il sortait de chez lui et déambulait dans les rues de New-York. Il était habillé en peignoir et d’un pyjama accompagné par ses gardes du corps pour arriver jusqu’à son club social le « Triangle Civic Improvement Association ». Pendant ses réunions, il parlait toujours à voix basse et il avait ordonné aux membres de la famille Genovese de ne jamais prononcer son nom mais seulement de toucher leur menton pour parler de lui. Il utilisa aussi plusieurs fois sa famille (sa mère, sa femme et ses enfants) dans ses différentes sorties.
Sa fille Rita Gigante décida de raconter sa vie au quotidien avec son père, parrain d’une famille de la Cosa Nostra (cf. La Cosa Nostra se porte bien)la plus puissante des États-Unis. Elle écrivit un livre à succès (The Godfather’s Daughter: An Unlikely Story of Love, Healing, and Redemption) et expliqua comment son père feignait sa maladie mentale. « Mon père était un brillant acteur. Et par la force des choses, je fut entrainé dans son univers« . Dans son livre, elle raconta une scène qui s’était déroulé en Septembre 1983. A cette époque, son père logeait dans un petit appartement si sombre qu’elle appelait « le donjon« . Assis sur le canapé dans son salon, Vincent Gigante lui demanda : « Rita, viens marcher avec moi« . « Je savais qu’il voulait que je fasse une promenade avec lui dans le parc. Quand mon père me demandait de marcher avec lui, cela signifiait qu’il voulait aller dans son club social pour parler affaires et surtout pour se montrer devant le FBI« . Avant de partir, il se changeait, retirait son pantalon et sa chemise pour enfiler un vieux peignoir en velours noir qu’il avait gagnait dans un casino à Las Vegas. Il n’oubliait pas non plus de se décoiffer et d’enfiler un vieux béret. La scène était presque surnaturelle, dans les rues de New-York, Vincent Gigante le boss de la famille Genovese se promenait en peignoir de bain aux bras de sa fille. « Une fois dehors, il commençait à traîner des pieds et à tituber. Mon père avait en quelques secondes changé de comportement. Devant moi, mon père qui était si puissant, était devenu un vieillard sénile, il était devenu fragile« . Elle continuait à raconter les détails de sa promenade : « Alors qu’on était en train de marcher, il n’arrivait plus à se tenir debout et il était sur le point de tomber. C’est alors que je devais lui tenir le bras pour faire semblant de le rattraper« . Par moment, il commençait à marmonner un charabia incompréhensible. Vincent Gigante pensait qu’il était enregistré et filmé en permanence par le FBI. Lors de cette sortie, il s’arrêta devant un parcmètre et commença à lui parler. « Nous allons faire une promenade, tu veux venir avec nous parcmètre?« .
En 1990, Vincent Gigante fut accusé par le gouvernement de racket et d’assassinat mais il fallut attendre 1997 avant qu’il ne soit jugé. Pendant cette période, les différents avocats de Vincent Gigante appelèrent plusieurs témoins pour démontrer que leur client était « fou » et « inapte« à être jugé. Mais dans les années 1990, de nombreux membres de La Cosa Nostra avaient décidé de collaborer avec la justice. La plupart avait démontré que Vincent « The Chin » Gigante était totalement sein d’esprit et qu’il contrôlait d’une main de fer la famille Genovese. L’un des mafieux à avoir révélé cette supercherie fut Salvatore Gravano l’ancien underboss de la famille Gambino. Dans son livre « Le Repenti » de Peter Maas, Salvatore Gravano avait assisté à une réunion officielle de la « Commission ». Il raconta : « Vincent Gigante était arrivé en peignoir et en pyjama avec une barbe de 4 à 5 jours. Il avait l’air vraiment crado« . Pendant cette réunion, John Gotti avait prétexté que la famille Genovese n’avait plus initié de membres depuis très longtemps. Vincent Gigante lui répondit calmement « Le moment venu, je procéderai aux changements nécessaires dans ma famille. Je te remercie de te soucier de nous, mais je le ferai quand je serai prêt« . Pour Salvatore Gravano, Vincent « The Chin » Gigante avait bien toute sa tête et la comédie qu’il jouait auprès du FBI marchait parfaitement. En effet, lors du procès de la « Commission » intenté par Rudolph Giuliani, ancien procureur fédéral et futur maire de New-York contre les Boss des cinq familles de La Cosa-Nostra en 1985, Vincent Gigante n’avait pas été inculpé. Ce fût son « underboss » Anthony « Fat Tony » Salerno qui le fut à sa place. Vincent Gigante jouait tellement bien la comédie, que le FBI pensait qu’Anthony « Fat Tony » Salerno était le Boss de la famille Genovese, mais il se trompait.
En 1997, Salvatore Gravano qui était toujours dans le programme de protection des témoins, scella le sort de Vincent Gigante lors de son procès. Son témoignage fut confirmé par Alphonse « Little Al’ D’Arco, l’ancien « acting boss » de la famille Lucchese et par l’ancien underboss de la famille de Philadelphie, Phil Leonetti. Finalement le jury le déclara coupable de racket et le condamna à 12 ans de prison dans un pénitencier fédéral. En 2002, alors qu’il était emprisonné, il fût de nouveau condamné pour racket et obstruction à la justice, après avoir avoué avoir mentit pendant plusieurs années à la justice sur son état mental. En 2005, sa santé commença à décliner et il mourra dans un hôpital fédéral à Springfield dans le Missouri, il avait 77 ans.
Depuis la mort de son père, Rita Giganta avoua publiquement son homosexualité (cf. Mafias et différences) et admit même que son père lui avait donné son consentement de l’au-delà ». Rita Gigante exerce le métier de « guérisseuse » et prétend être contact avec les « morts » dont son père. « Il va bien et il aime ma fiancée (Bobbi Sterchele)« . Rita Gigante confia qu’elle avait jamais parlé ouvertement de son homosexualité avec son père quand il était encore vivant, mais qu’au fond de lui « il avait compris« . « Mon père était quelqu’un de très intelligent, j’ai toujours pensé qu’il aurait pu être PDG d’une grande entreprise« . Rita Gigante à même prévu de se marier et de fêter son mariage avec toute sa famille. « Ma famille est aux anges, elle voit comment je suis heureuse et c’est le principal« .
Par Xavier Blondel + A.S (wiseguy.overblog.com / www.facebook.com/wiseguyblog)
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