En Italie, il est interdit de « cultiver son jardin »
Le 8 avril 2008, les sections pénales de la Cour de cassation se sont réunies en assemblée plénière. Elles ont débouté la requête d’un citoyen qui souhaitait cultiver du cannabis à domicile à des fins d‘usage personnel. Tout commence en 2003, un jeune homme de Vigevano à côté de Pavia est condamné à quatre mois de prison et mille euros d’amendes pour avoir cultivé du cannabis chez lui. Depuis, la procédure judiciaire était arrivé en cassation.
Le collège de magistrats a décidé donc d’appliquer la ligne prohibitionniste. « Constitue une conduite pénalement majeure toute activité de culture non autorisée de plantes à partir desquelles il est possible d’extraire des substances stupéfiantes même dans le cas où le produit recueilli serait à usage personnel ». La Cour suprême a donc statué sur un sujet controversé. Si la loi italienne est claire sur les problèmes de consommation, elle ne l’était pas sur la production
[1]
Cependant, dans cette affaire, le procureur de la République était lui aussi favorable à la dépénalisation de la culture à des fins personnelles ! En effet, en Italie, la drogue coule à flot et les politiques prohibitionnistes sont vouées à l’échec.
Il reste à inventer une autre politique sanitaire pas seulement en matière thérapeutique (cf. Le cannabis thérapeutique contre la criminalité organisée en Italie). Cette politique ne peut être basée que sur une forme décomplexée de régulation. Cela signifie qu’il faut accepter qu’il y ait toujours de la consommation…
PS : Ci-dessus, la gravure de Moreau le Jeune (1787) illustre Candide l’oeuvre de Voltaire. Dans ce conte philosophique, le protagoniste trouve le bonheur sur terre en faisant fi de la morale divine. Plutôt que de s’occuper des choses méthaphysiques, il faut mieux « cultiver son jardin« . Nous ne vivons pas dans le meilleur des mondes. La drogue existe malgré la prohibition : et si la puissance publique régulait?.
[1]Depuis le référendum de 1993, l’Italie vivait sous un régime de dépénalisation des drogues dites « légères ». La consommation des drogues « dures » était punie par des sanctions administratives. Puis, le gouvernement de centre-droit (2001-2006), avec la loi Fini-Giovannardi, a aboli la distinction entre drogues « légères » et drogues » « dures », pénalisant de facto la consommation du cannabis.